Certains patients souffrent de douleurs neurogènes, alias neuropathiques, qui résultent d'une lésion du système nerveux, central ou périphérique. Elles se manifestent en général par des sensations de brûlures, décharges électriques, fourmillements, picotements, engourdissements. Leurs causes sont diverses, notamment : diabète, zona, cancers, toxiques (dont certains médicaments), traumatismes, accidents vasculaires cérébraux, sclérose en plaques.
Selon quatre synthèses d'essais randomisés, la gabapentine et la prégabaline (Lyrica° ou autre) sont un peu plus efficaces qu'un placebo pour soulager des douleurs neurogènes. Dans sept essais randomisés en double aveugle ayant comparé la gabapentine ou la prégabaline versus un antidépresseur imipraminique, il n'y a pas eu de différence notable d'effet antalgique. Le profil d'effets indésirables de la prégabaline et, dans une moindre mesure, celui de la gabapentine, sont chargés, avec notamment des effets neuropsychiques graves. Ces substances exposent à des surdoses, parfois mortelles. La fréquence des abus, mésusages et dépendances avec la prégabaline, apparemment plus grande qu'avec la gabapentine, pèse dans le choix entre ces deux médicaments. Vu un net surcroît de malformations majeures avec la prégabaline, et les sérieux doutes qui persistent avec la gabapentine, ces médicaments sont à écarter chez les femmes enceintes et chez celles qui pourraient le devenir.
En pratique, chez des patients souffrant de douleurs neurogènes, quand les antidépresseurs imipraminiques sont insuffisamment efficaces ou à éviter, la gabapentine est à envisager. En l'absence de supériorité antalgique démontrée, le profil d'effets indésirables de la prégabaline conduit à l'éviter dans cette situation.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er février 2023
• Texte complet :
"Gabapentine et prégabaline dans les douleurs neurogènes" Rev Prescrire 2023 ; 43 (472) : 131-133. Réservé aux abonnés.
