Savoir quelles substances actives contient un médicament,
être informé sur sa valeur thérapeutique ajoutée,
bénéficier d'un programme d'usage compassionnel lorsque
cela est vital, pouvoir déclarer un effet indésirable,
participer à la transparence des agences en siégeant
au Conseil d'administration, ce sont là quelques-uns des besoins
exprimés par les patients.
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Les médicaments sont utilisés et payés in
fine par les patients-citoyens-assurés sociaux.
La révision des Règlement et Directive européens
relatifs au médicament devrait être l'occasion de donner
la place qui leur revient aux patients et d'une manière plus
générale aux citoyens européens.
Une information permettant le meilleur usage
possible des médicaments
L'époque est définitivement révolue où
médecins et pharmaciens parlaient latin et prescrivaient
des médicaments aux propriétés connues d'eux
seuls ("remèdes secrets"). Les patients ont aujourd'hui
le droit de savoir quelles décisions sont prises concernant
leur santé, de connaître les effets prévisibles
de leurs traitements.
Ce droit élémentaire passe notamment par une information
sur la composition complète des médicaments. La dénomination
commune internationale (DCI), leur nom scientifique, devrait être
systématiquement mentionnée sur les conditionnements
des médicaments et dans les publicités, et pas seulement
leur nom de marque.
Les patients ont aussi le droit de savoir si les médicaments
qu'ils utilisent sont effectivement les plus adaptés à
leur propre situation. Il est toujours étonnant d'apprendre
que beaucoup de nouveaux médicaments sont commercialisés
sans avoir été comparés aux médicaments
déjà disponibles les plus appropriés dans les
mêmes maladies.
Les autorités sanitaires doivent être en mesure de
fournir des informations sur la "valeur thérapeutique
ajoutée" des nouveaux médicaments, c'est-à-dire
des informations comparatives sur les médicaments, ou le
cas échéant sur l'absence de telles données
comparatives. Ces informations nécessitent la réalisation
d'essais cliniques appropriés. C'est cette information fiable
que demandent les patients, et pas une information à visée
promotionnelle émise par les firmes pharmaceutiques.
Représentation de la société
civile au Conseil d'administration des agences du médicament
Les agences du médicament, européenne et nationales,
prennent chaque jour des décisions qui engagent la santé
des patients : évaluation des nouveaux médicaments
et autorisations de mise sur le marché ; suivi des effets
indésirables et retraits du marché, pour de raisons
de sécurité, des médicaments déjà
commercialisés ; production d'informations pour les professionnels
de santé et les patients ; etc.
Compte tenu du fait que les médicaments représentent
des enjeux économiques considérables, il est indispensable
que les décisions prises par les agences le soient en toute
transparence. Cette transparence doit être précisément
définie dans la loi. Mais elle doit prévaloir aussi
dans le fonctionnement réel des agences, au jour le jour.
La présence de la société civile au Conseil
d'administration des agences est nécessaire pour rappeler
à tout moment à ces institutions quelles sont leurs
missions d'intérêt public.
Les patients, les professionnels de santé et les systèmes
de protection sociale doivent ainsi être représentés
dans ces conseils d'administration.
Un usage compassionnel pour des malades en
impasse thérapeutique
Lorsque leur vie est menacée, les patients en impasse thérapeutique,
pour lesquels il n'y a plus aucun traitement habituel efficace,
doivent pouvoir avoir accès à des médicaments
prometteurs dans cette indication mais n'ayant pas encore obtenu
leur autorisation de mise sur le marché. Ce principe est
volontiers reconnu, mais il ne deviendra réalité que
si les autorités nationales sont tenues de mettre en place
des programmes d'usage compassionnel chaque fois que nécessaire.
Il s'agit donc de mettre en place les procédures de demande
d'ouverture d'un tel programme, à la demande de professionnels
ou d'associations de malades, et de prévoir les financements
nécessaires.
Une notification directe des effets indésirables
Les médecins et pharmaciens peuvent notifier au système
de pharmacovigilance national les effets indésirables qu'ils
constatent, notamment les effets indésirables qui concernent
des médicaments nouveaux, ou ceux qui sont méconnus.
Ce système n'est cependant pas optimal parce que les professionnels
de santé n'ont pas tous la même motivation pour cette
activité, et parce qu'ils ne donnent pas forcément
la même importance aux différents effets indésirables
que les patients eux-mêmes. Il est donc nécessaire
de permettre aux patients, en cas de besoin, de notifier directement
les effets indésirables au système public de pharmacovigilance.
Ils pourraient le faire à partir d'un document disponible
dans les cabinets médicaux et les officines.
Le rôle des patients dans le bon fonctionnement des systèmes
de soins est aujourd'hui reconnu. Mais la réglementation
européenne du médicament, en cours de révision,
leur fait encore trop peu de place. Les patients ont des demandes
précises auxquelles il est temps de prêter attention.
©Le Collectif Europe et Médicament
1er décembre 2003
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