Réussir un geste technique est souvent affaire de réflexion, d'expérience et de savoir-faire. Une réflexion sur ce qu'il y a lieu de faire avant, pendant et après le geste. Une expérience à acquérir puis à partager. Un savoir-faire à cultiver. Et souvent aussi, une affaire d'outil(s), choisi(s) à bon escient, dans une panoplie plus ou moins fournie ou sophistiquée.
Dans le monde des soins aussi, le progrès technique a multiplié les outils, les instruments (chirurgicaux ou autres), puis les machines, voire les robots. Les plateaux techniques se sont développés, complexifiés, et rendent routinières ou presque des investigations de plus en plus approfondies, produisant des images de plus en plus fines. Des interventions de plus en plus pointues deviennent banales, par exemple en cardiologie interventionnelle, sur les artères coronaires ou le tissu électrique du cœur. Avec parfois des résultats impressionnants.
À côté de cela, certains gestes effectués à main nue, ou avec un objet banal, peuvent paraître désuets, anecdotiques, d'intérêt mineur, voire du domaine de la bobologie. Pourtant, on rend aussi service au patient quand on évacue un hématome sous-unguéal à l'aide d'un trombone chauffé, quand on applique une poche de glace entourée d'un linge sur une articulation gonflée par une crise de goutte, quand on prépare avec minutie un pilulier, ou encore quand on aide à passer en douceur du lit au fauteuil. Et peut-être même quand on pose délicatement un linge mouillé sur un front brûlant.
Surtout, certains gestes effectués à main nue, ou presque, à la portée de chacun avec pas ou peu d'apprentissage, ont des effets majeurs. Coucher les nourrissons sur le dos, et non sur le ventre, diminue le nombre des morts inattendues. Administrer des claques dorsales ou effectuer des compressions thoraciques ou abdominales sauve d'une asphyxie par corps étranger obstruant les voies respiratoires. Équiper les jeunes enfants de protections individuelles adaptées à la baignade et les surveiller sans relâche évite des noyades mortelles. Se laver soigneusement les mains évite des infections graves, voire mortelles.
Même dans un environnement de haute technicité, des gestes simples sont parfois décisifs. Ainsi, chez les patients hospitalisés en unité de soins intensifs et sous ventilation mécanique, le brossage des dents 2 ou 3 fois par jour par l'équipe aide-soignante ou infirmière diminue la mortalité (lire aussi "Prévention des pneumonies nosocomiales en unité de soins intensifs").
Petits gestes, mais grands effets.