Prescrire a fait le point sur la prévention cardiovasculaire primaire (c'est-à-dire la prévention d'un accident cardiovasculaire chez les personnes qui n'ont en encore jamais eu) par statine dans son numéro d'avril. Cette analyse approfondie des données réalisée en toute indépendance montre l'étendue des incertitudes. Notamment parce que l'évaluation est insuffisante et ne permet pas de répondre clairement à de nombreuses questions. Il est probable que les statines évitent quelques morts prématurées, mais on ne sait pas bien chez qui. Un peu comme au loto : on sait qu'il y aura quelques "grands" gagnants, mais on ne sait pas qui. On sait que des personnes seront perdantes, et paieront un tribut, parfois lourd, en effets indésirables. Sans bien savoir combien de personnes, ni comment éviter ces effets.
Sur ce même sujet, la Haute autorité de santé (HAS) française a choisi de fournir une information très simplifiée (fiches commentées dans le numéro de mai de Prescrire) : tout semble simple et clair. Pas d'incertitude. Que des gagnants. La HAS a retranscrit les recommandations émises par différentes sociétés savantes ou autres institutions sans discuter leur méthode d'élaboration et les éventuels liens d'intérêts des contributeurs. En partant du principe que les statines réduisent la cholestérolémie, la HAS n'a pas vérifié si telle ou telle statine réduit ou non la mortalité ou le risque de handicap à vie, ni cherché à quantifier les effets indésirables.
En fait il s'agit d'être libre de choisir entre prendre en compte les incertitudes pour les gérer sur mesure et avec mesure, ou plier sous un argument d'autorité simplificateur.
©Prescrire 1er mai 2018
"Mesure et incertitudes" Rev Prescrire 2018 ; 38 (415) : 321. (pdf, accès libre)
Partager |
 |
 |