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Journées françaises de pharmacovigilance 2004
 
Les vingt-cinquièmes journées françaises de pharmacovigilance se sont déroulées en avril 2004 à Strasbourg. Comme chaque année, c'est l'occasion pour les Centres régionaux français de pharmacovigilance de présenter leurs travaux, notamment à partir des observations qu'ils recueillent grâce aux notifications des professionnels de santé.
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25e Journées françaises de pharmacovigilance

Rev Prescrire 2004 ; 24 (255) : 749-759.
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Coxibs : des nouveautés qui ne tiennent pas leurs promesses
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Itinéraire mis à jour le 1er novembre 2004 (27 textes)
Chaque année, la revue Prescrire choisit des communications qui paraissent intéressantes pour la pratique, et constituent autant de retours d'information encourageant les notifications. Voici deux communications concernant des anti-inflammatoires non stéroïdiens de la classe des "coxibs".

Coxib + antivitamine K : gare à l'interaction
(Saint-Étienne)
Les coxibs exposent aux mêmes risques hémorragiques que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) classiques en cas d'association avec les antivitamine K : hémorragies, érosions digestives susceptibles de saigner et augmentation de l'INR (International Normalized Ratio).

Le Centre régional de pharmacovigilance de St Étienne a rapporté les observations recensées dans la banque française de données de pharmacovigilance depuis le début de la commercialisation des coxibs jusqu'à fin 2003. Il s'est agi de 17 observations d'accident hémorragique (avec INR ou TP (taux de prothrombine) dans la zone thérapeutique ou sans bilan de coagulation) ou d'anomalie du bilan de coagulation (augmentation de l'INR ou diminution du TP). Les observations se répartissent en 7 hommes et 10 femmes, d'un âge moyen de 68 ans, traités par le rofécoxib dans 9 cas, et le célécoxib dans 8 cas.
L'antivitamine K était la fluindione (9 cas), l'acénocoumarol (6 cas), la warfarine (1 cas) ou la phénindione (1 cas).
Le délai de survenue après le début du traitement par coxib a été de 2 jours à 45 jours (inconnu dans 3 cas). L'INR était augmenté dans 13 cas : 3 fois entre 3,5 et 4 ; 1 fois entre 4 et 5 ; 6 fois entre 5 et 10 ; 3 fois supérieur à 10. Dans 3 cas le TP était entre 10 % et 20% et inférieur à 10 % dans 1 cas. Dans 8 cas, il est précisé que le TP et l'INR étaient correctement équilibrés avant l'épisode. Dans 13 cas, une hémorragie est survenue. Deux patients sont décédés. Dans les autres cas, quand l'évolution est connue, le patient a guéri.

En pratique, comme pour tout AINS, l'association coxib + antivitamine K expose à un risque hémorragique accru, qui n'est pas toujours prévisible sur la surveillance de l'INR ou du TP. L'intérêt des patients est de ne pas associer ces médicaments.

Hypertension artérielle sous coxib
(Toulouse, Andalousie)
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) entraînent une augmentation de la pression artérielle et diminuent l'efficacité des médicaments antihypertenseurs.

Le Centre régional de pharmacovigilance de Toulouse et le Centre de pharmacovigilance d'Andalousie en Espagne ont recensé les observations d'hypertension artérielle attribuées aux coxibs enregistrées dans les banques de données de pharmacovigilance française et espagnole de janvier 2000 à novembre 2003. 119 observations d'hypertension artérielle sous célécoxib ou rofécoxib ont été notifiées en Espagne et 34 en France. La plupart (60 %) sont survenues pendant les 15 premiers jours de traitement.

Parmi les 119 cas d'hypertension artérielle sous coxib notifiés en Espagne, 47% étaient accompagnés d'autres symptômes cliniques : œdèmes (38 %), nausées et/ou vertiges (25 %), céphalées (18 %), troubles du rythme cardiaque (14 %), douleurs thoraciques ou précordiales (7 %). 20 % des cas français ont été considérés graves. Parmi les 119 cas espagnols d'hypertension artérielle, 6 % ont nécessité une hospitalisation, 6 % une consultation en service d'urgence, 38 % une consultation extrahospitalière.
En Espagne, dans 5 % des observations, une réapparition d'une hypertension artérielle lors d'une réintroduction ultérieure d'un coxib est signalée. En France, un patient sur deux avait une hypertension artérielle connue et traitée.

La prise de la pression artérielle fait partie de la surveillance des effets indésirables des coxibs comme pour les autres AINS, que le patient soit hypertendu ou non.

Les autres communications retenues par la revue Prescrire

• Les effets indésirables cutanés de la lamotrigine
Des facteurs de risque identifiés (Montpellier)
• Avec du recul : oxcarbazépine
Des effets indésirables cutanés aussi (Montpellier)
• Effets indésirables extrapyramidaux du véralipride
Neuroleptique "caché" dans le traitement des bouffées de chaleur de la ménopause (Amiens)
• Conditionnement de médicament mal conçu
Des blisters non unitaires source de confusion aux conséquences graves (Toulouse)
• Hypoglycémies sous tramadol
Comme avec le dextropropoxyphène, un autre opiacé faible (Montpellier)
• Tuberculoses extrapulmonaires sous infliximab
Bilan avant mise sous traitement et surveillance prolongée après la fin du traitement (Nice)
• Temps consacré aux effets indésirables des médicaments
Une minime fraction des visites hospitalières (Toulouse)
• Oxytocine et allongement de l'intervalle QT ?
Un possible effet arythmogène à pendre en compte (Hôpital Beaujon)
• Mifépristone et grossesse
Des données limitées mais plutôt rassurantes sur l'issue des grossesses poursuivies après une exposition à la mifépristone (Lyon)
• Implant contraceptif à base d'étonogestrel
Des grossesses inattendues, des interactions médicamenteuses et des difficultés lors de la pose et du retrait (Tours)
• Pilosuryl et intoxication grave à un éther de glycol
Un excipient à l'origine de coma et d'insuffisance rénale terminale (Lyon)
• Phytothérapie
Les cas de colite à Ruscus aculeatus ne sont pas exceptionnels (Besançon)
• Insuffisance rénale aiguë associée à l'acide zolédronique
Surveiller la clairance à la créatinine (Amiens
• Suivi des campagnes de vaccination contre la méningite C dans 3 régions françaises
Des encouragements à la notification (Clermont-Ferrand, Toulouse, Bordeaux)
• Tendinopathies aux fluoroquinolones
Des séquelles dans 1 cas sur 5 dans une série française (Saint Étienne)
• Buflomédil
Adapter la dose à la clairance de la créatinine (Angers)
Dépendance au furosémide
• Les pharmacodépendances ne concernent pas que les psychotropes (CEIP de Marseille)

©La revue Prescrire 1er novembre 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (255) : 749-759.