La crise de goutte se manifeste par une inflammation articulaire aiguë
qui touche en général une seule articulation, le gros orteil. Cette
articulation devient rapidement très douloureuse, chaude, rouge, gonflée
et peu mobilisable, en réaction à une cristallisation d'acide urique
dans l'articulation. Non traitée, la crise de goutte cède en 3 jours
à 10 jours. Glace Un seul essai a
comparé l'application locale de glace durant 30 mn 4 fois par jour sur
l'articulation douloureuse. La douleur a été nettement moins intense
avec l'application de glace. Le niveau de preuves est modeste. Anti-inflammatoires
non stéroïdiens : tous efficaces sur la douleur
L'aspirine et les dérivés salicylés augmentent le taux d'acide
urique en diminuant son excrétion rénale et sont donc malvenus dans
la crise de goutte. Un seul essai, chez 30 patients ayant une crise de goutte,
a comparé versus placebo un anti-inflammatoire non stéroïdien
(AINS). Une réduction de la douleur initiale d'au moins la moitié
a été obtenue en 48 heures chez un patient sur trois. Sept essais
randomisés ont comparé divers AINS entre eux (étodolac, étoricoxib,
flurbiprofène, indométacine, kétoprofène, naproxène)
sans mettre en évidence de différences d'efficacité. Mieux
vaut préférer l'ibuprofène qui, à doses modérées,
cause moins de troubles digestifs et cardiovasculaires. Colchicine :
des effets indésirables quasi constants, parfois graves Nous
n'avons pas recensé d'essai randomisé colchicine versus AINS. Un
seul essai a comparé la colchicine orale versus placebo chez 43 patients.
Après 48 heures, une diminution de la douleur initiale d'au moins la moitié
a été observée plus souvent sous colchicine. Tous les patients
sous colchicine ont eu soit des diarrhées, soit des vomissements, soit
les deux. Pour 20 patients sur 22, l'apparition des effets indésirables
a précédé l'effet antalgique. On sait par ailleurs que la
colchicine expose à des atteintes hématologiques parfois mortelles,
y compris à dose thérapeutique et y compris en France. Corticoïdes :
pas d'essai comparatif Des corticoïdes par voie générale
ont été utilisés chez des patients pour lesquels les AINS
et la colchicine étaient contre-indiqués. Les résultats ont,
semble-t-il, été favorables. Un essai comparatif en double aveugle
chez 90 patients n'a pas mis en évidence de différence d'effet antalgique
entre la prednisolone et l'indométacine par voie orale, le plus souvent
associés au paracétamol. En pratique
Quand les effets antalgiques de l'application de glace et du paracétamol
sont insuffisants, mieux vaut proposer un AINS aux effets indésirables
bien connus, l'ibuprofène. Quand l'AINS est insuffisant, mal supporté,
ou paraît trop dangereux, les alternatives à envisager sont colchicine
ou corticoïde. Et mieux vaut informer les patients souffrant de la goutte
du peu d'évaluation des traitements de la crise de goutte, des bénéfices
modestes attendus et de leurs effets indésirables bien connus. Il y a de
quoi les motiver à mieux respecter le régime. ©La
revue Prescrire 15 novembre 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) :
848-849. |