Les prix exorbitants de nombreux nouveaux médicaments fixés par des firmes pharmaceutiques inquiètent dans le monde entier.
Un exemple parmi d'autres : le prix du nusinersen (Spinraza°) dans certains types d'amyotrophie spinale, près de 85 000 euros le flacon, conduit à un coût de traitement de 500 000 euros la première année, et 250 000 euros par an les années suivantes (lire aussi "nusinersen (Spinraza°) et amyotrophie spinale").
Pour ce prix, on ne sait même pas encore dans quelle mesure les patients auront une amélioration majeure de leur qualité de vie et de leur durée de vie.
La commission de la Haute autorité de santé (HAS) chargée en France de l'évaluation médico-économique se demande si ce prix sera supportable pour les comptes de l'assurance maladie obligatoire.
De tels prix rendent impossible l'accès au traitement dans de nombreux pays. La "valeur" pour les soins d'un médicament repose d'abord sur l'évaluation de ses bénéfices thérapeutiques, de ses risques et de sa praticité. Mais son prix contribue aussi à cette valeur, car le prix conditionne l'accès au médicament. Un médicament à balance bénéfices-risques favorable proposé à un prix inabordable pour une partie importante des patients est un médicament dont la valeur se réduit, voire devient nulle quand il n'est pas disponible du tout.
Comme s'en inquiète l'association AFM-Téléthon, le prix de Spinraza° remet en cause l'accès en France non seulement à ce médicament, mais aussi à d'autres médicaments. Même avec un volume de vente très limité, payer des médicaments aussi cher suppose soit de trouver de nouvelles recettes pour l'assurance maladie, soit plus probablement de réduire d'autres dépenses de santé. Mais alors lesquelles ? Celles des ressources humaines des hôpitaux ? Les soins à d'autres patients ?
Les prix exorbitants des médicaments peuvent s'analyser de diverses façons, morale, politique, industrielle, mais il en est une qui a le mérite d'être comprise par tout le monde : quand l'argent est utilisé pour quelque chose ou quelqu'un, il n'est plus disponible pour autre chose ou quelqu'un d'autre. C'est ce que les économistes appellent le "coût d'opportunité" ou encore le "coût de renoncement".
Partout dans le monde, le prix monstrueux de certains nouveaux médicaments épuise leur valeur pratique. Tant pour les patients qui en ont besoin, que pour la collectivité dont ces patients font partie intégrante.