Absurde !

Connaître le mode d'action pharmacodynamique d'un médicament permet d'anticiper bon nombre de ses effets. Par exemple, en bloquant les récepteurs alpha-1 adrénergiques du système nerveux sympathique, la tamsulosine (Omix LP° ou autre) entraîne un relâchement des fibres musculaires lisses, notamment au niveau de la prostate, du col de la vessie et des vaisseaux sanguins. D'où des effets escomptés pour soulager les symptômes de l'hypertrophie bénigne de la prostate, mais aussi un risque d'effets indésirables cardiovasculaires tels qu'hypotensions artérielles et tachycardies.

On sait depuis longtemps que les médicaments atropiniques, en bloquant le système nerveux parasympathique au niveau de la vessie, exposent à des difficultés à uriner, voire à des rétentions urinaires. C'est pourquoi il n'est pas prudent de les utiliser chez les patients atteints de troubles prostatiques, eux-mêmes facteurs de rétentions urinaires. On sait aussi que les atropiniques exposent à des effets indésirables centraux auxquels les personnes âgées sont particulièrement sensibles.

Aussi est-il absurde qu'un médicament associant solifénacine (un atropinique) + tamsulosine (Vecalmys°) ait récemment été autorisé en France et dans d'autres pays européens pour le soulagement des symptômes liés à une hypertrophie bénigne de la prostate (lire aussi "solifénacine + tamsulosine (Vecalmys°) et hypertrophie bénigne de la prostate"). D'autant que les maigres données du seul essai clinique comparatif présenté à l'appui de l'autorisation de mise sur le marché ne montrent pas de gain d'efficacité clinique par rapport à la tamsulosine seule. Et que les résultats concernant les effets indésirables, rapportés durant seulement 12 semaines, ne peuvent pas rassurer face à la logique pharmacodynamique.

Tenir compte du mode d'action connu d'un médicament amène à l'écarter d'emblée chez certains patients, avant tout pour ne pas nuire. Autorisation de mise sur le marché ou non.

RAY1_Sign_Gaspard