Apprentis sorciers

La ménopause est une étape physiologique de la vie des femmes, mais elle est parfois accompagnée de symptômes gênants. À la fin du 20e siècle, constatant que ces manifestations coïncidaient avec la chute de la production d'estrogènes, il a paru séduisant de proposer la supplémentation en estrogènes. Des estrogènes ont ainsi été prescrits aux femmes autour de la ménopause, à large échelle et pendant des années, de façon imprudente.

En 2002, la publication des résultats d'un vaste essai comparatif randomisé versus placebo (essai dit WHI) a conduit les soignants et les autorités de santé à réaliser l'erreur qu'avait été cette large "distribution" d'hormones. Elles soulageaient certes certains symptômes, mais elles étaient la cause d'effets indésirables cardiovasculaires graves et de cancers. À tel point que l'arrêt de cette stratégie délétère, à large échelle, a été suivi d'une diminution notable de la fréquence des cancers du sein.

Une quinzaine d'années plus tard, une firme, avec l'autorisation de l'Agence européenne du médicament (EMA), met sur le marché une association estrogènes conjugués + bazédoxifène (Duavive° ; lire aussi "estrogènes équins + bazédoxifène (Duavive°) et ménopause") visant le marché des femmes ménopausées non hystérectomisées. Association au sein de laquelle le bazédoxifène est censé réduire certains effets indésirables des estrogènes.Une hypothèse non démontrée à ce jour, mais qui risque de séduire, au point de masquer l'absence d'évaluation des risques cardiovasculaires et de cancers du sein, pourtant prévisibles du fait de l'expérience passée. Il aura suffi de quinze ans pour se remettre à jouer aux apprentis sorciers. L'apprentissage par essai et erreur est un fondement du développement. Encore faut-il apprendre de ses erreurs.

Errare humanum est, perseverare diabolicum.

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