En France, le Code de la santé publique prévoit que « Toute
personne a le droit d'être informée sur son état de santé »
et précise : « Cette information porte sur les différentes
investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés,
leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences,
les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils comportent
(...) » (1). Les autorités
sanitaires françaises éludent le débat En France,
à la suite de la synthèse publiée en 2006 dans Prescrire,
l'Institut national du cancer et l'Institut de veille sanitaire ont publié
un document commun, qui reconnaît la réalité des effets indésirables
du dépistage, et aborde le problème des diagnostics par excès
(2). Mais ces institutions ne retiennent que les données les plus optimistes,
avec baisse d'environ 35 % de la mortalité par cancer du sein chez les
femmes de 50 ans à 69 ans ; sans expliquer pourquoi tant d'essais
n'ont pas confirmé cette hypothèse. Il en est de même
dans des documents diffusés par les Centres de lutte contre le cancer,
la Ligue contre le cancer, le ministère de la Santé, l'Assurance
maladie, et certaines associations organisant ce dépistage (3à8).
Certains vont jusqu'à mettre en avant « 3 000 vies sauvées »,
alors qu'il ne s'agit pas de chiffres de mortalité totale (6,7,8).
Omission générale des inconvénients La
plupart des documents diffusés par ces institutions ne mentionnent aucun
des risques des mammographies de dépistage : faux positifs, augmentation
des interventions chirurgicales, diagnostics par excès. Les faux négatifs
sont également passés sous silence. En fait, beaucoup de
ces documents semblent purement promotionnels. En juillet 2007 le site
internet d'information sur le dépistage du cancer du sein mis en place
par les pouvoirs publics est tout aussi muet sur les incertitudes et les risques
potentiels de ce dépistage (a). Pourtant, la Haute autorité
de santé elle-même considère que l'information donnée
aux patients est destinée à « améliorer leur niveau
de connaissances (...) pour (...) les aider à choisir de participer à
un dépistage, à accepter ou refuser une investigation, un traitement,
un soin, le cas échéant parmi plusieurs options » (9). Pallier
les carences des institutions L'inertie des agences nationales françaises
est grande sur ce sujet ; elles apparaissent surtout soucieuses de justifier
les choix passés. Mais certains acteurs engagés dans les actions
de dépistage ont entamé une réflexion sur la qualité
de l'information des patientes (10). Sans attendre le réveil des institutions
nationales, c'est effectivement aux professionnels de santé d'informer
correctement les femmes de manière adéquate, honnête et équilibrée.
©La revue Prescrire 1er octobre 2007 Rev Prescrire
2007 ; 27 (288) : 758-762. _________
Notes a- Le site Internet « du dépistage organisé
du cancer du sein » (www.rendezvoussanteplus.net) est notamment promu
par le Ministère de la santé, l'Assurance maladie et la Ligue contre
le cancer. Il relaie une campagne nationale (affiches, brochures) « pour
tout savoir sur le dépistage du cancer du sein » (réf.
6). _________ Références 1-
Article L. 1111-2 du Code de la santé publique. Site www.legifrance.gouv.fr
consulté le 25 juin 2007 : 8 pages. 2- Institut national du cancer
et Institut de veille sanitaire "Dépistage du cancer du sein :
que peut-on dire aujourd'hui des bénéfices attendus ?"
Septembre 2006 : 9 pages. 3- Institut national du cancer "Sein (cancer) :
questions sur le dépistage" 25 mai 2007 : 3 pages. 4- Fédération
nationale des centres de lutte contre le cancer "Le cancer du sein".
Site www.fnclcc.fr consulté le 24 février 2007 : 6 pages.
5- La ligue contre le cancer "Le cancer du sein" non daté :
20 pages. Site www.ligue-cancer.net consulté le 24 février 2007.
6- "Le site du dépistage organisé du cancer du sein".
Site internet www.rendezvoussanteplus.net consulté le 1er juillet 2007 :
14 pages. 7- Ministère de la santé et de la solidarité,
Assurance maladie et Institut national du cancer "Dépistage organisé
du cancer du sein. Plus de 3 millions de femmes y ont déjà participé.
Et vous ?" brochure distribuée par l'Association de dépistage
gersois des cancers en 2007 : 4 pages. 8- L'Assurance maladie Midi-pyrénées
"Le médecin traitant au cœur du dépistage du cancer du
sein" En direct médecins 2007 ; (14) : 2. 9- Haute
autorité de santé "Élaboration d'un document écrit
d'information à l'intention des patients et des usagers du système
de santé" Mars 2005 : 44 pages. 10- Les médecins coordinateurs
des campagnes de dépistage en Ille et Vilaine "Courrier aux médecins
d'Ille et Vilaine et aux médecins coordinateurs de l'association Acorde
du 24 mai 2006" : 3 pages. |