Certaines femmes enceintes sont malades. Et de nombreuses femmes enceintes sont, à un moment ou à un autre, gênées par des maux courants, spécifiques ou non, de la grossesse. Quand une femme enceinte, ou qui pourrait l'être, demande conseil à un professionnel de santé pour une affection courante, la décision de prendre ou non un médicament n'est pas banale : elle engage aussi l'enfant à naître.
Pour soigner sans nuire, plusieurs questions se posent : quelles sont les conséquences de l'affection pour la femme enceinte ou pour l'enfant à naître ? La grossesse peut-elle aggraver l'affection ? Des moyens non médicamenteux sont-ils utiles et suffisants ? Quand un médicament est envisagé, lequel est un choix raisonnable pour d'abord ne pas nuire ?
Pour certains médicaments, les risques sont connus ou probables. Mais pour la plupart, l'absence de risque particulier mis en évidence ne suffit pas à lever les incertitudes : l'absence de preuve de toxicité n'est pas une preuve de l'absence de toxicité.
Des désastres ont déjà été provoqués par des médicaments (thalidomide, diéthylstilbestrol (DES), etc.) avec des malformations ou autres conséquences qui n'ont été imputées à ces médicaments que plusieurs années après leur utilisation.
Chez une femme enceinte, l'utilisation des médicaments doit être encore plus prudente que chez les autres patientes. Une grille d'analyse est nécessaire afin d'estimer les risques, éviter les erreurs grossières, connaître les périodes sensibles. Afin d'éviter les paris hasardeux dans la prise d'un médicament, surtout pour de petits maux. Afin de choisir de manière réfléchie, pour soigner sans nuire, ni à la femme enceinte, ni à l'enfant à naître.
Le numéro spécial de Prescrire décrit la démarche et les principes de base guidant le choix d'un médicament en cas de grossesse, en évitant, autant que possible, d'exposer l'enfant à naître à des effets indésirables.
©Prescrire 1er août 2013
"Soigner, sans nuire" Rev Prescrire 2013 ; 33 (358) : 561. (pdf, accès libre)