Quand la firme pharmaceutique MultiplAssosse a proposé de prévenir les effets indésirables de la duchmoline grâce à la nocivozine, il restait à prévenir les effets indésirables de cette dernière. La firme a alors rapidement proposé une solution : ajouter un troisième médicament !
Un scénario improbable ?
C'est pourtant ce que propose la firme commercialisant le linzagolix (Yselty°) dans les fibromyomes utérins, avec un avis favorable de l'Agence européenne du médicament (lire aussi "linzagolix (Yselty°) et fibromyomes utérins). Pour prévenir les effets indésirables de l'hypoestrogénie causée par cet antagoniste de la GnRH, la firme préconise d'ajouter de l'estradiol. Et pour prévenir les effets indésirables de l'estrogène sur l'endomètre, notamment le risque de cancer, elle préconise d'ajouter aussi un progestatif, la noréthistérone. Ainsi, des femmes non ménopausées sont à la fois exposées aux effets indésirables d'une hypoestrogénie, comme lors de la transition ménopausique, et à ceux d'un traitement hormonal substitutif de la ménopause avec l'association estroprogestative.
Un tel "empilement" de médicaments, avec sa cascade d'effets indésirables, serait éventuellement acceptable si l'efficacité du linzagolix était démontrée et contrebalançait les risques. Mais c'est loin d'être le cas.
Soulager des effets indésirables d'un médicament très utile avec un autre médicament est parfois dans l'intérêt des patientes et des patients. Mais avant de commencer à empiler, la priorité est de s'interroger sur l'intérêt clinique du premier médicament de la pile. Se passer d'un médicament peu utile plutôt que de tenter de parer à ses effets indésirables : voilà qui est moins dangereux et plus bénéfique pour les patientes et les patients.
