Facilité pour qui ?

Mi-2018 une seringue doseuse a été introduite dans les boîtes de fluconazole buvable (Triflucan° ou autre), un antifongique (lire "Fluconazole buvable : avec seringue doseuse en ml, mais encore d'autres défauts"). À première vue, c'est un progrès : elle remplace une cuillère mesure, un outil peu précis.

Les résumés des caractéristiques (RCP) détaillent les posologies pour enfants. Elles sont exprimées comme il se doit en milligrammes de médicament par kilogramme de corps du patient. Mais, tout à la fin du RCP, un tableau fait correspondre des doses en mg/kg avec des millilitres de liquide à administrer. C'est que la seringue est graduée en millilitres. L'employer impose de convertir les mg/kg en millilitres : voilà qui est source d'erreurs et complique l'utilisation pratique de ce médicament.

Pourquoi compliquer ? Pourquoi ne pas faciliter les soins, en fournissant une seringue doseuse graduée en milligrammes et clairement marquée du nom du médicament en question ? La dose d'une substance active s'exprime en masse de substance, non en volume.

Ces derniers mois, Prescrire a présenté trois autres spécialités buvables munies de seringues graduées en millilitres  (lopinavir + ritonavir - Kaletra°, fer - Ferrostrane°, lacosamide - Vimpat°). Les firmes ont leurs motifs de choisir des dispositifs doseurs mal adaptés aux patients. De fait, c'est plus facile et plus économique pour elles, quand la réglementation leur permet, de glisser dans les boîtes des seringues standard graduées en millilitres fabriquées à grande échelle.

Chacun voit midi à sa porte, dit-on. Mais dans le domaine des soins, au lieu de cet égocentrisme, on attend de chaque acteur qu'il rende d'abord service au patient.

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