Évaluation virtuelle

L'évaluation d'un nouveau médicament suit un processus établi au fil des décennies et des désastres sanitaires : études précliniques, notamment animales, puis premiers essais chez des volontaires sains (phase I), puis phase expérimentale par des essais non comparatifs et de premiers essais comparatifs chez quelques patients (phase II) ; enfin recherche d'une confirmation des hypothèses par des essais comparatifs versus traitement de référence ou placebo (phase III).

Dans les années 1990, il était admis que l'efficacité d'un nouveau médicament devait être prouvée au moins par deux essais comparatifs versus traitement de référence. Depuis plusieurs années, il arrive souvent qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) soit accordée sur la base d'un seul essai comparatif de phase III. Voire sur essais de phase II, comme pour le daratumumab (Darzalex°) en monothérapie dans le myélome multiple (lire aussi "daratumumab (Darzalex°) en monothérapie et myélome multiple en rechute et réfractaire"). Une course aux AMM de plus en plus expéditives est engagée, qui met en danger l'évaluation fiable de la balance bénéfices-risques des médicaments.

L'accélération est l'objectif principal ? Alors accélérons ! Autant sauter l'étape des études chez des volontaires sains (pas commode pour juger de l'efficacité). Et aussi l'étape des études animales, ce qui épargnera des souffrances aux animaux. Autant en venir directement à des AMM fondées sur des modélisations de médicaments virtuels, testés par des algorithmes regroupant des patients virtuels, à l'image des jeux vidéos.

Mais dans les jeux vidéos, les participants disposent de plusieurs vies. Pas les patients exposés aux médicaments.

Évaluation virtuelle accélérée de l'efficacité virtuelle = accélération réelle de la mise en danger des patients.

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