L'éluxadoline (Truberzi°) a été autorisée dans l'Union européenne avec l'indication : « traitement du syndrome du côlon irritable associé à une diarrhée ». Son dossier d'évaluation repose sur deux essais cliniques versus placebo (lire aussi "éluxadoline (Truberzi°) et troubles fonctionnels intestinaux récurrents"). La consistance des selles et les douleurs abdominales figurent parmi les critères d'évaluation. Ces critères concrets sont pourtant des reflets peu pertinents du soulagement des patients.
Le syndrome dit du côlon irritable est une affection mal définie avec des symptômes très variables d'un patient à l'autre : diarrhée ou constipation, parfois en alternance, douleurs abdominales, sensations de ballonnements, dyspepsie, etc. qui affectent globalement la vie des patients. Les symptômes les plus gênants diffèrent selon les patients, et d'une période à l'autre chez un même patient. Dès lors, qu'apporte au patient le soulagement d'une diarrhée ou de douleurs abdominales si d'autres symptômes deviennent plus importants sous l'effet du médicament ?
Dans ce type de situation, analyser l'effet d'un médicament symptôme par symptôme et utiliser des dizaines de critères en recourant à des scores et des calculs complexes dits de qualité de vie n'aide pas non plus à savoir si le patient se sent véritablement soulagé.
Quand l'objectif du traitement est de soulager divers symptômes associés qui perturbent la vie des patients, mieux vaut un critère d'évaluation global, certes subjectif mais facile à apprécier, tel que le soulagement global décrit par les patients, plutôt qu'une kyrielle de critères précis mais trop partiels pour avoir du sens.
