La nouveauté
et l'originalité d'un médicament résident parfois dans une
forme pharmaceutique plus ou moins inusitée. Ainsi
les lyophilisats oraux à base d'extrait de pollen de phléole des
prés (Grazax°), dans le domaine de la désensibilisation, où
on est habitué à l'injectable ; les dispositifs transdermiques de
rotigotine (Neupro°), pour les patients parkinsoniens, surtout habitués
aux formes orales ; ou la poudre pour inhalation buccale de zanamivir (Relenza°),
un antiviral désormais autorisé chez les jeunes enfants. Mais il
ne faut pas s'arrêter aux apparences, ni faire pleine confiance aux autorisations
de mise sur le marché européennes, qu'elles soient "centralisées"
ou non. Sur le fond,
au-delà de l'aspect pratique, cet extrait de pollen a une efficacité
très modeste qui ne fait pas le poids devant la fréquence des effets
indésirables, dont la gravité est encore mal cernée. La rotigotine
est plutôt moins efficace que les antiparkinsoniens oraux auxquels elle
a été comparée, et les dispositifs transdermiques provoquent
un surcroît d'effets indésirables. Le zanamivir n'a toujours pas
d'intérêt décisif prouvé pour les patients qui ont
le plus à craindre de la grippe, et les dispositifs inhalateurs de poudre
comme ceux de Relenza° ne sont pas bien adaptés aux plus jeunes enfants. Bref,
une fois de plus, des firmes pharmaceutiques mettent en avant de simples gadgets
pour masquer les insuffisances de leurs médicaments en termes d'efficacité
ou d'effets indésirables ; et les agences du médicament laissent
faire, au lieu d'exiger des progrès réels utiles à la collectivité.
©La revue Prescrire 15 octobre 2007 Rev Prescrire
2007 ; 27 (287) : 724. |