Journées françaises de pharmacovigilance 2004 |
|
|
|
Les vingt-cinquièmes journées françaises
de pharmacovigilance se sont déroulées en avril 2004
à Strasbourg. Comme chaque année, c'est l'occasion pour
les Centres régionaux français de pharmacovigilance
de présenter leurs travaux, notamment à partir des observations
qu'ils recueillent grâce aux notifications des professionnels
de santé. |
|
|
Chaque année, la revue Prescrire choisit des communications
qui paraissent intéressantes pour la pratique, et constituent
autant de retours d'information encourageant les notifications. Voici
deux communications concernant des anti-inflammatoires non stéroïdiens
de la classe des "coxibs".
Coxib + antivitamine K : gare à l'interaction
(Saint-Étienne)
Les coxibs exposent aux mêmes risques hémorragiques que
les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) classiques
en cas d'association avec les antivitamine K : hémorragies,
érosions digestives susceptibles de saigner et augmentation
de l'INR (International Normalized Ratio).
Le Centre régional de pharmacovigilance de St Étienne
a rapporté les observations recensées dans la banque
française de données de pharmacovigilance depuis le
début de la commercialisation des coxibs jusqu'à fin
2003. Il s'est agi de 17 observations d'accident hémorragique
(avec INR ou TP (taux de prothrombine) dans la zone thérapeutique
ou sans bilan de coagulation) ou d'anomalie du bilan de coagulation
(augmentation de l'INR ou diminution du TP). Les observations se répartissent
en 7 hommes et 10 femmes, d'un âge moyen de 68 ans, traités
par le rofécoxib dans 9 cas, et le célécoxib
dans 8 cas.
L'antivitamine K était la fluindione (9 cas), l'acénocoumarol
(6 cas), la warfarine (1 cas) ou la phénindione (1 cas).
Le délai de survenue après le début du traitement
par coxib a été de 2 jours à 45 jours (inconnu
dans 3 cas). L'INR était augmenté dans 13 cas : 3 fois
entre 3,5 et 4 ; 1 fois entre 4 et 5 ; 6 fois entre 5 et 10 ; 3 fois
supérieur à 10. Dans 3 cas le TP était entre
10 % et 20% et inférieur à 10 % dans 1 cas. Dans 8 cas,
il est précisé que le TP et l'INR étaient correctement
équilibrés avant l'épisode. Dans 13 cas, une
hémorragie est survenue. Deux patients sont décédés.
Dans les autres cas, quand l'évolution est connue, le patient
a guéri.
En pratique, comme pour tout AINS, l'association coxib + antivitamine
K expose à un risque hémorragique accru, qui n'est pas
toujours prévisible sur la surveillance de l'INR ou du TP.
L'intérêt des patients est de ne pas associer ces médicaments.
Hypertension artérielle sous coxib
(Toulouse, Andalousie)
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) entraînent
une augmentation de la pression artérielle et diminuent l'efficacité
des médicaments antihypertenseurs.
Le Centre régional de pharmacovigilance de Toulouse et le Centre
de pharmacovigilance d'Andalousie en Espagne ont recensé les
observations d'hypertension artérielle attribuées aux
coxibs enregistrées dans les banques de données de pharmacovigilance
française et espagnole de janvier 2000 à novembre 2003.
119 observations d'hypertension artérielle sous célécoxib
ou rofécoxib ont été notifiées en Espagne
et 34 en France. La plupart (60 %) sont survenues pendant les 15 premiers
jours de traitement.
Parmi les 119 cas d'hypertension artérielle sous coxib notifiés
en Espagne, 47% étaient accompagnés d'autres symptômes
cliniques : dèmes (38 %), nausées et/ou vertiges
(25 %), céphalées (18 %), troubles du rythme cardiaque
(14 %), douleurs thoraciques ou précordiales (7 %). 20 % des
cas français ont été considérés
graves. Parmi les 119 cas espagnols d'hypertension artérielle,
6 % ont nécessité une hospitalisation, 6 % une consultation
en service d'urgence, 38 % une consultation extrahospitalière.
En Espagne, dans 5 % des observations, une réapparition d'une
hypertension artérielle lors d'une réintroduction ultérieure
d'un coxib est signalée. En France, un patient sur deux avait
une hypertension artérielle connue et traitée.
La prise de la pression artérielle fait partie de la surveillance
des effets indésirables des coxibs comme pour les autres AINS,
que le patient soit hypertendu ou non.
Les autres communications retenues par la revue
Prescrire
Les effets indésirables cutanés de la lamotrigine
Des facteurs de risque identifiés (Montpellier)
Avec du recul : oxcarbazépine
Des effets indésirables cutanés aussi (Montpellier)
Effets indésirables extrapyramidaux du véralipride
Neuroleptique "caché" dans le traitement des bouffées
de chaleur de la ménopause (Amiens)
Conditionnement de médicament mal conçu
Des blisters non unitaires source de confusion aux conséquences
graves (Toulouse)
Hypoglycémies sous tramadol
Comme avec le dextropropoxyphène, un autre opiacé faible
(Montpellier)
Tuberculoses extrapulmonaires sous infliximab
Bilan avant mise sous traitement et surveillance prolongée
après la fin du traitement (Nice)
Temps consacré aux effets indésirables des médicaments
Une minime fraction des visites hospitalières (Toulouse)
Oxytocine et allongement de l'intervalle QT ?
Un possible effet arythmogène à pendre en compte (Hôpital
Beaujon)
Mifépristone et grossesse
Des données limitées mais plutôt rassurantes sur
l'issue des grossesses poursuivies après une exposition à
la mifépristone (Lyon)
Implant contraceptif à base d'étonogestrel
Des grossesses inattendues, des interactions médicamenteuses
et des difficultés lors de la pose et du retrait (Tours)
Pilosuryl et intoxication grave à un éther de
glycol
Un excipient à l'origine de coma et d'insuffisance rénale
terminale (Lyon)
Phytothérapie
Les cas de colite à Ruscus aculeatus ne sont pas exceptionnels
(Besançon)
Insuffisance rénale aiguë associée à
l'acide zolédronique
Surveiller la clairance à la créatinine (Amiens
Suivi des campagnes de vaccination contre la méningite
C dans 3 régions françaises
Des encouragements à la notification (Clermont-Ferrand, Toulouse,
Bordeaux)
Tendinopathies aux fluoroquinolones
Des séquelles dans 1 cas sur 5 dans une série française
(Saint Étienne)
Buflomédil
Adapter la dose à la clairance de la créatinine (Angers)
Dépendance au furosémide
Les pharmacodépendances ne concernent pas que les psychotropes
(CEIP de Marseille)
©La revue Prescrire 1er novembre 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (255) : 749-759.
|
|
|
|
|