La leuproréline, comme d'autres agonistes de la gonadoréline (alias agonistes de la Gn-RH ou LH-RH), est utilisée entre autres pour provoquer une dépression androgénique chez des patients atteints d'un cancer de la prostate, et ainsi diminuer la "stimulation" des cellules cancéreuses par la testostérone. Dans cette situation clinique, la leuproréline n'a pas d'avantage démontré sur la goséréline (Zoladex°), l'agoniste de la gonadoréline le mieux évalué. La leuproréline est notamment commercialisée en France sous le nom commercial Eligard° depuis les années 2000, avec 3 dosages : 7,5 mg, 22,5 mg ou 45 mg par seringue de poudre.
En 2020, une évaluation européenne portant sur l'ensemble des erreurs médicamenteuses rapportées dans le monde depuis les années 2000 chez des patients traités par leuproréline a pointé un taux de notification plus élevé avec la spécialité Eligard° : 3 cas pour 1 000 patients-années, soit 10 fois plus qu'avec, par exemple, la spécialité Enantone LP°. Elle a fait le lien avec le fait que la spécialité Eligard° avait le mode de préparation de la dose le plus complexe, nécessitant 15 étapes. Déjà, en 2014, la firme qui commercialisait Eligard° et avait connaissance de nombreux cas d'erreurs, s'était engagée auprès de l'Agence européenne du médicament (EMA) à changer de dispositif. Certaines de ces erreurs ont eu parfois des conséquences graves, avec notamment une perte d'efficacité et des augmentations documentées de la testostéronémie.
Dix ans après l'engagement de la firme auprès de l'EMA, une nouvelle présentation d'Eligard° est commercialisée en France. Elle comprend une seringue de solvant et une de poudre déjà reliées entre elles. Cela diminue le nombre d'étapes nécessaires à la préparation de la dose, qui passe de 15 à 8 étapes, mais des erreurs restent prévisibles. D'autres spécialités contenant de la goséréline (Zoladex°) ou de la leuproréline (Enantone LP°, Leptoprol°) sont plus pratiques et plus sûres.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er août 2024
• Texte complet :
"Leuproréline (Eligard°) : la préparation de la dose à injecter reste complexe et source d'erreurs" Rev Prescrire 2024 ; 44 (490) : 585-586. Réservé aux abonnés.