Des mots sur les maux

L'expression "progression de la maladie" figure parfois dans le libellé des indications autorisées du résumé des caractéristiques (RCP) de certains médicaments, notamment en cancérologie (lire aussi "irinotécan liposomal pégylé (Onivyde°) et cancer du pancréas métastasé" et "obinutuzumab (Gazyvaro°) et lymphome folliculaire réfractaire ou en rechute").

Progression d'une maladie, progression d'un cancer…

En français, progression vient du latin "progressio" : avancée, avancement, développement, accroissement. Étymologiquement, le sens du mot progrès est neutre, mais il s'est revêtu au fil du temps d'une connotation positive.

Quand une maladie entraîne diverses complications, on dit qu'elle progresse. Quand une tumeur grossit, on dit qu'elle progresse. Les soignants le constatent notamment à l'aide de marqueurs biologiques ou d'images radiologiques, à l'extension de la tumeur, à l'apparition de métastases.

Mais du point de vue des patients, il n'y a pas de progrès. La conséquence de cette progression de la maladie, c'est que leur état s'aggrave, ou n'évolue pas vers le mieux.

"Progression" ? "aggravation" ? voire "évolution" ? Ce choix sémantique n'est pas anodin. Il place la maladie au centre des attentions, en laissant le patient au second plan. Sous l'effet du marketing des firmes, d'une approche trop morcelée des soins, mais aussi pour éviter de faire face aux émotions, ou pour masquer le peu d'effets connus sur la qualité de vie des patients. Revisitons le sens des mots employés, pour toujours garantir la priorité aux personnes et à l'humanité des soins.

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