Dans son numéro de septembre, la revue Prescrire revient sur l'histoire du diéthylstilbestrol (DES), un médicament utilisé en France pendant la grossesse de 1948 à 1981, et dont les dégâts se font ressentir aujourd'hui encore.
En 1946, des chercheurs publient aux États-Unis d'Amérique les résultats favorables qu'ils ont obtenus en administrant le DES à des femmes enceintes pour diminuer la fréquence de certaines complications de leurs grossesses. Dès 1947, des études ne confirment pas ces résultats ; une étude de 1953 montre au contraire un plus grand nombre de complications pendant la grossesse. Pourtant l'utilisation du DES continua à être recommandée par les universités et les autorités sanitaires.
En 1971, le lien est établi entre l'utilisation du DES pendant la grossesse et la survenue, chez les femmes issues de ces grossesses, de cancers du vagin (dans 1 cas sur 1 000 à 10 000). En 1977, il est démontré que le DES est responsable d'anomalies de l'utérus chez ces femmes. Le DES affecte aussi leur avenir obstétrical, ce qui nécessite un suivi gynécologique et obstétrical particulier.
Le DES devint contre-indiqué aux États-Unis en 1971, soit 6 ans plus tôt qu'en France. 160 000 personnes ont été exposées en France.
Pour la revue Prescrire, l'histoire du DES est toujours à enseigner pour réfléchir aux conséquences d'une évaluation insuffisante des médicaments avant commercialisation et d'un retard à prendre en compte les effets indésirables.

©Prescrire 1er septembre 2007

"Diéthylstilbestrol (DES) : des dommages trente ans plus tard" Rev Prescrire 2007 ; 27 (287) : 700-702. Télécharger (pdf, 117 Ko).