Le tramadol (Topalgic° ou autre) est l'antalgique opioïde le plus consommé en France. En cas d'usage prolongé, y compris aux doses recommandées en thérapeutique, son arrêt brusque expose à des symptômes de sevrage. Un effet rebond, caractérisé par une reprise des douleurs, et d'éventuels troubles psychiques, tels qu'une anxiété et des symptômes de dépression, est à anticiper après l'arrêt.
En l'absence de donnée d'évaluation solide, les modalités de sevrage sont surtout fondées sur l'expérience de soignants et de patients.
Quand l'effet antalgique du tramadol est prédominant, il importe de prévoir des stratégies alternatives pour soulager la douleur, notamment autres que médicamenteuses, afin d'éviter le recours éventuel à d'autres substances psychotropes, tels que d'autres médicaments exposant à un risque d'addiction (opioïdes ou autres) ou l'alcool.
Comme pour le sevrage d'autres substances exposant à une dépendance, la participation des patients est déterminante et la phase de préparation du sevrage est primordiale. Une option est une diminution progressive des doses de tramadol, par paliers d'environ 5 à 10 % toutes les 1 à 4 semaines. Les patients peuvent adapter le calendrier de sevrage : soit en réduisant moins les doses quotidiennes, soit en allongeant la durée des paliers. Quand il a été décidé d'arrêter le tramadol en diminuant progressivement les doses, il est souhaitable de ne pas traiter d'éventuels symptômes de sevrage par un autre opioïde, y compris la codéine ou l'opium, ni par une benzodiazépine, qui exposent aussi à des dépendances.
En cas d'échecs répétés ou quand les patients ont perdu le contrôle de leur consommation, une substitution avec la buprénorphine ou la méthadone (des opioïdes par ailleurs éprouvés en traitement de substitution), dans un cadre thérapeutique contrôlé, est une option à envisager.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er décembre 2021
• Texte complet :
"Arrêter un usage prolongé de tramadol. Proposer un accompagnement avec diminution progressive des doses, voire une substitution" Rev Prescrire 2021 ; 41 (458) : 917-921. Réservé aux abonnés.