Les sensations de mauvais sommeil sont fréquentes, parfois très gênantes pour les patients et leur entourage, voire source de grande souffrance. Un traitement médicamenteux est alors parfois envisagé. Après quelques décennies d'utilisation, on sait que les benzodiazépines et les substances apparentées ont une efficacité au mieux modeste, souvent limitée dans le temps, et des effets indésirables parfois graves.
Cela faisait plusieurs années qu'aucun somnifère d'un nouveau groupe pharmacologique n'avait été autorisé dans l'Union européenne. Dans ce contexte, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du daridorexant (Quviviq°) un antagoniste des récepteurs des orexines A et B, pouvait susciter un espoir.
Dans les faits, l'évaluation clinique du daridorexant n'a pas été conçue pour démontrer un éventuel progrès par rapport à un autre somnifère. Deux essais randomisés, en double aveugle, l'ont comparé à un placebo, chez au total 1 854 patients gênés par une insomnie chronique, le plus souvent modérée et sans troubles psychiques associés. Par rapport à un placebo, le daridorexant paraît accélérer l'endormissement de quelques minutes et allonger la durée perçue de sommeil de 10 à 20 minutes. Le daridorexant expose à des céphalées, des somnolences, des fatigues et des sensations vertigineuses. Quelques données suggèrent des usages détournés, ainsi que des rebonds d'insomnie et des syndromes de sevrage à l'arrêt du médicament. Certains effets indésirables sont à mieux cerner, en particulier des paralysies du sommeil et des dépressions.
Quand un médicament est envisagé, il semble plus prudent d'en rester aux somnifères déjà disponibles, malgré leurs limites, étayées par leur long recul d'utilisation.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er mai 2023
• Textes complets :
""Nouveauté" n'est pas "progrès"" Rev Prescrire 2023 ; 43 (475) : 324. Accès libre.
"Daridorexant (Quviviq°) et insomnie. Une évaluation non conçue pour démontrer un progrès" Rev Prescrire 2023 ; 43 (475) : 325-330. Réservé aux abonnés.