L'hypertrichose correspond
à un développement excessif de poils (généralement
sous forme de duvet) dans des zones cutanées non androgénodépendantes.
Les hypertrichoses diffuses sont le plus souvent héréditaires ou
induites par des médicaments (notamment phénytoïne, minoxidil
et ciclosporine).
Chez
les femmes, l'hirsutisme correspond au développement de poils terminaux
dans des zones androgénodépendantes (lèvre supérieure,
menton, poitrine, ligne ombilicopubienne, fesses, face antérieure des cuisses,
etc.). L'évaluation clinique de l'hirsutisme est subjective. Un score clinique
semi-quantitatif (dit de Ferriman et Gallwey) sert généralement
de guide pour quantifier l'hirsutisme.
La
prévalence de l'hirsutisme varie de 5 % à 15 % selon les
populations étudiées et les critères utilisés.
L'examen
clinique oriente le plus souvent le diagnostic étiologique, sans recours
systématique aux dosages hormonaux. Le mode évolutif, la recherche
de troubles des règles et de virilisme sont des clés diagnostiques.
Trois causes d'hirsutisme
sont fréquentes : le syndrome des ovaires polykystiques, l'hirsutisme idiopathique,
et l'hirsutisme dû à des médicaments. Les tumeurs virilisantes
(ovariennes ou surrénaliennes) sont des causes rares mais graves.
Les
traitements non médicamenteux de la pilosité féminine excessive
(rasage, épilation, laser et autres) n'ont pas été évalués
de manière comparative. Leurs effets indésirables et leurs coûts
respectifs, ainsi que le temps de latence avant la repousse des poils, conditionnent
leur choix.
En France,
hormis les spécialités à base d'acétate de cyprotérone
(en comprimé) et d'éflornithine (en crème dermique), de nombreux
médicaments sont employés par voie orale dans le traitement de l'hirsutisme,
sans autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication. Pour
la plupart, leur dossier d'évaluation est indigent.
Dans
l'hirsutisme, la spironolactone et l'acétate de cyprotérone, par
voie orale, sont les médicaments les plus efficaces, selon des essais comparatifs
de petite taille. Leur effet est suspensif mais non curatif.
Il
n'est pas démontré que l'éflornithine en crème dermique
à 11,5 % soit plus efficace que les autres thérapeutiques "locales".
Ses effets indésirables sont fréquents et variés : acnés,
pseudofolliculites, érythèmes, etc.
Le
traitement de la pilosité féminine excessive symptomatique d'une
affection est d'abord celui de la cause. Sinon, le mieux est de recourir en premier
lieu aux méthodes "locales" simples. En cas d'échec ou
d'insatisfaction des patientes, le recours à la spironolactone semble cohérent.
©La revue Prescrire 1er février 2006 Rev Prescrire
2006 ; 26 (269) : 116-122 (29 références). |