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Sûr

Parfois, face à une personne qui vient demander un conseil ou consulter, on est sûr d'avoir la réponse, la seule et l'unique. En réalité, si cette réponse ne prend pas en compte les faits avec leurs niveaux de preuves et d'incertitude, ou si cette réponse est choisie trop vite, sans savoir quels éléments peuvent l'étayer, sans peser le pour et le contre, quelle prise de risque ! Gare à l'illusion de toute-puissance qui occulterait l'absence de preuves cliniques !

Victimes de médicaments : une opportunité européenne à saisir

Une directive de 1985 établissait les règles à respecter par les États membres de l'Union européenne dans le domaine de la responsabilité des firmes en cas de problème de sécurité avec leurs produits de santé. Sa nouvelle version de 2024 ouvre des opportunités pour les victimes de tels produits

Prévoir

Quand un nouveau médicament est autorisé, il y a toujours beaucoup d'inconnues concernant ses effets indésirables. Les essais cliniques ne portent que sur une toute petite partie des situations cliniques, les patients inclus ne sont qu'une toute petite partie de la diversité humaine et la durée d'évaluation est souvent très courte. Néanmoins, une part des effets indésirables d'un nouveau médicament est prévisible à partir : de son groupe pharmacologique ; de sa structure chimique ; de son mécanisme d'action supposé ; des données animales ; des observations de l'évaluation clinique initiale

Tenir bon ensemble

En France, en Europe, dans le monde, l'actualité en 2025 est incertaine, voire menaçante, comme elle l'a été déjà en 2024 dans de nombreux pays. Les équilibres construits après la Seconde Guerre mondiale sont remis en question ; des accords de libre-échange, censés contribuer à la paix et à la prospérité, sont abrogés du jour au lendemain par le président du pays qui les a pourtant imposés au reste du monde

Rempart

En France, quand une firme obtient une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour un médicament, le remboursement par la Sécurité sociale et l'agrément aux collectivités font suite à une analyse puis un avis de la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS)

Prix des nouveaux médicaments : l'impasse

Comment concilier l'accès aux nouveaux médicaments très chers et l'équilibre des comptes de l'assurance maladie ? La recherche d'un profit maximal par les firmes pharmaceutiques rend cette équation de moins en moins possible

Première marche

Pour construire des politiques publiques, il est précieux de pouvoir s'appuyer sur l'évaluation probante de premières expériences locales. Cela a été le cas en France avec le programme "Un chez-soi d'abord", permettant à des personnes à la rue souffrant de troubles psychiques sévères d'être accompagnées vers un logement et une réinsertion sociale. Expérimenté à partir de 2011 dans 4 villes, pendant 5 ans, il a ensuite été étendu progressivement à plus d'une trentaine de territoires en 2025, à la suite d'une évaluation approfondie (lire Prescrire n° 449 p. 207)

N'apporte rien de nouveau

Chaque mois depuis plus de 40 ans, les cotations de Prescrire sont conçues pour informer au premier coup d'œil de l'éventuel intérêt clinique des nouveautés médicamenteuses à un moment donné. Sont ainsi mis en avant un progrès clinique ou au contraire une absence de progrès, voire une régression thérapeutique. Ces cotations invitent à lire l'analyse, sans bien sûr la remplacer

Nouveaux médicaments : mieux informer sur les incertitudes

Les nouveaux médicaments sont mis sur le marché avec plus ou moins d'incertitudes quant à leur efficacité et à leurs effets indésirables (1). Quelles incertitudes ? Le savoir est utile pour partager au mieux les décisions de traitement

Déciller

Depuis des années, au mois d'avril, Prescrire glisse un canular parmi ses textes. Parfois en mettant en avant une évolution loufoque de la manière d'évaluer les médicaments (lire "Exit la valeur p !" n° 462, p. 307)". D'autres fois en présentant un médicament imaginaire à l'efficacité mirobolante (lire "Panaceum° comprimés" n° 34, p. 2). Dans ce cas précis, les répercussions ont été pour le moins inattendues : prescriptions par centaines d'un médicament qui n'existe pas ; pharmaciens et grossistes à la recherche de ce médicament miracle ; standard téléphonique de Prescrire en surchauffe ; dépêche explicative à l'Agence France Presse, etc

D'une pierre deux coups

Dans l'Union européenne, la firme Janssen Cilag a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) dite conditionnelle pour le talquétamab (Talvey°) en monothérapie chez des patients atteints d'un myélome multiple après au moins trois lignes de traitement (lire aussi "talquétamab (Talvey°) et myélome multiple après au moins 3 lignes de traitement"). Cette AMM se base sur un essai non comparatif, de faible niveau de preuves et sans progrès démontré. Le fait que des centaines de patients aient été inclus montre pourtant que cette situation clinique n'est pas rare et qu'un essai comparatif aurait pu être réalisé

EMA : insuffisance chronique dans sa gestion des conflits d'intérêts

L'Agence européenne du médicament (EMA) a lancé fin 2024 une consultation express sur sa politique de gestion des liens d'intérêts des experts qu'elle sollicite lors de ses activités, révélant ses difficultés dans sa gestion des conflits d'intérêts (1)

Lisible

En travaillant ensemble, les membres de l'équipe Prescrire, épaulés par de nombreux relecteurs externes, professionnels de santé d'horizons divers, proposent aux abonnés des synthèses qui visent à répondre à leurs besoins. Cette méthode de rédaction originale, à l'abri de conflits d'intérêts, contribue à garantir la publication de textes fiables. Et le système de veille et de recherche documentaire Prescrire contribue à garantir une actualisation régulière des informations apportées aux abonnés

Vision étriquée

Quand un patient commence un traitement hypocholestérolémiant, c'est généralement pour des années, dans le but de diminuer à long terme le risque de mort prématurée et d'accidents cardiovasculaires. De ce fait, à moins d'un risque cardiovasculaire particulièrement élevé, un essai clinique d'un médicament hypocholestérolémiant mené sur une durée trop courte ne permet pas une évaluation sur des critères cliniques pertinents

Risques professionnels liés aux pesticides : inertie des pouvoirs publics

Les risques liés à l'exposition professionnelle aux pesticides sont de plus en plus documentés et les demandes d'indemnisation sont en hausse régulière (1,2). Mais en France, d'après la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d'environnement (cnDAspe), la prévention de ces risques est au point mort (a)(3)

Différences

En 2020 en France, la part des femmes dans la population active était à peu près équivalente à celle des hommes. Pourtant, selon un rapport du Sénat analysé dans ce numéro ("Travail : la santé des femmes à la peine"), la santé des femmes au travail souffre de nombreux angles morts dus à un défaut d'approche genrée

Sagas

Fin 2024, la Commission européenne a maintenu sur le marché le métamizole (alias noramidopyrine), un antalgique et antipyrétique exposant à des agranulocytoses imprévisibles et mortelles (lire aussi Métamizole : AMM européennes maintenues malgré le risque d'agranulocytoses mortelles)

Qualité dans les Ehpad : les résidents devront encore attendre

En France, la qualité de l'accueil et des soins dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a été fortement critiquée depuis une dizaine d'années, preuves à l'appui. Et les principales causes et mécanismes ont été analysés (1,2)

Pénuries de médicaments : dès 2001 la revue Prescrire a alerté sur la multiplication des pénuries et mis en cause la responsabilité des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé
Rendre service

En décembre 2024, Prescrire a publié la nouvelle édition annuelle du bilan des médicaments plus dangereux qu'utiles. Souvent présenté comme une "liste noire", il s'agit surtout d'un dossier fondé sur une évaluation méthodique et actualisée répertoriant une centaine de médicaments autorisés en France ou dans l'Union européenne, dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes leurs indications. L'objectif est d'éviter de nuire aux patients

En cascade

Quand la firme pharmaceutique MultiplAssosse a proposé de prévenir les effets indésirables de la duchmoline grâce à la nocivozine, il restait à prévenir les effets indésirables de cette dernière. La firme a alors rapidement proposé une solution : ajouter un troisième médicament !

Recherche publique versus recherche privée : qui apporte quoi ?

Quelle est la place de la recherche publique ou universitaire dans les travaux à l'origine de nouveaux médicaments ? Est-elle à l'origine de davantage de progrès thérapeutiques que la recherche privée menée par les firmes pharmaceutiques ? C'est à ces questions qu'a voulu répondre une équipe de chercheurs du Royaume-Uni, du Danemark et des États-Unis d'Amérique (1,2)

Petits gestes, grands effets

Réussir un geste technique est souvent affaire de réflexion, d'expérience et de savoir-faire. Une réflexion sur ce qu'il y a lieu de faire avant, pendant et après le geste. Une expérience à acquérir puis à partager. Un savoir-faire à cultiver. Et souvent aussi, une affaire d'outil(s), choisi(s) à bon escient, dans une panoplie plus ou moins fournie ou sophistiquée

Exception

Pour prouver l'éventuelle efficacité d'un médicament, recourir à des essais randomisés en double aveugle est le fondement d'une démarche scientifique rigoureuse. C'est la méthode la plus fiable pour écarter les facteurs de confusion et obtenir des résultats pertinents d'un bon niveau de preuves. Les essais non comparatifs, quant à eux, sont généralement insuffisants pour démontrer un lien de causalité entre un traitement médicamenteux et une éventuelle amélioration clinique. En effet, faute de comparateur, l'amélioration observée est peut-être liée à autre chose que le traitement reçu, par exemple une évolution naturelle favorable ou l'effet d'autres soins, médicamenteux ou autres

Intelligence artificielle : manque d'esprit critique

L'intelligence artificielle (IA) fait de plus en plus parler d'elle, est de plus en plus utilisée, et fait rêver certains. Elle est aussi critiquée, notamment parce qu'elle peut produire des informations convaincantes, mais fausses

Tout autant

Les personnes qui ne souhaitent pas ou plus concevoir d'enfant peuvent choisir parmi diverses méthodes de contraception permanente et irréversible, dont la ligature des trompes chez les femmes et la vasectomie chez les hommes. Depuis 2001, en France, ces méthodes dites de stérilisation sont légales chez les personnes majeures

Couvrir

Mi-2024, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté sur une baisse importante de l'utilisation des préservatifs chez les adolescents en Europe, aux conséquences délétères : grossesses non désirées, avortements dans des conditions parfois dangereuses, infections sexuellement transmissibles (IST) notamment par le VIH. Ce rapport pointe les insuffisances dans de nombreux pays en matière d'éducation sexuelle adaptée à l'âge, et les critiques qu'elle suscite. Les soignants sont concernés. Et ont la possibilité d'agir et de rendre service au quotidien

L'OMS appelle les États à résister aux firmes qui nuisent à la santé

En 2024, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un nouveau document marquant, alliant synthèse de la documentation scientifique et analyse politique au sens large du terme, cette fois sur les conséquences délétères de l'activité de certains secteurs industriels (1à5)

Collectif, divers et varié

D'une façon ou d'une autre, les soins de premier recours, tout comme en milieu hospitalier, sont le fruit d'un collectif. Un collectif de personnes diverses, qui agit et interagit de manière tantôt simultanée, tantôt séquentielle

Responsables

De nombreux médicaments commercialisés depuis des dizaines d'années font partie du décor, de la routine. Certains rendent service, quand leur efficacité est démontrée et leur profil d'effets indésirables acceptable

Substances chimiques dangereuses : substitutions regrettables

Trop souvent, des substances chimiques dangereuses sont remplacées par d'autres dont la toxicité n'a pas été évaluée, ou pas assez, et qui s'avèrent à long terme autant voire plus nocives pour la santé ou l'environnement. Nombreux sont les exemples de ces « substitutions regrettables », notamment parmi les phtalates et les bisphénols (1)

Du temps

D'ordinaire, la rencontre entre un professionnel de santé et une personne en demande de soins est focalisée sur l'état de santé de cette personne. La personne indique quelques "bribes" de son être au soignant, l'interroge et s'interroge sur des troubles, sur la manière d'être soulagée. Le soignant s'intéresse, fait préciser tel ou tel point, examine ou fait décrire le corps troublé, débrouille le contexte, mobilise ses connaissances, ses expériences, compatit, répond, cherche souvent à rassurer, encourage, propose une stratégie de soins, accompagne. Mais pour évaluer son action et la qualité de l'échange, le soignant est souvent seul

Réalité

Le concept de thérapie génique est séduisant : quand une maladie est causée par l'altération d'un gène, remplacer le gène défectueux pourrait conduire

Législation pharmaceutique européenne : trop d'occasions manquées par les députés

Les députés européens se sont prononcés le 10 avril 2024 en séance plénière sur les propositions de la Commission européenne faites dans le cadre de la révision de la législation pharmaceutique européenne (1,2). Globalement, les députés n'ont pas profité de cette occasion pour renforcer l'évaluation des médicaments et la sécurité des patients, même si certaines avancées sont à saluer (lire aussi "Révision législative européenne : un vote décevant des députés européens")

Paradigme(s)

Depuis des décennies, l'industrie pharmaceutique pousse patients, étudiants, soignants et agences du médicament à adopter un mode de pensée focalisé sur l'efficacité des médicaments. En minimisant la problématique des effets indésirables, voire parfois en masquant les dangers pour les patients. Mais depuis des décennies, Prescrire propose un autre mode de pensée, un autre paradigme, qui consiste à placer la préoccupation des effets indésirables des médicaments au moins au même niveau que celle concernant l'efficacité. Car il s'agit de peser le pour et le contre, et de n'accepter des risques que si l'efficacité est bien démontrée. Afin, d'abord, de ne pas nuire

Choix éclairé

Face aux cancers, les thérapies dites personnalisées suscitent de l'espoir. Ce qui est compréhensible vu leur objectif affiché : repérer des caractéristiques, par exemple génétiques, afin de prévoir la sensibilité des tumeurs à un antitumoral et de le proposer uniquement aux patients ayant apparemment le plus de chances d'en tirer un éventuel bénéfice. Mais, comme pour tout médicament, un concept de pharmacologie expérimentale, aussi séduisant soit-il, ne suffit pas à démontrer un intérêt clinique. Ne serait-ce qu'en raison des autres effets du médicament sur l'organisme

Bisphénol A et contenants alimentaires : arrangements dangereux entre fabricants

Le bisphénol A est une substance chimique entrant dans la composition de plastiques (dont le polycarbonate) et de vernis destinés notamment à protéger l'intérieur de contenants alimentaires (boîtes, canettes et couvercles métalliques) (1,2). Il est reconnu comme perturbateur endocrinien, toxique pour la santé humaine et animale (3,4)

Accompagnement thérapeutique partagé

Dans les années 1960, après l'arrivée des premiers antidépresseurs sur le marché, imipramine et iproniazide en tête, les soignants ont constaté que ces médicaments permettaient à des personnes atteintes de dépression sévère, alors dite endogène, de sortir de leur marasme (lire "L'invention des antidépresseurs" n° 443 p. 704-706). Ils se sont aperçus aussi que ces médicaments avaient peu d'intérêt dans les dépressions alors dites réactionnelles, ou encore "névrotiques", et plus généralement dans les états de mal-être

Trompe-l'œil

Certains troubles oculaires et diverses situations entraînent une rougeur de l'œil. Au-delà du simple symptôme "rougeur", il s'agit de s'intéresser aux symptômes associés, et à la cause du trouble. Car un examen spécialisé est parfois urgent, et la stratégie de traitement dépend de la cause identifiée. Diminuer uniquement la rougeur n'est pas prioritaire

DSM : toujours malade de liens d'intérêts

L'Association américaine de psychiatrie (APA) élabore depuis 1952 les versions successives du DSM (de l'anglais diagnostic and statistical manual of mental disorders), qui vise à proposer une définition pour chaque trouble psychiatrique (1)

Prises au sérieux

La mise au point et la fabrication d'un dispositif médical destiné à être implanté dans le corps humain sont le fruit d'un travail d'ingénierie, dont l'évaluation requiert de nombreuses compétences, techniques et cliniques. Son accès au marché est conditionné à une certification préalable, validant sa conformité à des critères réglementaires. Mais en réalité, trop souvent, cette étape s'avère marquée par des carences, une opacité et une insuffisance des États à contrôler les organismes certificateurs et les produits une fois sur le marché

Absurde !

Connaître le mode d'action pharmacodynamique d'un médicament permet d'anticiper bon nombre de ses effets. Par exemple, en bloquant les récepteurs alpha-1 adrénergiques du système nerveux sympathique, la tamsulosine (Omix LP° ou autre) entraîne un relâchement des fibres musculaires lisses, notamment au niveau de la prostate, du col de la vessie et des vaisseaux sanguins. D'où des effets escomptés pour soulager les symptômes de l'hypertrophie bénigne de la prostate, mais aussi un risque d'effets indésirables cardiovasculaires tels qu'hypotensions artérielles et tachycardies

Suppression des notices papier : écoresponsable ou irresponsable ?

La Commission européenne a engagé une révision en profondeur de la législation pharmaceutique en 2023. Parmi les évolutions envisagées, elle a proposé l'abandon progressif de la notice papier au profit d'une version numérique(1). Sans attendre le résultat final de cette révision, la France a décidé d'expérimenter la notice numérique (2,3)

Raisonnements différents

La plupart des médicaments passent de la mère à l'enfant pendant la grossesse. C'est aussi le cas au cours de l'allaitement maternel. Mais, pour un médicament donné, les conséquences pour l'enfant ne sont pas forcément les mêmes durant ces deux périodes

Trier

De nombreux produits autres que des médicaments sont promus avec des allégations « de santé » auprès du grand public ou des professionnels de santé : compléments alimentaires, dispositifs médicaux imitant des médicaments, etc. Pour ces produits comme pour les médicaments, il est indispensable de faire le tri afin de repérer ceux qui rendent service à certains patients, et qui sont donc à retenir dans sa panoplie thérapeutique (lire par exemple "Huile essentielle de lavande vraie", n° 465 p. 485-488 ou "D-mannose", n° 445 p. 805-807), et ceux qui sont à écarter, car plus dangereux qu'utiles (lire aussi "Acides gras oméga-3 polyinsaturés : risque dose- dépendant de fibrillation auriculaire minimisé dans les RCP"

Commission européenne : les lobbys bloquent l'étiquetage nutritionnel

Le Nutri-Score informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments et boissons. Sa présence sur les emballages alimentaires repose sur le volontariat des fabricants et sur celui des enseignes de distribution pour leurs produits à marque propre (1). Début 2024, sept États européens l'ont déjà adopté : l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse (2)

Interruption volontaire de grossesse : garantir la mise en œuvre de cette liberté en pratique

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), « l'avortement non sécurisé constitue l'une des principales causesmais évitablesde décès maternels et de morbidité. Elle peut entraîner des complications physiques et mentales ainsi qu'une charge sociale et financière pour les femmes, les communautés et les systèmes de santé. Le manque d'accès à des soins d'avortement sécurisés, en temps opportun, à un coût abordable et respectueux constitue un problème majeur de santé publique et une question de droits humains » (1)

Une histoire de risques

À chaque médicament, son histoire

Contribuer à la praticité

Depuis fin 2023, une copie de la solution buvable d'amisulpride concentrée

Procès Mediator° en appel : un jugement plus à la mesure des dégâts

Au terme du procès pénal en première instance relatif au désastre du Mediator° (benfluorex), la firme Servier et son ancien directeur général, Jean-Philippe Seta, avaient été condamnés en mars 2021 pour « tromperie aggravée », « homicides et blessures involontaires ». Mais pas pour « escroquerie » des assurances maladie obligatoire et complémentaires (qui ont remboursé les prescriptions de Mediator°), ni pour « obtention indue d'autorisation de mise sur le marché », et aucune peine de prison ferme n'avait été prononcée (1,2). Ces insuffisances ont motivé un procès en appel dont l'arrêt a été rendu le 20 décembre 2023 (2à4)

Prédire… pour quoi faire ?

Cartomanciens, chiromanciens et autres astrologues sont des personnes censées prédire des événements personnels futurs concernant l'amour, l'argent ou la santé. Rien d'étonnant à cela : c'est leur "cœur de métier". Plus étonnant peut-être est le fait que, dans certaines situations, des professionnels de santé prédisent aussi, de manière plus ou moins explicite, des événements concernant la santé des patients

Niveaux de progrès

Parmi les nouveautés médicamenteuses, rares sont celles qui apportent un progrès thérapeutique important ou majeur pour les patients. Le plus souvent, le progrès est moins éclatant, ou plus partiel

Aide médicale de l'État (AME) : avant tout, en simplifier l'accès

Créée en 2000, l'Aide médicale de l'État (AME) permet aux personnes étrangères en situation irrégulière en France d'obtenir une prise en charge à 100 % de la plupart des soins et des frais médicaux, sous conditions strictes de résidence et de ressources (1). Les personnes susceptibles de bénéficier de l'AME font face à de nombreux obstacles pour obtenir ce droit. Une fois obtenu, les difficultés à se faire soigner les conduisent parfois à y renoncer (2)

Évaluer les médicaments : pour les patients d'aujourd'hui, sans négliger ceux de demain

Au cours des dernières années, la quantité et la qualité des informations disponibles sur les nouveaux médicaments au moment de leur autorisation de mise sur le marché (AMM) se sont considérablement appauvries, au point qu'au printemps 2023 un collectif de spécialistes de l'évaluation des médicaments et de soignants a publié une alerte à ce sujet en France (1). En même temps, certaines associations de patients critiquent les « décisions mortifères » de la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS), qui retarderaient l'accès à de nouveaux médicaments présentés comme prometteurs (2à4)

Vérifier puis décider

De nombreuses personnes prennent des médicaments régulièrement pendant des mois, voire des années. Une évolution défavorable ou un nouveau problème de santé incite souvent à ajouter d'autres médicaments. Se pose alors la question des effets indésirables par interactions avec les médicaments déjà pris, que ce soit au moment de la décision, de la prescription, du conseil, de la dispensation ou de la prise des médicaments

Hypothétique

Chez les personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l'âge, le médicament de premier choix est généralement un anticorps monoclonal qui cible le facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (abrégé VEGF en anglais), une protéine qui a un rôle dans l'angiogenèse. Le faricimab (Vabysmo°), lui, a la particularité de cibler à la fois le VEGF et l'angiopoïétine-2, une autre protéine qui a aussi un rôle dans l'angiogenèse. Cibler deux protéines plutôt qu'une pour augmenter l'efficacité ? Une hypothèse plausible, mais que les données d'évaluation clinique ont rejetée (lire aussi "faricimab (Vabysmo°) et DMLA ou œdème maculaire diabétique")

40 ans sans démarchage

La visite médicale est un moyen pour les firmes de promouvoir des produits de santé sur les lieux de soins, par l'entremise de "délégués ou visiteurs médicaux". Voilà 40 ans que Prescrire documente les méfaits de l'information biaisée liée à cette pratique et ses conséquences sur la prescription. Et 40 ans correspondent aussi à peu près à la durée de la carrière complète d'un soignant. On entend nombre de soignants trouver de "bonnes raisons" de recevoir ces démarcheurs, par exemple : « ça se fait depuis longtemps, et tous mes collègues le font », « les petits cadeaux, c'est toujours bon à prendre », « je ne veux pas contribuer à mettre ces personnes au chômage ». Et aussi : « j'ai besoin de la visite médicale pour me former sur les nouveaux médicaments » ou « je suis capable de "diriger" la visite médicale sans être influencé »

Et si c'était le dispositif médical ?

Dans ce numéro de Prescrire, des informations se rapportent à divers types de dispositifs médicaux, dont : des appareils de ventilation utilisés notamment chez des patients atteints d'un syndrome d'apnées du sommeil ; des systèmes de régulation de la glycémie en "boucle semi-fermée" utilisés par des patients diabétiques de type 1, pour la surveillance et l'adaptation de leur traitement (lire aussi "Appareils de ventilation : mises en cause de la firme Philips dans divers pays", "Systèmes de régulation de la glycémie en "boucle semi-fermée" : Control-IQ° et Mylife Camaps FX° remboursables")

Mauvais dans l'alimentation, bon dans les produits de santé ?

Bisphénol A et dioxyde de titane : l'Agence européenne du médicament (EMA) n'est pas d'accord pour retirer ces substances des produits de santé alors que leur nocivité dans l'alimentation est reconnue

Pathognomonique ?!

Dans l'idéal, un examen diagnostique devrait permettre de distinguer sans erreur les personnes malades des personnes non malades. Or, les résultats d'un examen diagnostique courant ne sont pas toujours confirmés par l'examen dit de référence (alias "gold standard"), c'est-à-dire l'examen qui est censé permettre de retenir ou d'exclure un diagnostic à coup sûr

Repères de surveillance

Dans l'Union européenne, la prescription de nombreux médicaments est restreinte à certains médecins spécialistes. Il n'empêche qu'ensuite les soignants de premier recours (médecins généralistes, pharmaciens d'officine, infirmiers, etc.) ont un rôle à jouer quand un patient prend ou reçoit un tel médicament. Une consultation, une dispensation ou un soin sont autant d'occasions de vérifier notamment « que tout se passe bien » avec le médicament en question, au même titre qu'avec ceux plus courants

Agir pour une alimentation saine et accessible

Les comportements alimentaires des personnes ne peuvent être réduits à une dimension individuelle. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) français le rappelle dans un avis qui rejoint les constats et recommandations d'organisations de la société civile, de rapports parlementaires et de diverses études (1à3)

Touche pas à mon placenta !

Prescrire s'intéresse depuis longtemps aux conséquences d'une exposition aux médicaments pendant la grossesse, pour la femme et pour l'enfant qu'elle porte. En envisageant la situation de la femme qui ignore encore qu'elle est enceinte ; et en prenant en compte les conséquences à long terme, notamment sur le développement de l'enfant

Sécuriser sans attendre

Ce mois-ci, nous présentons le dispositif de la spécialité Instanyl° DoseGuard°, destiné à l'administration nasale du fentanyl, un opioïde utilisé comme antalgique (lire aussi "Fentanyl par voie nasale (Instanyl° DoseGuard°) : enfin mieux sécurisé). Il est plus sûr pour les soins que celui de la spécialité Instanyl°, commercialisée en France en 2010. L'analyse du conditionnement avait alors pointé plusieurs insuffisances de sécurité, dont l'absence de bouchon-sécurité sur le flacon, et l'absence de système empêchant l'administration trop rapprochée d'une nouvelle dose. Pourtant, déjà en 2010, les dangers du fentanyl en cas d'exposition accidentelle étaient amplement connus : des enfants étaient morts après ingestion de patchs usagés contenant du fentanyl ou de comprimés avec applicateur buccal ressemblant à une sucette (Actiq°) ; et les risques de surdoses mortelles chez des patients traités étaient aussi avérés

Commission européenne : la Médiatrice épingle un manque de transparence

La transparence des institutions et agences européennes est un droit fondamental dans l'Union européenne. Un règlement européen définit leurs obligations en cas de demande d'accès aux documents qu'elles détiennent (1). En cas de refus, le demandeur peut adresser une nouvelle demande dite confirmative, qui doit être traitée dans un délai maximum de 30 jours. Si le refus est réitéré, le demandeur peut alors porter plainte auprès de la Médiatrice de l'Union européenne. Face aux nombreuses plaintes contre la Commission européenne, la Médiatrice a enquêté (2)

Un signal, pour quoi faire ?

Le médicament, c'est sérieux. Tant par ses aspects médicaux et éthiques que par ses implications économiques et financières. Il est le résultat de longues recherches en laboratoire, puis chez des volontaires, puis des patients en nombre restreint, puis des centaines (voire milliers) de patients acceptant de participer aux essais cliniques comparatifs, contribuant ainsi à la construction de la connaissance. Avec ensuite plans de gestion des risques, méta-analyses, pharmacoépidémiologie, recommandations de sociétés de spécialistes, etc

Avec plus de recul

Les données étayant l'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'un médicament sont parfois préliminaires, peu fournies ou incomplètes. Dans certains cas, on dispose seulement de résultats d'un essai non comparatif, ou de résultats intermédiaires d'un unique essai comparatif, des résultats dits finaux étant annoncés pour plus tard. D'où la nécessité de s'interroger régulièrement sur la balance bénéfices-risques d'un médicament

Une AMM fondée sur une évaluation non éthique, encore !

L'autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne du sufentanil en comprimés sublinguaux dosés à 30 microg sous le nom Dzuveo° repose sur deux essais randomisés versus placebo chez des patients ayant des douleurs sévères après une chirurgie (lire aussi "sufentanil sublingual (Dzuveo°) et douleurs aiguës")

Un allié sûr et pratique

Prescrire, c'est une mine d'informations vérifiées, utiles pour la pratique, et de solutions pour préserver ou améliorer au fil des jours la qualité des soins aux patients

Au-delà des RCP

Les effets d'un médicament sur la grossesse et sur l'enfant à naître sont souvent mal connus. Il faut parfois des décennies avant de savoir s'il est sans risque particulier, ou acceptable en prenant des précautions particulières, ou à écarter. En attendant, quand un médicament est utile et qu'il n'y a pas d'alternative thérapeutique sans risque pendant une grossesse, il faut composer avec le peu de données disponibles

Dialyse et réchauffement climatique : améliorer les pratiques

"D'abord ne pas nuire" est un principe essentiel à l'égard des personnes, mais qu'en est-il vis-à-vis de l'environnement ? Le secteur de la santé représente environ 8 % de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre en France (1). Les dialyses (hémodialyses et dialyses péritonéales) ont un impact particulièrement important sur l'environnement (2,3). Elles concernent environ 50 000 patients atteints d'insuffisance rénale en France (2)

Commission de la transparence : priée de passer en mode dégradé !

En mars 2023, la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a publié ses nouveaux principes pour évaluer le service médical rendu (SMR) et l'amélioration du service médical rendu (ASMR) des nouveautés médicamenteuses, deux critères qui ont un impact en France sur leur niveau de remboursement par l'assureur maladie obligatoire et leur prix (1)

Particularités

La meilleure option de traitement dans une situation clinique donnée est celle qui convient le mieux, faisant la meilleure balance entre l'efficacité et les risques, pour la plupart des patients. Pour la plupart, mais pas pour tous. Car parfois une particularité modifie cette balance au point d'orienter vers un autre traitement mieux adapté. Un exemple classique est celui du patient qui a une angine aiguë et qui a pour particularité d'être allergique aux bêtalactamines : quand un antibiotique paraît justifié, la spiramycine ou l'azithromycine, des macrolides, sont de meilleurs choix qu'une bêtalactamine telle que l'amoxicilline

L'embarras du choix

En 2023, en France, pour les patients asthmatiques, une quarantaine de spécialités pour inhalation buccale sont sur le marché avec un nom commercial de fantaisie. S'y ajoutent leurs copies dont le nom commercial comporte la dénomination commune internationale (DCI). Certaines de ces spécialités contiennent une seule substance (un corticoïde, un bêta-2 stimulant ou un atropinique). D'autres en contiennent deux, voire trois. Et au sein de chaque gamme, il y a souvent plusieurs dosages. En outre, les dosages mentionnés sur la boîte sont le plus souvent exprimés en "dose mesurée", c'est-à-dire celle expulsée du système doseur, avant l'embout buccal. Mais il peut s'agir aussi de la "dose délivrée", c'est-à-dire celle qui sort par l'embout buccal après dépôt d'une partie à l'intérieur de cet embout. Certaines présentations sont à agiter avant l'utilisation, d'autres pas. Pour une administration correcte, une coordination main-inspiration est parfois nécessaire, mais pas toujours. Et parfois, un même dispositif inhalateur est commun à diverses spécialités, par exemple le dispositif Breezhaler°, ce qui expose à des confusions entre ces spécialités

Flexibilité

« Avec un grand verre d'eau ». « Au moins 30 minutes avant la prise de tout aliment ou boisson ». « Pendant les repas ». « Un quart d'heure avant le coucher ». Etc

Placebomania

Comparer un nouveau médicament à un placebo est un choix justifié en l'absence de traitement de référence. Sinon, c'est un choix contraire à l'intérêt des patients

« Commencez par perdre du poids ! »

La stigmatisation des personnes en situation de surpoids et d'obésité est courante dans de nombreux pays (1,2). Dans le système de soins français aussi (2,3)

Concret

Un médicament n'est pas seulement une substance dite active mélangée à des excipients. On ne peut le réduire à ses performances pharmacologiques ou économiques. Un médicament est aussi un produit qui fait partie du quotidien des patients. Les éléments du conditionnement,de chaque spécialité contribuent à matérialiser le médicament : la boîte, les plaquettes, le flacon, la seringue, la notice, etc

Changer les règles

Un essai clinique est conçu pour répondre à une question principale. Et toute la méthodologie de l'essai est généralement élaborée dans cet objectif, notamment le choix du critère principal d'évaluation, le nombre de patients à inclure et l'analyse statistique des données. L'ajout d'autres critères d'évaluation dans le protocole démultiplie les comparaisons et les tests statistiques et augmente la probabilité d'observer des différences "statistiquement significatives" par le seul fait du hasard. En fait, en l'absence de différence statistiquement significative sur le critère principal, les analyses sur les autres critères d'évaluation servent surtout à formuler des hypothèses, plus qu'à démontrer des faits

Diclofénac : nocif aussi pour l'environnement

Le diclofénac expose à plus d'effets indésirables que d'autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), notamment un surcroît de morts d'origine cardiovasculaire, sans plus d'efficacité, ce qui justifie de l'écarter des soins (1). Il a aussi plus d'effets nocifs pour l'environnement que d'autres AINS (2)

Et si ?

Face à un symptôme ou à un ensemble de symptômes et de signes cliniques, il est habituel que les soignants de premier recours évoquent surtout des diagnostics appris à la faculté ou fréquemment rencontrés au cours de leur pratique. Le plus souvent, un entretien avec le patient et un examen clinique accompagnés (ou non) d'examens paracliniques courants suffisent à poser un diagnostic, à le rattacher à une cause parmi les plus évidentes et à construire une stratégie thérapeutique

"Nouveauté" n'est pas "progrès"

Les sensations de mauvais sommeil constituent une plainte fréquente : elles sont parfois très gênantes pour les patients et leur entourage, voire source de grande souffrance

AMM au mépris des patients !

L'autorisation de mise sur le marché (AMM) de la rispéridone en injections mensuelles sous le nom Okedi° repose sur un essai randomisé versus placebo chez des patients atteints de schizophrénie en décompensation aiguë (lire aussi "rispéridone en injections mensuelles (Okedi°)")

Coûts de R&D : opacité à tous les étages

Les nouveaux médicaments sont-ils chers à cause du coût de recherche et développement (alias R&D) supporté par les firmes pharmaceutiques ?

AMM conditionnelle : plus facile à octroyer qu'à retirer

De nombreuses autorisations de mise sur le marché (AMM), délivrées malgré une évaluation parcellaire, sont assorties de conditions telles que la réalisation d'essais cliniques ultérieurs : ce sont les AMM conditionnelles. Quand ces essais montrent que le médicament a une balance bénéfices-risques défavorable, l'AMM est alors parfois difficile à retirer

Pluriprofessionnalité

De nombreux soignants travaillent couramment en coopération ou en équipe pour apporter des soins à un même patient. L'équipe est plus ou moins structurée, large, durable, rapprochée géographiquement. La qualité des soins apportés dépend entre autres des compétences de chaque soignant, de leur complémentarité, de la communication entre eux, de leur recherche commune de qualité. Quand elle est bien organisée, cette coopération est synergique, bénéfique pour les patients

Infranchissable ?

"Barrière" hématoencéphalique, "barrière" placentaire, "barrière" cutanée, ces expressions donnent le sentiment que le cerveau, le fœtus et l'organisme sont protégés des substances toxiques, en particulier des médicaments. Mais ces "barrières" sont-elles vraiment infranchissables ? Quand une firme met en avant que son médicament ne traverse pas la barrière hématoencéphalique, peut-on en déduire que les patients sont à l'abri de tout effet neurologique central ?

Bonnes sources

En 2023, et probablement pour longtemps encore, les preuves les plus solides pour s'assurer de l'efficacité d'un traitement proviennent d'essais comparatifs, réalisés selon une méthodologie rigoureuse afin que cette comparaison ne soit pas faussée. Autrement dit, quand il s'agit de s'assurer qu'un traitement est plus efficace qu'un autre, ou plus efficace que l'absence de traitement, rien n'est aussi solide et fiable que les essais comparatifs randomisés en double aveugle (alias double insu) utilisant des critères cliniques d'évaluation pertinents (lire aussi "Prouver l'efficacité d'un traitement"). N'en déplaise à ceux qui considèrent que cette étape retarderait l'accès des patients aux "innovations" et proposent, pour gagner du temps, d'exploiter les résultats d'observations faites "en vie réelle" à l'aide de nouvelles méthodes d'analyse statistique, ou de constituer des "groupes témoins virtuels" grâce à l'intelligence artificielle

Choix difficile

Dans de nombreuses maladies inflammatoires chroniques, une corticothérapie par voie systémique a une certaine efficacité pour atténuer et prévenir les poussées. Les corticoïdes sont utilisés depuis très longtemps et leur profil d'effets indésirables est largement connu. Ce profil est chargé, avec des effets indésirables parfois graves, notamment en cas d'utilisation prolongée ou à fortes doses

Soins aux enfants : agir résolument

En France, alors que l'épidémie de bronchiolite était déjà préoccupante fin 2022, le Ministre de la santé a annoncé des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant pour le printemps 2023 (1). Ses participants pourront s'appuyer sur les nombreux états des lieux déjà consacrés au délabrement de l'organisation des soins aux enfants et adolescents en France

Abandons

Les "déserts médicaux" sont une réalité préoccupante dans de nombreux territoires de France, en ville comme à la campagne. Des enquêtes réalisées dans d'autres pays concernés par ce problème montrent que, dans leur choix d'installation, les médecins sont influencés par leurs origines sociales et territoriales. Et aussi par les conditions locales de travail et de vie, pour eux-mêmes et leurs proches. Des expériences montrent que des mesures uniquement contraignantes ou uniquement financières sont insuffisantes, voire inefficaces, pour résoudre le problème (lire aussi ""Déserts médicaux" : les pistes tirées d'expériences menées hors de France")

Éthique négligée

La bilastine (Bilaska°), un antihistaminique H1, a été autorisée chez les enfants atteints d'une rhinoconjonctivite allergique ou d'une urticaire, par extrapolation des données recueillies chez des adultes. Son dossier comporte cependant un essai versus placebo, dont l'objectif principal était d'évaluer les effets indésirables (lire aussi "bilastine (Bilaska°) et rhinoconjonctivite allergique ou urticaire à partir de l'âge de 6 ans"). On savait déjà que chez les adultes et les adolescents, la bilastine n'est ni plus efficace ni mieux supportée que d'autres antihistaminiques H1

Violences faites aux femmes : conséquences à long terme aussi

Longtemps cantonnées aux domaines de la police et de la justice, les violences conjugales sont devenues une véritable préoccupation de santé publique à partir des années 1990 sous l'impulsion des Nations unies et des mouvements féministes (a)(1). Depuis, le phénomène est étudié et les évolutions statistiques sont suivies. Alors que les conséquences immédiates de ces violences sont bien identifiées depuis longtemps, les conséquences à plus long terme sont moins étudiées (2)

Négligence(s)

Selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) daté du 27 octobre 2022, la tuberculose a touché en 2021 près de onze millions de personnes dans le monde, dont environ un million d'enfants. Plus d'un million et demi de personnes en sont mortes. Cette année-là, la tuberculose a été la deuxième cause de mortalité due à une maladie infectieuse, derrière le covid-19, mais devant le sida. La plupart des personnes atteintes de tuberculose vivent dans des régions ou des quartiers "pauvres"

Indissociables

Pour déterminer l'intérêt éventuel d'un médicament pour un patient dans une situation clinique donnée, les deux plateaux de la balance bénéfices-risques comptent : l'efficacité d'un côté, les effets indésirables de l'autre. Or, les effets bénéfiques et délétères ne se manifestent pas nécessairement dans le même temps. Et il est souvent tentant de ne prendre en compte que les bénéfices à court terme, en négligeant les risques, surtout ceux qui pourraient arriver à plus longue échéance

Hydroxychloroquine, de gré ou de force

En juillet 2020, les résultats de plusieurs essais avaient démontré l'inefficacité de l'hydroxychloroquine dans la maladie covid-19. Et pourtant elle a conservé de fervents défenseurs

Ordre de grandeur

Dans de nombreux domaines tels que l'aéronautique ou la mécanique, la précision d'une mesure, d'une réalisation, est indispensable. C'est aussi le cas dans certains domaines de la médecine tels que l'anatomopathologie ou la biologie. Par exemple, il importe d'avoir une description précise de la structure tissulaire d'un prélèvement tumoral quand de cette précision dépendent des choix thérapeutiques. Et on sait l'intérêt de déterminer avec précision une kaliémie

Des gagnants et des perdants

Dans l'Union européenne, depuis le milieu des années 2000, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'un médicament peut être conditionnelle, c'est-à-dire accordée à condition que la firme apporte par la suite les données justifiant une AMM standard, "pleine et entière". L'objectif affiché est louable : donner accès plus rapidement à un médicament dans des situations où patients et soignants sont démunis. En contrepartie, les patients sont exposés à des médicaments moins connus, avec un risque plus grand qu'ils s'avèrent plus dangereux qu'utiles, et que certains patients se retrouvent perdants. Autrement dit, le service rendu aux firmes par les AMM conditionnelles est certain, celui rendu aux patients beaucoup moins

Réduire les pesticides : de fortes ambitions européennes à concrétiser

Fin juin 2022, la Commission européenne a présenté une proposition de règlement qui imposerait une réduction de 50 % de l'utilisation des pesticides pour les plantes dans l'Union européenne d'ici 2030 par rapport à leur utilisation moyenne entre 2015 et 2017 (1)

Édification

Une décision de soins partagée résulte de la relation entre un patient et un ou des soignants, et repose sur des données d'évaluation disponibles. Ces données sur lesquelles s'appuyer, alias "preuves", sont évolutives. Elles sont le fruit d'un processus permanent de construction et de reconstruction, qui participe à l'édification des connaissances. Ce processus est un signe de vitalité, et non de fragilité : il garantit qu'aucune connaissance, même considérée comme acquise, ne soit à l'abri d'un débat contradictoire, qui peut s'avérer fécond et améliorer les soins

Allers-retours public-privé : confusion des intérêts

En France comme ailleurs, après avoir exercé dans le secteur public, certains hauts responsables accèdent à des postes dans le secteur privé à but lucratif, et vice-versa. Ces situations posent des problèmes de confusion des rôles et de conflits d'intérêts néfastes à l'intérêt public. Le secteur de la santé ne manque pas d'exemples en la matière

Pas d'accord !

Quand un nouveau médicament n'a pas d'efficacité clinique démontrée et qu'il semble exposer à des risques graves, il paraît évident qu'il est plus dangereux qu'utile, d'où notre cotation "Pas d'accord". Mais même quand ils ont une certaine efficacité, certains médicaments sont plus dangereux qu'utiles

Europe et médicaments

Dans l'Union européenne, de nombreux aspects de la politique de santé sont gérés au niveau de chaque pays. Mais la plupart des décisions politiques, juridiques et administratives concernant les médicaments sont prises au niveau européen. La Commission européenne, le Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen ainsi que l'Agence européenne du médicament (EMA) tiennent un rôle-clé, depuis l'encadrement juridique des médicaments jusqu'à leur autorisation de mise sur le marché (AMM) ou leur retrait pour raison de pharmacovigilance

Cascade et désescalade

Une petite fiction : quand la firme pharmaceutique MuliplAssosse a proposé de prévenir les effets indésirables de la duchmoline grâce à la nocivozine, il restait à prévenir les effets indésirables de cette dernière. La firme a alors rapidement proposé une solution : ajoutons un troisième médicament !

Grands crus et grandes écoles françaises : des liens stratégiques

En France, la présence d'une ex-lobbyiste du vin auprès du président de la République semble avoir été un moyen efficace de défendre les intérêts de la filière viticole et d'interférer avec des politiques de prévention jugées trop stigmatisantes par les professionnels du vin et leurs alliés (1,2). D'autres stratégies d'influence sont à l'œuvre, spécialement au sein de grandes écoles françaises, depuis déjà plusieurs décennies pour certaines

Mots piégeux

Les soignants connaissent de nombreux pièges de la langue, la nécessité de bien peser ses mots, et de chercher le sens véritable de ceux des patients, ce qui n'est pas toujours évident

Exiger

Dans son rapport public sur l'évaluation du nivolumab (Opdivo°) en traitement adjuvant de certains cancers de l'œsophage, l'Agence européenne du médicament (EMA) n'a pas précisé les données comparatives de mortalité du principal essai clinique transmis par la firme. Elle a rapporté la mortalité pour l'ensemble des patients, mais sans détailler la mortalité dans chaque groupe, nivolumab ou placebo (lire aussi "nivolumab (Opdivo°) en traitement adjuvant de certains cancers de l'œsophage"). L'argument avancé par l'EMA est que ces résultats n'étaient pas disponibles au moment de son évaluation, au prétexte que les données étaient alors "préliminaires" ("immatures" en anglais), c'est-à-dire incomplètes, par manque de recul

Un vaccin covid-19 africain,malgré les freins des firmes

En Afrique, début 2022, environ une personne sur 6 seulement était vaccinée contre le covid-19, soit 4 à 5 fois moins que sur les autres continents (1). C'est une motivation forte pour chercher à y produire un vaccin de qualité à prix abordable contre cette maladie

Étifoxine « peut-être pas inefficace » : quand le doute profite à la firme, et non aux patients

Patients et soignants s'attendent à ce qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) garantisse l'existence de preuves de l'efficacité du médicament autorisé, si ce n'est versus un comparateur pertinent, au moins versus un placebo. Et ils sont aussi en droit d'attendre que cette AMM garantisse aussi un profil d'effets indésirables acceptable de ce médicament

Pavés (dans la mare)

Des proches recueillaient souvent de leurs "vieux" en Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) la plainte que ce n'était pas si bien qu'à la maison. Mais c'était sans doute une réaction naturelle. Quelques incidents étaient à l'origine de plaintes individuelles, parfois portées en justice. Rien toutefois qui fasse grand bruit médiatique, ni empêche le monde des Ehpad de continuer à tourner, ni empêche les actionnaires d'établissements à but lucratif de continuer à prospérer. Des membres du personnel aussi protestaient de leur nombre insuffisant, et de leurs conditions de travail déshumanisantes. Un plan vieillesse était même envisagé. Mais tout pouvait attendre. Jusqu'à la publication en février 2022 de l'ouvrage de Victor Castanet (lire aussi "Les fossoyeurs")

Contraste

En situation de soins palliatifs, pour obtenir une sédation profonde et continue visant à apaiser les patients, le midazolam est la benzodiazépine de référence, en raison de ses effets hypnotiques et de ses propriétés pharmacologiques, en particulier sa bonne biodisponibilité par diverses voies d'administration. Elle a aussi l'avantage d'avoir une courte demi-vie d'élimination plasmatique. Tout cela est connu depuis belle lurette. Et pourtant, il a fallu attendre 2021 pour que le midazolam soit autorisé dans cette situation en France, après des années d'utilisation hors autorisation. Réservé d'abord à un usage hospitalier, il a fallu attendre encore 2022 pour que ce médicament utile soit disponible en officine, alors des dizaines de milliers de patients seraient concernés chaque année par un accompagnement palliatif (lire aussi "Midazolam injectable : en officine, pour la sédation en fin de vie")

Commercialisation d'une teinture d'opium : retour au 19e siècle !

La teinture d'opium a été commercialisée en France sous forme d'élixir parégorique, dont la formulation au goût anisé contenait aussi du camphre. La première formulation de cet élixir date de 1837. Un usage détourné par des personnes dépendantes aux opioïdes a été rapporté. Les spécialités pharmaceutiques contenant de l'élixir parégorique ont été retirées du marché français en 2008 (1,2). Des spécialités contenant de la poudre d'opium sont encore commercialisées en 2022 pour certaines douleurs

Soins hospitaliers en péril

L'hôpital va mal en France, et cela fait des années que la crise est annoncée, puis vécue au quotidien, sans que les mesures prises semblent à la hauteur des enjeux

Les mots justes

Une partie fondamentale des métiers de soignants réside dans les mots : l'écoute attentive des mots du patient d'abord, puis les mots qui répondent, qui informent, qui expliquent, qui conseillent, qui apaisent. Dans leurs relations avec les patients, les soignants à l'écoute cherchent à employer les mots les plus faciles à comprendre pour réussir à transmettre une information

Chimère

Les agonistes du GLP-1, tel le liraglutide, sont hypoglycémiants et exposent à une perte de poids. Après avoir été autorisé sous le nom commercial Victoza° dans le diabète de type 2, le liraglutide l'a ensuite été, sous le nom de Saxenda°, chez les patients adultes obèses. Dans les essais cliniques, la perte de poids a été généralement peu importante, les patients ont repris une partie du poids perdu à l'arrêt du médicament et il n'a pas été démontré d'effet bénéfique sur les complications cliniques de l'obésité. Puis, l'autorisation a été étendue aux adolescents obèses (lire aussi "liraglutide (Saxenda°) et obésité chez les adolescents"). L'évaluation chez eux montre les mêmes effets sur le poids que chez les adultes. Et aux effets indésirables déjà connus, parfois graves, s'ajoute le signal d'un risque de comportements suicidaires

L'Organisation mondiale du commerce, terrain d'influence des alcooliers

Depuis 1995, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) vise à libéraliser les échanges commerciaux entre les pays membres (164 en 2022) (1,2). Garante notamment de l'accord sur le respect de la propriété industrielle, elle joue aussi un rôle dans l'orientation des politiques de santé publique (2)

Évaluation des contraceptifs hormonaux par voie orale : les règles doivent changer !

L'association de l'estétrol (un estrogène) avec la drospirénone (un progestatif) est une énième association estroprogestative commercialisée en France comme contraceptif par voie orale. L'analyse de son évaluation montre qu'elle n'aurait pas dû être autorisée (lire aussi "estétrol + drospirénone (Drovelis°) et contraception orale")

Résistances aux antibiotiques : une menace croissante

Les résistances aux antibiotiques deviennent une des principales causes de mortalité dans le monde, faute d'efforts suffisants pour les prévenir et les combattre

Changer de paradigme

Face au moindre problème de santé, on cherche bien souvent une réponse médicamenteuse plutôt que d'envisager d'autres manières d'accompagner ou d'aider. Ce réflexe, enraciné dans la société, est renforcé lors de la formation des soignants, puis entretenu, par une multitude de sources d'influences servant des intérêts à cultiver la médicamentation de la société

Locutions optimistes

Parfois, il est difficile de savoir si un nouveau médicament antitumoral apporte un progrès pour mieux soigner les patients, car son évaluation a reposé uniquement sur des critères intermédiaires, non cliniques

Raretés fréquentes

Prescrire aborde souvent des situations fréquentes en soins de premier recours, notamment dans la rubrique Stratégies

Trompe-l'œil

Utiliser un dosage faible d'un médicament plutôt qu'un dosage fort a parfois pour objectif de diminuer la dose cumulée de médicament à laquelle les patients sont exposés, et ainsi diminuer d'éventuels effets indésirables dose-dépendants. Et si ce dosage faible ne l'était pas tant que cela ?

Covid-19 : retards dans d'autres soins

On estime qu'entre début 2020 et début 2022, la pandémie de covid-19 a entraîné directement la mort d'au moins 5 millions de personnes dans le monde, et un covid long chez des millions d'autres (1,2). Les mesures de lutte contre la pandémie ont par ailleurs dégradé la qualité des soins pour d'autres maladies

Et si je devenais enceinte ?…

Avoir un projet de grossesse, commencer à l'envisager, ne pas s'en préoccuper sans pour autant l'exclure ; ou bien l'exclure, tout en sachant qu'une contraception échoue parfois… Difficile de programmer, de contrôler et donc d'anticiper une grossesse. Par exemple, en France, près de 90 % des femmes enceintes n'ont pas bénéficié d'une prescription d'acide folique dans les 3 mois précédant la conception (lire aussi "Les femmes enceintes encore très exposées à des médicaments en France (suite)"). La non-anticipation de la grossesse fait partie des multiples explications

Données captées

La spécialité Enerzair Breezhaler°, autorisée dans l'asthme, est commercialisée avec ou sans un capteur électronique (lire aussi "indacatérol + glycopyrronium + mométasone (Enerzair Breezhaler°) et asthme"). Fixé à l'inhalateur, ce capteur enregistre diverses informations concernant la prise du médicament. Les données peuvent ensuite être transmises à une application installée sur un smartphone ou une tablette, pour un suivi par le patient ou une personne de son entourage telle qu'un soignant. Le patient est invité à saisir d'autres données personnelles dans l'application

Gynécologie : de la charte aux pratiques

La question des violences sexistes et sexuelles lors de soins gynécologiques et obstétricaux en France a émergé sur les réseaux sociaux, dans les médias, puis a fait en 2018 l'objet d'un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) (1). Ce rapport distingue divers types de conduites allant de la maladresse verbale aux violences sexuelles et recommande notamment de « définir des repères pour un suivi gynécologique et obstétrical respectueux de la personne et de ses choix » (1)

Pas si courant

Indépendance. Un mot souvent galvaudé, y compris dans le domaine de la santé. En 2022 encore, des soignants et des formateurs mettent en avant leur indépendance, alors qu'ils suivent ou dispensent leur formation aux frais d'acteurs ayant des intérêts commerciaux ou financiers. Ils arguent par exemple que ce financement n'empêcherait en rien leur indépendance intellectuelle et n'induirait aucune autocensure, ou que multiplier les financeurs neutraliserait leurs influences, ou que le financement de la formation par un organisme public tel que l'assurance maladie serait sans aucun risque d'influence. Des associations de patients aussi tiennent ce type de raisonnement

Choix stratégique

Le choix du critère principal d'évaluation, dans un essai mené en vue d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) d'un médicament, est un élément stratégique pour les firmes. Il est plus simple et moins coûteux de choisir un critère de survenue fréquente, sensible à de petites variations, facile à évaluer, qu'un critère pertinent mais peu fréquent, ou peu reproductible, ou difficile à chiffrer

"Données en vie réelle" : intérêt à préciser

Les "données en vie réelle", générées à l'occasion des soins, sont souvent présentées comme un enjeu majeur pour la qualité des soins (a)(1). Elles sont utilisées pour le suivi des traitements. Depuis quelques années, elles sont même promues à l'appui de demandes d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de médicaments. Début 2022, quel est leur intérêt dans ce contexte ?

EMA, trop d'opacité

En 1995, la création de l'Agence européenne du médicament (EMA) a représenté une avancée par rapport aux pratiques de l'Agence française du médicament à cette époque. Ainsi, la mise en ligne par l'EMA d'informations sur l'évaluation des médicaments, avec notamment ses Rapports publics d'évaluation, a été un progrès important dans la transparence sur les données détenues par l'Agence

Pièces manquantes

Quand un médicament est commercialisé, les zones d'ombre sont en général encore nombreuses, avec un puzzle des connaissances incomplet. Il manque des pièces concernant ses effets indésirables, car l'évaluation initiale est généralement d'abord conçue pour trouver des avantages à l'utilisation du médicament. Il manque aussi des pièces concernant l'efficacité, notamment sur certaines manifestations cliniques de la maladie. Par exemple, dans les essais cliniques, l'aprémilast (Otezla°) a diminué chez des patients atteints de la maladie de Behçet le nombre d'aphtes buccaux et la douleur qui y est liée (lire aussi "aprémilast (Otezla°) et aphtes buccaux liés à la maladie de Behçet"). Il s'agit d'un progrès manifeste, mais on ne sait pas quelle est l'efficacité éventuelle de ce médicament sur d'autres manifestations graves de cette maladie telles que les uvéites

Covid-19 : des agressions de soignants déroutantes

Les menaces de mort proférées contre des soignants et scientifiques qui s'efforcent dans les médias d'éclairer le grand public sur la pandémie de covid-19 sont déroutantes. L'agressivité de certains patients à l'encontre de ceux qui cherchent à les soigner l'est tout autant

À retenir

En décembre 2021, Prescrire a publié la mise à jour annuelle de son bilan des médicaments plus dangereux qu'utiles (lire n° 458, p. 935-947). Fondé sur une évaluation rigoureuse et méthodique, ce bilan actualisé répertorie une centaine de médicaments autorisés en France ou dans l'Union européenne dont la balance bénéfices-risques apparaît défavorable, fin 2021. Prescrire conseille d'écarter ces médicaments des soins, et appelle à leur retrait du marché, dans l'intérêt des patients et du système de santé

Négligence

Les données d'évaluation d'un nouveau médicament ou d'un médicament dans une nouvelle situation clinique sont cruciales pour déterminer sa balance bénéfices-risques. Les résultats disponibles laissent planer plus ou moins d'incertitudes

Vaccins covid-19 : de bonnes affaires aussi

La rapidité avec laquelle des vaccins efficaces ont été mis au point pour lutter contre la pandémie de covid-19 a surpris. La rapidité avec laquelle certaines firmes en ont profité est spectaculaire aussi

Conflits d'intérêts : une transparence trop partielle en Europe

L'épidémie de covid-19 et la recherche de traitements ont été l'occasion, en France et ailleurs, d'une utilisation fréquente de la notion de conflit d'intérêts dans les débats publics. Mais cette évocation a parfois obscurci le sujet au lieu de l'éclairer

Déprescription raisonnée

Réduire ou arrêter l'utilisation de médicaments inutiles, voire délétères, vise à "ne pas nuire". Ce n'est pas une préoccupation nouvelle, comme l'atteste cette citation de Philippe Pinel, médecin aliéniste au 18e siècle : « (…) dans la manie, comme dans beaucoup d'autres maladies, s'il y a un art de bien administrer le médicament, il y a un art encore plus grand de savoir quelquefois s'en passer ». Ces dernières années, les termes "déprescrire" et "déprescription" sont devenus de plus en plus utilisés. Mais déprescrire n'est pas simple

Pragmatisme

Depuis plus de 40 ans, Prescrire réalise des analyses critiques de l'évaluation des nouveaux médicaments et examine s'ils apportent ou non un progrès concret par rapport à ce qui existe déjà. Pour chaque nouveauté se pose alors la question suivante : est-ce plus efficace, moins dangereux ou plus pratique que le traitement de référence connu ? Souvent, l'analyse des données d'évaluation amène à conclure à une absence de preuve de progrès, traduite par la cotation "N'apporte rien de nouveau"

Équilibre

Comment exercer son métier de soignant sans s'appuyer sur les données d'évaluation en santé, alors qu'il s'agit de faire en sorte que les patients puissent tirer le meilleur parti d'un traitement ou d'une abstention de traitement ? Comment décider à bon escient sans tenir compte aussi de la multitude d'autres facteurs, personnels, familiaux, socioculturels, physiques, affectifs, ou autres, propres à chaque patient, à chaque soignant, et à chaque relation entre patient et soignant ?

Coulisses

Depuis 1981, les conditionnements des médicaments sont analysés par Prescrire, parce qu'ils constituent un élément important dans la prévention des erreurs médicamenteuses. Des extraits de ces analyses apparaissent au fil des numéros. Et une fois par an, ce travail aboutit à l'élaboration d'un Palmarès du conditionnement et d'un bilan qui rassemble les faits marquants repérés durant l'année écoulée

Accès précoce aux médicaments : au bénéfice de qui ?

Les autorisations temporaires d'utilisation (ATU) ont été créées en France en 1994 surtout pour importer des médicaments afin de traiter à titre compassionnel des patients atteints du sida ou de certains cancers en impasse thérapeutique (1,2)

Sobriété médicamenteuse

Il y a de multiples explications à l'accumulation des médicaments pris ou à des traitements prolongés indéfiniment chez certains patients. Dans certains cas, cela est justifié, par exemple chez des patients atteints de plusieurs maladies qui s'aggraveraient assurément si elles n'étaient pas traitées

Patchwork

Les gliflozines augmentent le passage du glucose du sang dans les urines. Leur évaluation initiale au début des années 2010 chez des patients diabétiques a montré un effet modeste pour diminuer la glycémie, sans efficacité démontrée sur les complications du diabète, et des risques disproportionnés. Ce qui a alors conduit Prescrire à considérer leur balance bénéfices-risques comme défavorable

Alzheimer : encore un médicament mal venu

Un médicament efficace dans la maladie d'Alzheimer ? Aucun doute qu'un tel médicament serait plus que bienvenu pour nombre de patients, leurs proches et les soignants. Et pourtant, l'annonce par la Food and Drug Administration (FDA) étatsunienne d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour ce qu'elle a qualifié de « premier traitement agissant sur le processus sous-jacent à la maladie d'Alzheimer » a été accueillie par de nombreuses critiques (1)

Un départ, à nouveau

Septembre. C'est souvent un mois de transition, marqué par un très net changement de rythme après la période estivale. Pour beaucoup, c'est le mois qui signale le début d'une nouvelle année d'activités, qu'elles soient scolaires, universitaires ou professionnelles. Ce mois est aussi une occasion de se poser avant de repartir, en faisant le bilan de l'année écoulée et en cherchant à prendre de la distance devant des comportements néfastes. Peut-être encore plus en 2021, après tant de bouleversements provoqués par la pandémie de covid-19. Par exemple, en se questionnant sur les conséquences psychiques de la médiatisation excessive d'une multitude d'informations souvent peu fiables, voire trompeuses (lire aussi "Covid-19 : l'exposition aux médias d'information, possible facteur d'anxiété")

Juste valeur

Le conditionnement des médicaments est bien plus qu'un simple emballage. Il est un critère de qualité et de choix pour sécuriser les soins. Mal conçu, il augmente le risque d'erreurs, de natures diverses, ce qui expose à des effets indésirables ou à une perte d'efficacité du médicament

Une "expertise" médiatique pas toujours éclairante

La pandémie de covid-19 est aussi une pandémie d'incertitudes. Beaucoup de personnes en sont affectées, surtout quand elles ont déjà d'autres soucis ou d'autres vulnérabilités. Quelques-unes cherchent des certitudes, voire en inventent, et s'y accrochent, parfois contre toute évidence. Ainsi, tout est dit et son contraire, notamment dans les innombrables cafés du Commerce, dans les médias, au coin de la rue, ou sur les réseaux sociaux

Vaccins covid-19 : pas pour tout le monde

Fin mai 2021, certains des pays les plus riches comptaient plus de 50 % d'adultes vaccinés contre le covid-19 et commençaient à vacciner les enfants (1,2). Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a invité ces pays à plutôt partager leurs vaccins avec les pays moins riches qui n'en ont pas assez pour vacciner les soignants, et où les hôpitaux sont submergés de patients en urgence vitale, parlant de « catastrophe morale » (1,2)

Pour une solidarité "en règles"

Les questions de santé liées aux menstruations ne se limitent pas aux douleurs, au syndrome de choc toxique ou aux substances chimiques présentes dans certaines protections périodiques. Pouvoir tout simplement disposer de ces produits d'hygiène en fait aussi partie (1)

Un procès pour éviter un nouveau désastre : comprendre et dissuader

La longueur du procès Mediator° (sept mois) rend difficile un compte rendu exhaustif. Prescrire a fait le choix de porter son regard surtout sur la partie du procès concernant l'Agence française du médicament et ses experts, et non sur celle concernant la firme Servier (lire aussi "Mediator° : procès d'un entre-soi entre des acteurs de l'Agence du médicament et une firme influente"). L'Agence, investie d'une mission de service public, est censée défendre l'intérêt des patients. En tant que "gendarme du médicament", elle a une mission de contrôle vis-à-vis des firmes, quels que soient leurs intentions, leurs méthodes et leur modèle économique. L'Agence aurait dû retirer plus tôt Mediator° à base de benfluorex

Prescriptions

"Prescrire de faire quelque chose" c'est préconiser, recommander. C'est aussi : conseiller formellement. Pour illustrer la dimension thérapeutique du mot "prescrire", le Petit Robert s'en remet à une citation de Victor Hugo : « Le médecin prescrivit une infusion de quinquina pur ». Dans le domaine des soins, l'acte de prescription est ainsi communément associé à la profession de médecin. Et pourtant ! En quoi l'acte de prescription devrait-il se limiter aux seuls médecins ? Et pourquoi devrait-on considérer que prescrire est un acte formalisé, symbolisé par une ordonnance ?

Prononcer l'incertitude

Chaque mois, Prescrire examine dans quelle mesure les nouveaux médicaments et les nouvelles indications ou nouvelles formes de médicaments apportent ou non un progrès thérapeutique. Pour cela, la Rédaction analyse de façon méthodique les données d'évaluation, en les confrontant au meilleur choix thérapeutique disponible

Des chiffres et des mots

La médecine fondée sur les preuves allie l'expérience clinique individuelle avec les meilleures preuves cliniques disponibles. En période de pandémie de covid-19 notamment, certains ont délaissé cette alliance féconde, ont fait la part belle à leur propre expérience, la hissant parfois au rang d'"expertise", aux dépens des meilleures preuves cliniques. Peut-être parce que depuis quelques décennies les preuves attendues reposent trop souvent sur beaucoup de chiffres et d'analyses statistiques. À tel point que certains autres ont négligé la valeur de l'expérience clinique, laissant leur esprit englué par l'idée que seuls les chiffres et les tests statistiques sont garants de preuves. Mais les chiffres ne disent pas tout de la santé d'un humain

Stratégies anticopies nocives

À l'échéance des dispositions qui assurent à une firme l'exclusivité de la vente d'un médicament princeps, celui-ci devient souvent concurrencé par des copies sur le marché. En réaction, certaines firmes développent des stratégies anticopies. Il peut s'agir d'un dérivé présenté comme un progrès, tel l'escitalopram (Seroplex°), en fait seulement un énantiomère de l'antidépresseur citalopram (Seropram°). Ou d'une nouvelle formulation du princeps, comme avec Coversyl° (à base de périndopril, un inhibiteur de l'enzyme de conversion), dont l'expression du dosage a changé sur les étiquetages, le distinguant, à tort, des copies, alors que princeps et copies contiennent la même quantité de médicament

Des consultants à tout faire

Le choix de confier au cabinet de conseil McKinsey l'élaboration de la campagne de vaccination contre le covid-19 en France a beaucoup surpris (1). Pourtant la sous-traitance d'activités d'intérêt public à des consultants privés est fréquente et ancienne (2)

Les coulisses d'un revirement sur le remboursement de la cladribine : insistances et influences

Fin 2018, la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) avait conclu à un service médical rendu (SMR) "insuffisant" de la cladribine par voie orale (impliquant l'absence de remboursement par la Sécurité sociale) chez les patients atteints d'une forme très active de sclérose en plaques évoluant par poussées. La Commission avait notamment considéré que son évaluation était inadaptée, car : 70 % des patients inclus dans le seul essai clinique disponible avaient une forme peu active ; et la cladribine n'avait été comparée qu'à un placebo malgré l'autorisation d'autres médicaments dans cette situation clinique (1,2)

Régulation des cosmétiques : une situation alarmante

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dresse un tableau alarmant des moyens d'évaluation et de surveillance des produits cosmétiques, tant au niveau français qu'au niveau européen (1)

Morts à éviter

Certains procès retentissants, en France et ailleurs (Vioxx°, Mediator°, opioïdes, etc.), mettent à la une des médias des désastres causant des milliers de victimes rendues malades d'un médicament

Débrouille

Un médicament destiné à des enfants doit apporter certaines garanties de qualité et de sécurité : une forme prête à l'emploi ou nécessitant le moins de manipulations possible, un ou des dosages adaptés à la posologie variable selon l'âge ou le poids de l'enfant, un dispositif précis de mesure de la dose quand une présentation multidoses est commercialisée. En somme, rien d'insurmontable. Et pourtant…

Question de temps

Prendre le temps de lire Prescrire. S'en servir pour faire le tri entre l'utile, le moins utile et le trop dangereux pour les patients. S'appuyer sur Prescrire qui offre la garantie d'une information fiable, libre de conflits d'intérêts

Bas les masques !

Des dérivés de l'amphétamine, il y en a encore sur le marché ? Oui, et il est utile pour les soignants de savoir les repérer, afin de prévoir leurs effets, et notamment leurs effets indésirables, en particulier cardiovasculaires

Génération covid-19

Les enfants et les jeunes sont relativement épargnés par la maladie covid-19. Mais pas par les moyens de lutte contre l'épidémie, qui ont parfois des conséquences délétères, notamment sur leur santé mentale et leurs conditions de vie

(In)compréhensions

Pour faire leur métier, les professionnels de santé ont à expliquer aux patients aussi clairement que possible, loyalement, les éléments d'un choix, les bénéfices prévisibles d'une intervention. Sans les enjoliver. Sans encourager à des espoirs infondés. Sans omettre les risques encourus. Sans masquer le degré d'incertitude inhérent à toute décision. Apporter aux patients ces éléments de compréhension est crucial afin qu'ils puissent partager les décisions, ou tout au moins consentir ou non aux soins proposés, en confiance

Signaux d'alarme

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont des médicaments efficaces dont l'emploi est justifié, pendant quelques semaines, dans des reflux gastro-œsophagiens sévères, en cas d'œsophagite ou d'ulcère gastrique ou duodénal. En 1990, lors de la commercialisation du premier IPP en France, Prescrire avait pointé l'absence de données sur ses effets indésirables à long terme

Médicaments et vaccins du covid-19 : gros sous et alliances gagnantes

Le marché pour les médicaments et les vaccins du covid-19 est gigantesque, concernant des milliards de personnes avec potentiellement des dizaines de milliards de dollars à la clé. Business as usual ? Pas tout à fait

Compléments alimentaires : quel rôle pour les professionnels de santé ?

En 2006, Prescrire appelait à la prudence à la suite de la transposition en France de la directive européenne de 2002 sur les compléments alimentaires : « les modalités d'"autorisation" de ces ingrédients laissent pour le moins perplexe (…). La Directive sur les compléments alimentaires a surtout été conçue pour ne pas entraver la libre circulation des marchandises dans l'Union européenne (…). Il en résulte une réglementation-passoire » (1)

40 ans

« Œuvrer, en toute indépendance, pour des soins de qualité, dans l'intérêt premier des patients » : cet extrait de l'article 1 des statuts de l'Association Mieux Prescrire figure en haut de la page II de couverture de chaque numéro de la revue Prescrire, face à l'éditorial. Cet objectif très clair introduit la longue liste des personnes qui contribuent à Prescrire : la centaine de relectrices et relecteurs qui ont donné de leur temps pour fournir une critique constructive des textes du numéro concerné avant leur publication ; la centaine de membres de l'équipe Prescrire, femmes et hommes qui construisent ensemble, grâce à leurs divers métiers et compétences, la revue et les autres productions de l'Association Mieux Prescrire

Pas si locale

Il est parfois utile d'établir avec un patient la liste de tous les produits de santé qu'il utilise. Quand on cherche d'éventuelles interactions médicamenteuses. Quand on veut déterminer si un trouble a une cause médicamenteuse. Quand une grossesse est possible. Certains produits sont assez facilement mentionnés. D'autres, souvent banalisés, sont souvent omis, tant par les patients que par les soignants. Par exemple : ceux pris en automédication, une contraception hormonale, un produit de phytothérapie, des compléments alimentaires. Et aussi les médicaments appliqués localement, dont on pourrait croire qu'ils n'agissent que sur une petite partie du corps, sans conséquence à distance

Disposer d'un logement : un pas essentiel vers la santé

En France, environ 30 % des personnes vivant durablement dans la rue souffrent de troubles psychiques sévères (1). Leur errance fait obstacle au suivi des soins. Aux États-Unis d'Amérique, dans les années 1980, ce constat a conduit à élaborer des programmes d'accès à un logement, sans obligation préalable de soins ou de sevrage d'une éventuelle addiction (2). En France, le programme "Un chez soi d'abord", inspiré de ces initiatives et d'une expérience marseillaise menée à la fin des années 2000, vise depuis 2011 à permettre à des personnes majeures sans abri, fortement touchées par la précarité et ayant des troubles psychiques sévères (schizophrénie ou troubles bipolaires), d'accéder à un logement, sans obligation de soin ou de sevrage (2,3). Une équipe mobile médicopsychosociale, comprenant notamment un médiateur de santé-pair, les accompagne, soucieuse des priorités des personnes aidées (3)

Faire son métier

Patients et soignants ont tout intérêt à pouvoir compter sur des industriels efficaces. Des industriels qui commercialisent des médicaments éprouvés, plus utiles que dangereux, qui apportent des progrès tangibles dans tel ou tel domaine thérapeutique

Dissuasion

Depuis des années, des médicaments de thérapie dite ciblée sont commercialisés pour certains cancers. Il s'agit d'antitumoraux dont l'utilisation est généralement limitée aux patients atteints d'un cancer bien identifié, avec une particularité génétique

Le gâchis des essais cliniques dans le covid-19

La pandémie de covid-19 a donné lieu à de très nombreux essais cliniques évaluant diverses pistes de traitement. Pas toujours à bon escient

Usages

Prescrire a 40 ans. 40 années à soutenir, contre vents et marées, le mérite et l'engagement des professionnels de santé au service de la qualité des soins due aux patients

Échelles de valeurs

Le cancer bronchique à petites cellules est souvent rapidement mortel malgré les traitements. En ajout à une chimiothérapie, l'atézolizumab a allongé de deux mois la durée médiane de survie des patients, dans un essai clinique. Au prix d'effets indésirables parfois graves (lire aussi "Atézolizumab (Tecentriq°) et certains cancers bronchiques à petites cellules")

Mediator° : la norfenfluramine au cœur du procès

Le jugement dans le procès pénal Mediator° est attendu fin mars 2021, douze ans après le retrait du marché français de ce médicament qui a causé la mort de plusieurs centaines de personnes par hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ou par valvulopathie (1)

Cultiver l'entretien

L'épidémie de covid-19 a été à l'origine d'un grand nombre de changements de mode de vie. En 2020, en l'absence de traitement médicamenteux préventif ou curatif efficace contre le virus, "confinement", "distanciation", "gestes barrières" sont devenus des réalités du quotidien

Médicaments orphelins : règlement européen à corriger

En 2000, l'Union européenne, à la suite d'autres pays, a adopté un règlement encourageant les firmes à mettre sur le marché des médicaments dits orphelins dans le traitement de maladies rares (règlement CE 141/2000) (1). Dès 2006, les limites de ce règlement, et son utilisation abusive par certaines firmes étaient déjà manifestes (2). Des évaluations publiées en 2020 confirment ces défauts (3)

Comme les autres ?

Il en est des vaccins comme des autres médicaments : leur intérêt est variable. Certains vaccins sont utiles quand une large population est vaccinée ; d'autres sont à réserver à des personnes qui ont des risques particuliers. Il existe aussi des vaccins sans intérêt, par exemple parce qu'ils protègent d'une maladie bénigne ; et des vaccins qui exposent à des risques démesurés par rapport à leur efficacité clinique, minime ou incertaine

Essais comparatifs : une question d'éthique

La pandémie de covid-19 a été l'occasion d'une très forte exposition médiatique de la recherche médicale, de ses méthodes, de ses incertitudes, de ses controverses et de ses manipulations. Parmi les questions débattues avec passion figure celle des essais comparatifs, sous les angles scientifique et éthique

En deux temps

Pour les soignants, il s'agit parfois d'aller au plus vite, quand il y a urgence. La rapidité est alors une qualité nécessaire, au même titre que la compétence et l'efficience de l'organisation collective

Grand écart

Dans l'Union européenne et ailleurs, la tendance est à l'accélération des procédures d'octroi d'autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments, au risque de ne pas avoir les garanties minimales d'efficacité clinique et de connaissance de leurs effets indésirables. Une tendance accentuée par le contexte de la pandémie de covid-19. C'est le cas par exemple du remdésivir (Veklury°) : lire aussi "remdésivir (Veklury°) et covid-19" et le "Point de vue de la Rédaction. Mise sur le marché du remdésivir dans l'Union européenne : l'EMA ne sert pas assez l'intérêt des patients"

Mise sur le marché du remdésivir dans l'Union européenne : l'EMA ne sert pas assez l'intérêt des patients

Le contexte de la pandémie de covid-19 a conduit certains, notamment dans le domaine de la santé, à des réactions irraisonnées et néfastes pour la société : remise en cause des méthodes fiables d'évaluation des médicaments, circulations à grande échelle de théories farfelues, diffusions prématurées de résultats d'études sans contrôle de leur qualité, foisonnements d'études et d'essais mal conçus, etc

Regarder en face

Dans un monde idéal, les médicaments et autres interventions de santé n'auraient que des avantages et pas d'inconvénients. Dans le monde réel, ce n'est pas le cas, mais certains trouvent difficile de regarder en face les limites et les dommages de l'activité médicale. Des données publiées dans Prescrire au fil des années remettent parfois en cause ce que l'on a appris à la fac, des habitudes bien ancrées, certains avis de spécialistes, et autres certitudes plus ou moins durables. D'où la tentation de regarder ailleurs

Détournement

L'eskétamine par voie nasale (Spravato°), autorisée dans certaines dépressions dites résistantes, est dangereuse (lire aussi "eskétamine (Spravato°) et dépression dite résistante")

Manque d'exigences de preuves pour les AMM = danger pour les patients

Afin de limiter les dangers des médicaments, leur autorisation de mise sur le marché (AMM) devrait reposer sur une évaluation rigoureuse, basée dans la plupart des cas sur des essais randomisés comparatifs menés en double aveugle versus traitement de référence qui démontrent un progrès tangible pour les patients. Et avec au moins deux essais pour s'assurer de la reproductibilité des résultats (1,2)

Mediator° : tout faux dès le départ

En juin 2020, à l'issue du procès pénal Mediator°, les deux procureures ont conclu que tous les prévenus étaient coupables des délits qui leur étaient reprochés (a). Pour la firme Servier : obtention indue d'autorisation, tromperie avec mise en danger de l'homme, homicides et blessures involontaires par violations délibérées de ses obligations, escroquerie (1). Pour l'Agence française du médicament : homicides et blessures involontaires par négligence. Pour divers membres des autorités et experts : prise illégale d'intérêts et autres délits (1)

Chloroquine : situation critique

S'inspirant de travaux de médecins chinois, un universitaire français a affirmé dans une vidéo grand public en février 2020 que, grâce à l'hydroxychloroquine, le covid-19 était « probablement l'infection respiratoire la plus facile à traiter de toutes » ; et un médecin étatsunien a convaincu le président de son pays qu'il avait guéri 100 % de 699 personnes présumées malades avec ce médicament (1à3)

Ancrage

Septembre 2020 : les incertitudes concernant la maladie covid-19 sont encore nombreuses. Depuis plus de six mois, les professionnels de santé, en ville, à l'hôpital, dans les établissements hébergeant des personnes âgées ou handicapées, ont eu à s'adapter en permanence à une situation mouvante. À faire face au désarroi de nombreux patients. Face à un tourbillon de données plus ou moins fragiles et contradictoires, d'avis d'experts plus ou moins autodésignés, de propositions de soins plus ou moins cohérentes. Tout en courant après le matériel, en réorganisant les soins, en soignant souvent sans protection correcte

Sans symptôme

Certains patients atteints d'un cancer ne présentent plus de symptômes après un traitement efficace. Dans certains cas, il ne s'agit que d'une rémission, une rechute n'est pas exclue. Des moyens visant à éviter ces rechutes ou à en réduire le risque sont alors recherchés. L'enjeu est au moins d'allonger le délai avant que des symptômes désagréables ou graves réapparaissent, voire d'augmenter l'espérance de vie. Par exemple, il est démontré que certains médicaments d'hormonothérapie allongent l'espérance de vie de femmes opérées avec succès d'un cancer du sein non métastasé avec récepteurs hormonaux

ATU : un moyen de pression pour les firmes lors des négociations sur le prix

En France, les autorisations temporaires d'utilisation (ATU) permettent un accès précoce à des médicaments qui ne sont pas encore munis d'autorisation de mise sur le marché (AMM) française ou européenne dans l'indication de l'ATU. Les ATU sont délivrées à la firme par l'Agence française du médicament (ANSM). Elles concernent des médicaments dont l'efficacité est présumée sur la base de premières données d'évaluation dans des maladies rares ou graves, pour lesquelles on ne dispose pas de traitement satisfaisant. Cette évaluation repose sur des données le plus souvent moins complètes que celles fournies pour soutenir une demande d'AMM (1)

Initiative modèle

Le système d'incitation à la recherche et développement de médicaments en œuvre au niveau mondial depuis la fin du 20e siècle montre de plus en plus de limites, avec des besoins importants non couverts, et la commercialisation de trop de médicaments à des prix parfois inabordables, malgré des progrès cliniques modestes voire nuls. Ces médicaments répondent davantage aux demandes de rentabilité d'un marché protégé par une politique de propriété industrielle, qu'aux besoins réels des diverses populations

Devoir de mémoire

Le retrait du marché français de Mediator° (benfluorex) en 2009 doit beaucoup aux rapprochements faits avec des désastres du passé. Des soignants se sont souvenus des dégâts liés à d'autres amphétaminiques anorexigènes, l'aminorex dans les années 1960 et la dexfenfluramine (Isoméride°), proche de Mediator°, dans les années 1990 (1,2). En 1997, la commercialisation des fenfluramines, dont la dexfenfluramine, a été arrêtée parce que les graves atteintes des valves cardiaques de patients qui y avaient été exposés ont rappelé à des médecins étatsuniens les valves abîmées, des années voire des décennies plus tôt, par des dérivés de l'ergot de seigle (2)

Commun

La dénomination commune internationale (DCI), attribuée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), permet de nommer une substance pharmaceutique de la même façon, partout dans le monde. Les DCI renseignent aussi, le plus souvent, sur l'activité pharmacologique ou le mode d'action d'une substance, sur son groupe thérapeutique, et sa structure chimique. La DCI comporte un segment-clé, formé de quelques syllabes, identifiant un groupe pharmacologique ou une parenté chimique. Ce segment-clé est surtout placé en fin de DCI, parfois au début ou au milieu, et il est généralement commun à toutes les substances d'un même groupe

Raison garder

La pandémie covid-19 a bousculé beaucoup de certitudes et ses conséquences à long terme sont inconnues. Impressionnant, ce qu'a pu provoquer un virus, guère plus qu'un bout de chaîne moléculaire, en quelques mois, sur l'ensemble de la planète. Cette grande déstabilisation des humains par un virus nous rappelle que nous sommes des animaux, avec un système immunitaire moins performant que celui des chauves-souris face au Sars-CoV-2 et une hémoglobine moins performante que celle d'un ver marin. Les avions et les automobiles sont restés au parking, et des animaux sauvages ont retrouvé leur liberté de mouvement, jusqu'à se promener en centre-ville

Failles

Les gliflozines, des hypoglycémiants inhibiteurs d'un transporteur rénal du glucose nommé SGLT2, sont autorisées dans l'Union européenne dans le diabète de type 2, voire aussi dans celui de type 1 (lire aussi "Dapagliflozine (Forxiga°) et diabète de type 1"). Pourtant, les gliflozines n'ont pas d'efficacité démontrée de façon probante sur les complications du diabète et elles exposent à des effets indésirables graves

Besoin de preuves : dans le covid-19 aussi

Outre ses nombreuses conséquences sanitaires et économiques majeures dans le monde entier, l'épidémie de covid-19 a conduit de nombreuses personnes à s'interroger sur l'évaluation des médicaments et le besoin de preuves avant leur utilisation

À la hauteur !

Le médicament est au cœur du métier de pharmacien. En ville, on attend des pharmacies qu'elles assurent une dispensation des médicaments en apportant aux patients des conseils de qualité et de la sécurité. En échange, il est cohérent que la dispensation de médicaments contribue à la rémunération des pharmacies. En France, en 2019, cette rémunération a évolué, en amoindrissant la place accordée à la marge sur le prix du médicament, au bénéfice d'honoraires de dispensation calculés en fonction de la tranche d'âge du patient ou de la complexité du traitement (lire aussi "Rémunération des pharmacies d'officine françaises : du médicament aux soins"). Et depuis 2013, de nouvelles missions ont progressivement été confiées aux pharmaciens afin d'accompagner les patients : suivis pharmaceutiques dans certaines situations cliniques, bilans de médication pour les personnes âgées de plus de 65 ans et polymédicamentées, etc. Ces évolutions vont dans le bon sens en renforçant le rôle de soignant des équipes de pharmacies d'officine

Allègement ?

Certains patients atteints d'une maladie chronique qui prennent depuis longtemps plusieurs médicaments pour "contrôler" la maladie, s'interrogent parfois sur la nécessité de poursuivre leur traitement tel quel. Un allègement du traitement ne serait-il pas tout aussi efficace ? Voire préférable ? Supprimer un des médicaments pourrait réduire certains risques d'effets indésirables ou d'interactions médicamenteuses. Mais alléger un traitement efficace n'expose-t-il pas alors à d'autres risques ? Un rebond de la maladie, avec des séquelles irréversibles, plus de résistances aux traitements ultérieurs ? Quelles seront alors les options disponibles ? Par ailleurs, dispose-t-on en routine de moyens de suivi performants, fiables, pour se rendre compte à temps d'une moindre efficacité ou d'un autre danger ?

Pesticides : le respect de l'environnement passe avant la liberté d'entreprendre

Selon la loi sur l'alimentation d'octobre 2018, la production, le stockage et la circulation des pesticides destinés à l'usage agricole dont l'utilisation est interdite au niveau européen, seront interdits en France à partir de 2022 (1). Le syndicat des firmes productrices de pesticides a demandé au Conseil d'État d'annuler ces dispositions qui, en instaurant l'interdiction d'exporter ces pesticides en dehors de l'Union européenne, constitueraient une entrave à la liberté d'entreprendre garantie par le Bloc de constitutionnalité français (a)(2). Mais le Conseil constitutionnel, saisi par le Conseil d'État, a confirmé la légalité de cette disposition

Richesse humaine

Regardée de loin, puis crainte pendant quelques semaines, la vague de covid-19 est arrivée. A déferlé. A ravagé

Méthode au service des patients

Pour les patients atteints d'une maladie grave, le temps est compté, surtout quand l'évolution est rapide. Des considérations physiologiques, des effets observés in vitro ou chez des animaux, des observations empiriques de guérison sont autant de bonnes raisons pour effectuer des essais comparatifs de traitements. Cependant, même quand le temps presse, avant d'exposer de nombreux patients en dehors du cadre de la recherche clinique, un minimum de connaissance est crucial. Que sait-on du risque d'aggraver l'état de santé de certains patients ? Les effets indésirables connus ou prévisibles sont-ils acceptables au regard du peu de certitudes sur son efficacité clinique ?

Alcool : aveuglement sans modération

En 2020, l'alcool reste une des premières causes de mortalité évitable en France. Pourtant, peu est fait par les responsables politiques pour lutter contre sa consommation excessive. Comme s'ils donnaient plus d'importance aux résultats économiques immédiats qu'aux conséquences sanitaires

Récidiviste

Face aux demandes des firmes, l'encadrement déficient des autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments a conduit à octroyer en France, en 2009, des AMM pour des copies de Mediator°, à base de benfluorex. Ce n'est qu'en 2010 que la Commission européenne a décidé le retrait des AMM de toutes les spécialités à base de benfluorex, devant l'étendue des dégâts pourtant connus depuis des années

Gare au baratin dans les essais cliniques

Les "spin doctors" ne sont pas une catégorie de médecins mais des spécialistes en communication qui sont chargés de valoriser l'image d'une entreprise ou d'une personne. Le "spin", au sens de torsion, sous-entendu "des faits", existe cependant aussi en médecine et fait obstacle notamment à une évaluation fiable des nouveaux médicaments (1)

Tous crédules ?

Tout ce qui est écrit dans Prescrire est, forcément, vrai. Forcément vrai puisqu'écrit en toute indépendance, selon une méthode d'élaboration collective avec de nombreux contrôles de qualité en interne, et prise en compte de l'avis de nombreux relecteurs, experts du sujet abordé ou praticiens de terrain, indépendants de la Rédaction

Curiosité

Comment se fait-il que le lien entre le benfluorex (ex-Mediator°) et les valvulopathies soit resté méconnu de la plupart des cardiologues pendant des dizaines d'années ? Malgré la large utilisation du médicament, malgré la fréquence de ces atteintes valvulaires, malgré des échocardiographies de plus en plus performantes

Hâte, sans précipitation

La mucoviscidose est une maladie rare, d'évolution lente, sans traitement curatif connu. Elle altère progressivement la vie et elle l'écourte. D'où de grandes attentes des patients, de leur entourage et de leurs soignants. Cela justifie-t-il d'évaluer les médicaments chez peu de patients, durant peu de temps, sur des critères sans corrélation démontrée avec l'évolution clinique ? C'est pourtant ainsi qu'ont été évalués l'ivacaftor (Kalydeco°) et l'association ivacaftor + lumacaftor (Orkambi°) chez les enfants âgés de 2 ans à 12 ans atteints d'une mucoviscidose (lire aussi "ivacaftor + lumacaftor (Orkambi°) et mucoviscidose dès l'âge de 2 ans")

Influence des avantages acceptés par les médecins en France

De nombreuses études ont montré dans divers pays l'influence des avantages offerts aux médecins sur leurs prescriptions (1,2). Ces études ont montré que l'influence des avantages est souvent inconsciente et qu'il ne suffit pas d'être lucide pour y échapper. Et elles confirment ce que savent depuis longtemps les "commerciaux" : les "petits" cadeaux sont particulièrement efficaces, surtout quand il s'agit de repas (1,2)

Améliorer l'existant

Le bilan 2019 du médicament montre une fois encore que rares sont les nouveaux médicaments qui sont plus efficaces, ou qui ont moins d'effets indésirables ou qui sont plus commodes d'emploi que ceux déjà disponibles sur le marché (lire aussi "L'année 2019 du médicament, en bref")

Perte d'AME

Depuis sa création en 2000, le dispositif d'accès aux soins des « étrangers en situation irrégulière », l'aide médicale de l'État (AME), n'a cessé de faire l'objet de restrictions ou de remises en cause au gré de la vie électorale française. Le débat politique sur son périmètre a été à nouveau ouvert fin 2019. C'est l'occasion de rappeler quelle réalité vivent ces personnes migrantes et exilées, avec ou "sans papiers", à partir de plusieurs enquêtes publiées par Santé publique France (1)

Des rumeurs qui tuent

« Nouvelle qui se répand dans le public, dont l'origine et la véracité sont incertaines », la rumeur n'épargne pas le domaine de la santé et y prospère même fort bien. Ainsi en 2020, le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) reste soupçonné par certains d'être une cause d'autisme, alors même que l'étude mentionnant ce lien, publiée en 1998 dans la revue The Lancet, a été rétractée en 2010 après révélation de multiples fraudes (lire aussi "Vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) : pas de lien avec l'autisme"). Dix ans plus tard, l'auteur de cette fraude continue de répandre la rumeur dans le monde entier. Cette rumeur tue, à chaque fois qu'un enfant meurt de la rougeole parce que ses parents ont refusé de le vacciner par crainte de l'autisme, alors que cette crainte est infondée selon de nombreuses études fiables

Clair et pratique

Comment éviter l'excès de fructose, ajouté industriellement à tant d'aliments et de boissons ? Où commence l'excès de sel ? Quel est l'intérêt réel du régime méditerranéen ? Quel est l'apport optimal en fibres alimentaires ?

Œillères

On peut bien sûr utiliser, faute de mieux, un médicament connu pour exposer à des effets indésirables graves, à condition d'agir en connaissance de cause et que les bénéfices cliniques soient importants et démontrés solidement. En somme, que la balance bénéfices-risques soit favorable dans la situation clinique en question

Nouveaux médicaments : le droit de savoir

Selon ses responsables, le rôle de l'Agence européenne du médicament (EMA) est d'assurer que les patients aient un accès « à des médicaments sûrs, efficaces et de qualité requise, ainsi qu'à l'information nécessaire pour utiliser ces médicaments et faire les choix informés sur leur traitement » (1). L'EMA remplit-elle réellement ces missions ?

Protéger les patients

Prescrire publie pour la huitième fois son bilan des médicaments à écarter (lire aussi "Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2020"). Ce nouveau bilan montre que de nombreux médicaments restent autorisés durant des années malgré une balance bénéfices-risques défavorable. Et ce n'est que la pointe émergée de l'iceberg. Pour nombre de nouveaux médicaments qui ne figurent pas dans ce bilan, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) reste peu justifiée du fait d'une évaluation initiale insuffisante

Négligés

Chez les enfants comme chez les adultes, le paracétamol est le médicament de premier choix dans les douleurs légères à modérées et dans la fièvre. En France, une vingtaine de spécialités pharmaceutiques contenant du paracétamol sont commercialisées pour une utilisation par voie orale chez les enfants, notamment sous forme buvable prête à l'emploi, ou de poudre à diluer. Avec une telle profusion, on s'attend à ce que les firmes rivalisent de propositions adaptées aux enfants, pour certains très jeunes et pesant quelques kilogrammes

Zolgensma° : le médicament de tous les excès

Depuis quelques années, l'escalade du prix des nouveaux médicaments met de plus en plus en péril l'accès aux soins. En 2019, Zolgensma° (onasemnogène abéparvovec-xioi) a atteint le prix insensé d'environ 2 millions d'euros l'injection unique par patient

Au service des neurones

En situations de soins, c'est-à-dire en présence des patients, quand il faut décider ou informer en peu de temps, on a envie d'une source d'information à la fois rapide, décisive et fiable

À l'épreuve des preuves

Les patients et les soignants sont parfois dans une attente forte de disposer de traitements efficaces. C'est le cas de la dépendance à l'alcool, source d'une grande souffrance, tant chez les patients que dans leur entourage, et pour laquelle les options thérapeutiques disponibles sont souvent décevantes

Méta-analyses : savoir mettre en doute leur fiabilité

Les méta-analyses (synthèses méthodiques quantitatives) sont souvent considérées comme des preuves de haut niveau à l'appui de recommandations ou de décisions de soins (1,2). Mais, comme dans les essais cliniques et toutes les publications en général, on y trouve de tout : de la qualité, des biais, voire de la tromperie (1,2)

Mediator°, et alors ?

Fin septembre 2019 s'est ouvert le procès au pénal de la firme Servier, de l'Agence française du médicament et de certains de leurs membres, pour des faits qui ont conduit au désastre de Mediator° (benfluorex) avec des centaines de morts

Fortes doses

À fortes doses, les effets des médicaments sont souvent majorés. Certains effets indésirables non mis en évidence lors de l'évaluation d'un médicament à doses standard chez des patients standard, sont observés quand le médicament est utilisé à des doses plus élevées

Évaluation du mépolizumab chez les enfants : une agence passoire !

L'évaluation du mépolizumab chez les enfants atteints d'un asthme sévère est un nouvel exemple d'évaluation indigente en pédiatrie, qui aurait dû aboutir à un refus d'autorisation de mise sur le marché (AMM) (lire aussi "Mépolizumab (Nucala°) et asthme sévère dès l'âge de 6 ans") (1)

Cancers : chercher une éventuelle origine professionnelle

En France métropolitaine, le nombre annuel de nouveaux cas de cancers liés à des expositions professionnelles a été estimé, pour les années 2016 et 2017, à environ 12 800, ce qui représente 3,6 % des nouveaux cas de cancers chez les adultes (1,2). Pourtant, le nombre de cancers reconnus chaque année comme étant d'origine professionnelle est largement inférieur. On en compte environ 1 800 dans le régime général de la Sécurité sociale, qui assure 70 % à 80 % de la population active. Le rapport est de 1 cancer d'origine professionnelle reconnu pour environ 7 cancers d'origine professionnelle estimés (2)

Diagnostics

Dans le domaine des soins, établir un diagnostic est souvent associé à la profession de médecin. Et pourtant ! En quoi établir un diagnostic, en d'autres termes exercer sa capacité à discerner, devrait-il être réservé aux seuls médecins ?

Chaîne anti-erreurs

Des erreurs dangereuses sont susceptibles de se produire à tous les stades du soin médicamenteux : prescription, approvisionnement, stockage, dispensation, préparation des doses, administration, suivi thérapeutique. Souvent, divers facteurs y contribuent. Dans ce numéro, quatre exemples de situations particulièrement à risque d'erreurs : des boîtes contenant un nombre d'unités inadapté à la posologie usuelle (lire aussi "Vitamine K1 et nouveau-nés : conditionnement amélioré en ville, mais encore des point faibles"). La similitude de conditionnements de deux dosages d'une même substance, ou de noms de médicaments (lire aussi "Hydroxycarbamide 100 mg et 1 000 mg (Siklos°) : gare aux confusions", et "Lamotrigine : prévenir les effets indésirables cutanés graves"). La coexistence de deux modes d'expression de la concentration d'un cytotoxique (lire aussi "Irinotécan liposomal (Onivyde°) et changement d'expression de la concentration : risques d'erreur")

Nouveaux médicaments des cancers : trop d'inconnues

On attend beaucoup des nouveaux médicaments des cancers qu'ils augmentent la durée et améliorent la qualité de vie des patients. Qu'en est-il en réalité ?

Chercher pour trouver

Les malformations et les effets néfastes à long terme liés à l'acide valproïque chez les enfants exposés in utero ont été connus progressivement et tardivement par les professionnels de santé : les malformations dans les années 1980 et les effets neurocomportementaux dans les années 2000. Ces risques ont été pris en compte avec lenteur, et les femmes concernées ont souvent été mal informées. L'affaire Dépakine°, en 2015, a porté ces faits aux regards de tous

Regroupements utiles

Connaître le groupe pharmacothérapeutique où est rangé un médicament est utile pour anticiper ses effets, notamment indésirables. Par exemple, savoir que l'amlodipine (Amlor° ou autre) est une dihydropyridine (segment-clé "-dipine") permet de prévoir ses effets vasodilatateurs périphériques (lire aussi "le segment-clé du mois : -dipine")

"Big data" : big business ?

"Big data" par-ci, "données de vie réelle" par-là, les données de santé suscitent, à l'approche des années 2020, beaucoup d'espoirs et aussi d'appétits financiers

Facultés de médecine françaises et indépendance : des insuffisances manifestes

Une charte éthique et déontologique a été adoptée par les Conférences des doyens des facultés de médecine et d'odontologie en France en 2017, notamment en vue de préserver l'intégrité scientifique de l'enseignement face à l'influence souvent présente des firmes (a)(1). L'association pour une formation et une information médicales indépendantes, le Formindep, a cherché à savoir si les 37 facultés de médecine françaises avaient adopté cette charte et, le cas échéant, comment elles l'appliquaient (2)

Synergie de soins

De nombreux soignants sont amenés à travailler en équipe pour un même patient. Selon les cas, l'équipe est plus ou moins formalisée, plus ou moins large, réunie ou non en un même lieu, et plus ou moins durable. La qualité des soins apportés par l'équipe dépend des compétences de chacun de ses membres, de leur complémentarité, d'une bonne communication entre les divers soignants, d'une bonne coordination de leurs efforts, et d'une analyse régulière des pratiques

Perte de chances

Dans un essai clinique, comparer un nouveau médicament à un placebo plutôt qu'au traitement de référence expose les patients du groupe placebo à une perte de chances parfois inacceptable. En voici un nouvel exemple

Entre espoirs et réalités

De nombreux patients atteints d'un cancer se voient proposer une première ligne de chimiothérapie. Pour certains d'entre eux, accepter ce traitement porte ses fruits avec une guérison ou, à défaut, une longue rémission. Pour d'autres, non. L'espoir se porte alors sur une deuxième chimiothérapie. Et en cas de nouvel échec, beaucoup acceptent de s'engager dans de nouvelles tentatives, de nouvelles lignes de chimiothérapies, avec leur cortège d'effets indésirables répétés, nombreux et pénibles. Avec à chaque fois, des fluctuations entre désespoir et nouvel espoir

Trop court

Dans un essai clinique, quelle est la durée optimale de suivi des patients pour évaluer un médicament hypocholestérolémiant en prévention d'un nouvel accident cardiovasculaire ischémique ? Après un tel accident, le risque de récidive, parfois mortelle, est élevé au cours des quelques mois qui suivent. Un traitement hypocholestérolémiant est envisagé, pour des années. Il vise à réduire la mortalité d'origine cardiovasculaire, mais pas spécialement à court terme. À moins d'un risque cardiovasculaire particulièrement élevé, une durée trop courte a peu de chance de mettre en évidence un éventuel effet d'un hypocholestérolémiant sur la mortalité d'origine cardiovasculaire

Essais financés par des firmes : publication, ou publicité ?

Les essais cliniques publiés dans les revues internationales les plus connues bénéficient souvent d'une image très favorable (1). Cette confiance est-elle justifiée ?

Dispositifs médicaux : agir face au défaut de protection des patients

Qu'il s'agisse de prothèses mammaires ou d'un stimulateur cardiaque, la commercialisation des dispositifs médicaux n'est pas soumise à une autorisation de mise sur le marché (AMM). Seul un marquage CE (conformité européenne) est requis, attribué par des organismes souvent privés, sur la base d'une documentation technique (1). Une situation propice aux abus et aux désastres

La force de l'habitude

L'anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) diclofénac (Voltarène° ou autre) est commercialisé en France depuis 1980. Pendant de nombreuses années, ce médicament a été considéré comme une option valable parmi les AINS, et l'utiliser est devenu une habitude

Désintérêt

L'évaluation des médicaments chez les enfants est trop souvent insuffisante. Ce constat a conduit à l'élaboration du règlement européen sur les médicaments pédiatriques entré en vigueur en 2008. En échange de résultats d'études menées spécifiquement chez des enfants et du développement de formes pharmaceutiques et de dosages adaptés, les firmes peuvent obtenir une prolongation de 6 mois du monopole de commercialisation de leur médicament (lire n° 289, p. 858). Après plus de 10 ans, le bilan montre le peu d'intérêt que les firmes portent aux besoins thérapeutiques des enfants et dévoile les stratégies déployées pour tirer parti du dispositif dans un objectif purement financier (lire n° 409, p. 864)

Relancer la recherche clinique

Beaucoup de personnes souffrent de troubles psychiques à un moment ou à un autre de leur vie. Beaucoup de traitements et de prises en charge plus ou moins satisfaisants leur sont proposés, dont souvent des médicaments psychotropes. D'où beaucoup de questions auxquelles les patients et les professionnels qui en prennent soin sont confrontés

Sur parole ?

En 2011, une série d'alertes attirent l'attention sur le surcroît d'accidents thromboemboliques avec les pilules estroprogestatives contenant un progestatif dit de 3e ou 4e génération, utilisées dans la contraception ou dans l'acné. Ce danger était connu depuis de nombreuses années, mais il aura fallu une effervescence médiatique, en particulier en France, pour que les pratiques changent : déremboursement de ces pilules ; report de prescription, notamment vers des pilules plus sûres contenant un progestatif dit de 2e génération, tel que le lévonorgestrel (Minidril° ou autre)

BPCO : des pneumologues sous influence

En 2014, dans le trimestre qui a précédé la commercialisation en France de la spécialité Seebri Breezhaler° (glycopyrronium), comme dans les quelques mois avant la mise sur le marché d'Ultibro Breezhaler° (glycopyrronium + indacatérol), la firme Novartis Pharma a intensifié son action commerciale auprès des pneumologues, « les premiers concernés» par ces médicaments autorisés dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) (1). C'est ce qui a été mis au jour par une étude de l'assureur maladie obligatoire (1)

Investir dans des essais informatifs

Combien coûtent les essais cliniques fournis par les firmes en vue d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour un médicament ?

Le poids des preuves

Dans le domaine des soins, comment évaluer un progrès, sinon en cherchant les preuves de meilleure efficacité, de moindres effets indésirables ou de meilleure praticité ?

Jusqu'à preuve du contraire

Les effets indésirables des médicaments qui arrivent sur le marché sont souvent mal connus. C'est notamment la conséquence d'une évaluation visant avant tout à démontrer une efficacité éventuelle, et menée généralement sur un faible nombre de patients très sélectionnés. Il est par conséquent prudent de considérer qu'un médicament récent expose, a priori, au moins aux effets indésirables des médicaments du même groupe pharmacologique. Ce n'est pas une démarche pessimiste, mais un raisonnement pour "d'abord ne pas nuire", qui tient compte des connaissances accumulées avec des médicaments plus anciens. Ainsi, l'obinutuzumab (Gazyvaro°, un anticorps monoclonal anti-CD20) expose, a priori, au moins aux effets indésirables du rituximab (Mabthera° ou autre), un autre anticorps monoclonal anti-CD20 avec lequel le recul d'utilisation est plus long (lire aussi "obinutuzumab (Gazyvaro°) et lymphome folliculaire en première ligne"). Et ce, jusqu'à preuve du contraire

Produire des données d'utilité publique

L'enquête internationale dite des "implant files" a montré que le marché des dispositifs médicaux implantables est trop peu contrôlé. En novembre 2018, divers médias ont publié des résultats de ces investigations approfondies, montrant que les autorités laissent largement ce marché au bon vouloir des firmes. Ces données d'utilité publique mettent les autorités publiques devant leurs responsabilités (lire aussi "Pour une véritable autorisation de mise sur le marché des dispositifs médicaux les plus à risques")

Ronds de jambe

Pour évaluer un nouveau médicament, le choix du comparateur est une affaire sérieuse. Il en va de la fiabilité de l'évaluation et de l'intérêt des patients. Mais il en va aussi des intérêts de la firme, car c'est entre autres des résultats de ces comparaisons que dépend l'avenir commercial du médicament. Moins le comparateur est efficace ou plus il est nocif, et plus la firme a de chances de présenter le nouveau médicament sous un angle favorable

Normalisation scolaire avec le méthylphénidate

Chez les enfants, le diagnostic de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est porté en présence de plusieurs symptômes non spécifiques, tels que difficultés de concentration en milieu scolaire, agitation motrice et impulsivité. Ses limites sont floues. Utilisé dans ces situations chez environ 60 000 jeunes âgés de moins de 20 ans en France en 2016, le méthylphénidate (Ritaline° ou autre), un amphétaminique psychostimulant, a une efficacité symptomatique au mieux modeste, alors que ses effets indésirables cardiovasculaires et neuropsychiques sont parfois graves. Il est à proposer uniquement en dernier recours, en cas d'échec de mesures non médicamenteuses (1)

Qualité : quels repères ?

La plupart des professionnels de santé cherchent à bien faire. En s'appuyant sur les "données acquises de la science", en adaptant les soins à la situation et aux préférences de chaque patient

Atermoiements

Certains médicaments arrivent sur le marché sous une présentation et une forme qui compliquent la préparation des doses ou l'administration. Cela rend difficile ou risquée leur utilisation par certains patients. Ainsi, l'utilisation du collyre de cénégermine (Oxervate°) requiert de nombreuses manipulations et tout un matériel (lire aussi "cénégermine collyre (Oxervate°) et kératite neurotrophique" et dans l'Application Prescrire)

Antibiotiques : les firmes désertent

La résistance croissante des bactéries aux antibiotiques devient une menace majeure de santé publique au niveau mondial, avec déjà des centaines de milliers de morts à déplorer chaque année, et des millions prévisibles (1). Pourtant, des firmes pharmaceutiques majeures arrêtent leur activité dans ce domaine

Sclérose en plaques : le gâchis

Une dizaine de médicaments ont été mis sur le marché dans le traitement de la sclérose en plaques au cours des quinze dernières années (1). Leur évaluation a-t-elle aidé à déterminer une stratégie thérapeutique optimale selon les diverses situations cliniques des patients ?

À saisir

Beaucoup de personnes qui passent la porte d'une pharmacie comptent sur le conseil d'un professionnel du médicament et des soins. Pas toutes. Certaines viennent simplement acheter un produit précis, d'autres considèrent parfois le pharmacien juste comme un distributeur de médicaments ou d'autres produits de santé, sans valeur ajoutée

Exclus

Choisir un traitement dépend de critères propres au patient : son état de santé, ses antécédents de traitements, ses préférences, etc. Et aussi de critères propres au traitement, notamment son efficacité dans la situation clinique en question, ses effets indésirables connus et ceux prévisibles. Les essais comparatifs apportent beaucoup d'informations à ce sujet, à condition que les critères d'évaluation soient utiles pour les patients et que les effets indésirables soient correctement rapportés

"Recos" et conséquences

En médecine, pour toutes sortes de décisions, on se repose facilement sur les recommandations d'organismes d'évaluation, comme la Haute autorité de santé (HAS) française, ou de sociétés de spécialistes, dites savantes. Les "recos", comme on dit familièrement, sont faites pour ça : guider les praticiens, éviter les décisions incongrues voire aberrantes. C'est bien commode, et c'est rassurant, surtout quand elles s'appuient sur une documentation solide et récente, en tenant compte des niveaux de preuves des données, loin de l'influence des lobbys. On se dit plus ou moins confusément qu'en suivant les "recos", on ne risque guère de se tromper ; et que si le choix retenu s'avérait dommageable au patient, la responsabilité serait en bonne partie celle des auteurs des "recos"

Avant d'autoriser

En 2013, l'évaluation initiale étayant la demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'insuline dégludec (Tresiba°) justifiait d'agir avec prudence. Les données montraient, par rapport aux autres insulines d'action prolongée, une efficacité similaire mais faisaient évoquer un surcroît d'accidents cardiovasculaires

Recherche publique française : trop d'opacité !

Les registres d'essais cliniques et la mise à disposition des résultats des essais menés sont des éléments essentiels de la transparence de la recherche clinique (1,2). Comment les organismes publics de recherche clinique satisfont-ils à cette transparence ?

Veiller pour anticiper

Pour que les abonnés soient informés à temps sur telle ou telle nouveauté, Prescrire anticipe. Anticipe pour avoir le temps d'analyser, de vérifier et d'informer selon sa méthode collective. Pour décider des priorités de travail, et pour les faire évoluer si besoin

Redevable

Participer à un essai clinique ? Des patients l'acceptent, et comptent sur cette démarche pour "faire avancer la science", et ainsi être utiles à d'autres patients

Alcool : la culture du déni tue

À lire la Stratégie nationale de santé, ou à entendre la ministre de la Santé, on aurait pu croire que la France allait sérieusement s'attaquer au problème de l'alcool. Mais une fois de plus il ne s'est rien passé, le courage a manqué et le déni l'a emporté (1)

Question(s) d'outillage

Pour exercer son métier de pharmacien, d'infirmier, de médecin, d'aide-soignant, de kinésithérapeute, de sage-femme, etc., on a besoin de plus ou moins d'outils. Des outils adaptés à son savoir et à son savoir-faire. À ce que l'on est tenu de savoir faire, en fonction des conditions dans lesquelles on exerce. À ce que l'on a envie de faire

Facilité pour qui ?

Mi-2018 une seringue doseuse a été introduite dans les boîtes de fluconazole buvable (Triflucan° ou autre), un antifongique (lire "Fluconazole buvable : avec seringue doseuse en ml, mais encore d'autres défauts"). À première vue, c'est un progrès : elle remplace une cuillère mesure, un outil peu précis

Médicaments de l'hépatite C : casser les prix

À l'arrivée sur le marché des antiviraux dits d'action directe contre le virus de l'hépatite C au milieu des années 2010, certains acteurs ont annoncé qu'ils allaient permettre l'éradication de cette maladie (1). Où en est-on quelques années plus tard ?

Exorbitant

Les prix exorbitants de nombreux nouveaux médicaments fixés par des firmes pharmaceutiques inquiètent dans le monde entier

Vie quotidienne

Un médicament plus efficace que les autres options. Un profil d'effets indésirables plus acceptable pour une efficacité voisine. Ce sont des éléments importants du progrès thérapeutique, mais est-ce complet ? Non, car la praticité et la sécurité d'emploi d'un médicament ont aussi un impact sur son efficacité et sur ses dangers, au quotidien. Cette dimension pratique est toujours prise en compte dans nos analyses des nouveautés médicamenteuses. Avec parfois un progrès remarqué. Ainsi, nous avons conclu que la spécialité Noyada° (captopril), la première forme buvable d'un inhibiteur de l'enzyme de conversion (IEC) dont l'intérêt clinique est démontré, « apporte quelque chose » (lire aussi "captopril solution buvable (Noyada°)"). Plus de 30 ans après l'arrivée des comprimés de captopril sur le marché

Évaluation des technologies de santé : un règlement européen à corriger

En janvier 2018, la Commission européenne a publié un projet de règlement très offensif vis-à-vis de l'activité d'évaluation des technologies de santé (médicaments et certains dispositifs médicaux), telle que réalisée par exemple en France par la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) (1). Pourquoi ?

Impunité des firmes

Une inspection de routine, menée en 2012 par l'Agence britannique du médicament (MHRA) pour le compte de l'Agence européenne du médicament (EMA), a révélé que la firme Roche n'avait pas analysé ni transmis aux agences du médicament, plus de 80 000 cas suspectés d'effets indésirables concernant 19 médicaments (1à3). Cinq ans plus tard, la Commission européenne a rendu son verdict dans cette affaire : ce n'est pas grave !

Ouvrir l'accès

L'agent n'est pas infectieux mais l'épidémie est mortelle. Patente en Amérique du nord. Mais ses morts touchent aussi l'Europe, y compris la France. Chaque jour des dizaines de personnes meurent d'une surdose d'opioïde liée à la consommation de drogues illicites ou de médicaments opioïdes, prescrits ou non par des professionnels de santé. Les surdoses d'opioïdes sont mortelles parce que ces substances inhibent le centre de la respiration. Parfois jusqu'à l'arrêt de la respiration, puis du cœur. Sans secours rapide, la personne meurt en quelques minutes

Pertes et profits

Autorisée dans l'Union européenne en 2001, la télithromycine a été mise sur le marché français en 2002 sous le nom commercial Ketek°. La firme vise alors pour cet antibiotique une place de tête parmi les autres traitements utilisés dans les infections respiratoires. La promotion fait mouche, les ventes grimpent : plus de 1,3 million de boîtes remboursées par l'Assurance maladie française en 2004

Qui paie ?

« Il n'y a pas de repas gratuit ». Cet adage bien connu des économistes mériterait de l'être davantage des professionnels de santé, autrement dit des soignants. Pour nombre de soignants, accepter des repas offerts par des firmes est banal et sans conséquence. Beaucoup n'y voient rien de compromettant, estimant que leur éthique personnelle les place au-dessus de tout soupçon d'influence. Pourtant, de nombreuses études montrent que les soignants sont bel et bien influencés par des petits cadeaux, comme tout être humain, et que les repas sont parmi les cadeaux les plus influents

Non connectés

Le vénétoclax (Venclyxto°) inhibe une protéine souvent très présente, entre autres, dans les lymphocytes anormaux de la leucémie lymphoïde chronique, et inhibe son action (lire aussi "vénétoclax (Venclyxto°) et leucémie lymphoïde chronique"). Ce mécanisme est nouveau. Pour autant, le vénétoclax allonge-t-il la durée de vie des patients ? On ne le sait pas, faute d'essai comparatif. Non connectée avec les besoins des patients, une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne a été octroyée pour ce médicament sans avoir de réponse à cette question pourtant cruciale pour les patients leucémiques

Vaccins et médicaments : pénuries inacceptables

En 2017, un chapitre entier du calendrier français des vaccinations et recommandations vaccinales était consacré aux situations de pénuries de vaccins, signe d'une défaillance industrielle devenue banale (1). Parmi les vaccins concernés, ceux contre l'hépatite B sont redevenus disponibles en officine début 2018, après un an de rupture de stock (1,2)

Ville-hôpital : mieux communiquer dans l'intérêt des patients

Les patients atteints de cancer font souvent des allers-retours entre leur domicile et l'hôpital. La qualité des soins qu'ils reçoivent dépend entre autres de la communication entre médecins généralistes et équipes hospitalières. Comment les médecins généralistes perçoivent-ils cette communication ?

Mesure et incertitudes

La prévention cardiovasculaire primaire est une affaire sérieuse car elle vise à éviter de mourir prématurément ou d'être victime d'un premier accident cardiovasculaire. Elle concerne beaucoup de personnes. Auxquelles il faut d'abord ne pas nuire. Donc ne pas imposer une intervention préventive avant d'avoir vérifié que ses dangers sont vraiment contrebalancés par l'ampleur de son efficacité

Trop court terme

Certaines maladies évoluent lentement, avec leurs principales complications des années, voire des décennies, après le diagnostic

Daclizumab : des morts à cause d'une AMM injustifiée

Le daclizumab a été autorisé dans l'Union européenne en 1999 en prévention du rejet aigu de greffe rénale. Une dizaine d'années plus tard, la firme Roche, alors titulaire de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), a demandé à l'Agence européenne du médicament (EMA) l'abrogation de l'AMM. Selon les informations fournies par l'EMA à cette époque, la firme a indiqué à l'agence que cette demande n'était pas liée à des "problèmes de sécurité" du médicament, mais à des raisons commerciales (1). En 2016, le daclizumab est réapparu sur le marché européen (pas en France), commercialisé sous un autre nom et par une autre firme, dans la sclérose en plaques, avec une autre posologie (2,3)

Contributions

Nombreux sont les abonnés attentifs qui enrichissent la réflexion et le contenu de Prescrire en partageant leurs expériences ou leurs points de vue. Par le biais d'un courrier, en proposant un texte pour la rubrique Forum, en postant un commentaire dans les programmes Prescrire d'amélioration des pratiques, ils encouragent la Rédaction à mieux faire

Pompeux

Avant les années 2000, quand un médicament dit de fond d'une polyarthrite rhumatoïde était envisagé, on disposait de médicaments obtenus par synthèse chimique. Leur mode d'action était vague, sur l'inflammation et l'immunité, mais plusieurs sont manifestement efficaces. Puis sont arrivées des protéines produites par biotechniques, appelées "biothérapies" (anti-TNF alpha, anti-interleukines, etc). Les médicaments plus anciens ont alors été qualifiés d'"antirhumatismaux conventionnels". Avec l'arrivée du tofacitinib (Xeljanz°) et du baricitinib (Olumiant°) apparaissent les "antirhumatismaux de synthèse ciblés". Ils sont obtenus par synthèse chimique et non par biotechniques

Le compte pénibilité amputé

Depuis juillet 2016 en France, un "compte personnel de prévention de la pénibilité" devait comptabiliser les périodes d'exposition des salariés à dix facteurs de risques professionnels au-delà de seuils définis de durée et d'intensité d'exposition. Cette mesure devait permettre aux travailleurs les plus exposés de suivre une formation visant à accéder à un poste moins exposé, de réduire leur temps de travail, voire d'anticiper leur départ à la retraite jusqu'à 2 ans avant l'âge légal (1)

Stratégie nationale de santé : du courage !

Alcool et alimentation trop sucrée ou trop grasse sont en France des causes majeures d'années de vie perdues et de dépenses de santé. Le diagnostic est fait depuis longtemps, les rapports s'accumulent, l'annonce d'une priorité est réitérée. Que manque-t-il pour améliorer vraiment la situation ?

Et si elle était violentée ?

En 2017, les violences sexuelles ont soudainement émergé dans le débat public dans de nombreux pays. Le nombre impressionnant de témoignages a montré l'ampleur du phénomène. Diverses enquêtes réalisées depuis les années 1990 apportent des données à l'appui de la parole des victimes. En grande majorité des femmes : selon une vaste enquête française, 1 femme sur 7 (1 homme sur 25) a déclaré avoir subi, au cours de sa vie, au moins une forme d'agression sexuelle, et 1 femme sur 27 (1 homme sur 170) un viol ou une tentative de viol (lire aussi "Viols et agressions sexuelles en France, enquête 2015"). En France, certains médias et collectifs tiennent une comptabilité glaçante du nombre de femmes tuées par leur conjoint ou compagnon

Vantardise

Relancer commercialement un produit en vantant une nouvelle forme dite "plus forte" fait partie des stratégies habituelles des firmes, à l'instar des lessives ou du pouvoir absorbant des essuie-tout

À quand le dépistage organisé du cancer du col de l'utérus ?

Début 2018, l'efficacité des vaccins papillomavirus en prévention des cancers du col de l'utérus reste hypothétique. Compte tenu du délai moyen de 30 ans entre les premières infections par un papillomavirus et l'apparition d'un carcinome invasif de l'utérus, un éventuel effet sur ce critère des vaccins Gardasil° (4 valences dont HPV-16 et 18) et Cervarix° (valences HPV-16 et 18), commercialisés à la fin des années 2000, ne sera pas mis en évidence avant des années (1)

Obligés ?

Onze vaccinations sont pratiquées en France en routine chez les nourrissons. Elles sont justifiées sur la base d'une argumentation solide. Trois étaient déjà obligatoires, les huit autres étaient recommandées. Elles sont toutes devenues obligatoires, en 2018. Elles auraient toutes pu devenir "recommandées"

Méthode globale

L'éluxadoline (Truberzi°) a été autorisée dans l'Union européenne avec l'indication : « traitement du syndrome du côlon irritable associé à une diarrhée ». Son dossier d'évaluation repose sur deux essais cliniques versus placebo (lire aussi "éluxadoline (Truberzi°) et troubles fonctionnels intestinaux récurrents"). La consistance des selles et les douleurs abdominales figurent parmi les critères d'évaluation. Ces critères concrets sont pourtant des reflets peu pertinents du soulagement des patients

Nouveaux médicaments des cancers : mal évalués, peu efficaces et trop chers

Beaucoup de nouveaux médicaments des cancers sont vendus par les firmes à un prix exorbitant. Ce prix a-t-il un lien avec leur intérêt thérapeutique ou leur coût de recherche et développement (R&D) ?

Coopération

Le rôle essentiel des infirmières et infirmiers dans les soins ne cesse de se développer. En témoignent leur activité auprès des personnes atteintes d'affections chroniques vivant à domicile, leurs possibilités de prescrire ou renouveler certains produits de santé (pansements, dispositifs médicaux, contraception, par exemple), leur place dans des pratiques dites "avancées" de suivis cliniques et d'information des patients

Non aux flacons-vrac !

Vrac : « marchandise qui n'est pas emballée ou conditionnée pour le transport, la distribution » selon le Petit Robert. C'est justement le problème des flacons-vrac de médicaments, marchandises particulières, dangereuses, parfois mortelles en cas d'erreur d'utilisation ou d'ingestion subreptice par un enfant

Intégrité scientifique : former, surveiller, et sanctionner

En France, en 2017, un dirigeant d'un institut universitaire a été démis de ses fonctions par décret ministériel, pour plagiat (1,2). Décision isolée, ou signe d'un changement dans les pratiques ?

Des mots sur les maux

L'expression "progression de la maladie" figure parfois dans le libellé des indications autorisées du résumé des caractéristiques (RCP) de certains médicaments, notamment en cancérologie (lire aussi "irinotécan liposomal pégylé (Onivyde°) et cancer du pancréas métastasé" et "obinutuzumab (Gazyvaro°) et lymphome folliculaire réfractaire ou en rechute")

Effets indésirables dissimulés aux patients par Gilead et l'Agence européenne du médicament

Au 14 novembre 2017, la notice européenne d'Epclusa° (association à doses fixes sofosbuvirvelpatasvir), proposée par la firme Gilead qui la commercialise, approuvée par l'Agence européenne du médicament (EMA), puis validée par la Commission européenne, ne mentionne aucun effet indésirable de ce médicament. On y lit seulement « comme tous les médicaments, ce médicament peut provoquer des effets indésirables, mais ils ne surviennent pas systématiquement chez tout le monde. Si vous présentez un quelconque effet indésirable, parlez-en à votre médecin » (1)

AMM européenne : l'aide opaque de l'Agence aux firmes

Certains médicaments en développement clinique plus ou moins avancé ne sont pas vite munis d'autorisation de mise sur le marché (AMM). Au motif d'éviter ces "échecs", l'Agence européenne du médicament (EMA) propose aux firmes des "conseils scientifiques" pour les aider à constituer leur demande d'AMM (1). Pourquoi le développeur d'un médicament à balance bénéfices-risques favorable documentée par des essais cliniques de qualité aurait-il besoin de conseils scientifiques de l'EMA pour obtenir une AMM ?

Implication

Chaque professionnel de santé fait de la santé publique, parfois comme monsieur Jourdain faisait de la prose… Tantôt en informant sur des mesures de prévention des infections sexuellement transmissibles. Tantôt en proposant des aides à l'arrêt du tabac. Ou encore en s'assurant de la bonne élimination des déchets de soins (lire dans le numéro 408 page 777). Ou même en écartant, arguments à l'appui, un médicament qui se révèle plus dangereux qu'utile

Base commune

Une des conditions, pour qu'un patient reçoive les meilleurs soins, est que tous les soignants qui interviennent dans les soins œuvrent pour les mêmes objectifs, sur lesquels ils se sont mis d'accord avec le patient. Cela suppose notamment une base commune de connaissances

Mots et nombres

Comment évaluer la douleur au cours des essais cliniques ? Quel est le meilleur critère pour évaluer l'efficacité des antalgiques, tels que le méthoxyflurane inhalé (lire aussi "méthoxyflurane (Penthrox°) et douleurs aiguës en urgence chez les adultes"), et l'association d'un anti-inflammatoire non stéroïdien avec un opioïde, dexkétoprofène + tramadol (lire aussi "dexkétoprofène + tramadol (Skudexum°) et douleurs aiguës") ?

AMM "conditionnelles" : avec très peu de données

Plusieurs mécanismes ont été mis en place au cours des années 2000 pour permettre une commercialisation plus rapide des médicaments dans l'Union européenne. C'est notamment le cas des autorisations de mise sur le marché (AMM) dites conditionnelles, AMM délivrées précocement avec demande d'un complément d'évaluation après l'AMM (1)

Le Conseil d'État et les médicaments : une part d'arbitraire et de parti pris

Le Conseil d'État est un acteur important du domaine du médicament puisqu'en pratique il annule des décisions des ministres de la santé et des finances, des agences, de l'assureur maladie obligatoire, etc. (lire aussi "Conseil d'État : un arbitre influent dans le domaine du médicament")

Scoops santé : largement trompeurs

Il ne se passe guère de mois sans l'annonce d'une découverte extraordinaire qui va révolutionner la médecine. Ces annonces médiatiques donnent l'image d'un progrès rapide et sans fin. Qu'en est-il de leur fiabilité ?

Formation choisie

Depuis les années 1980, en France, la formation continue des professionnels de santé, obligation déontologique, subit les vicissitudes de la recherche constante de nouvelles modalités légales et réglementaires. Résultat : une formation permanente soi-disant obligatoire, administrativement contraignante, avec des conditions de mise en œuvre contestées et peu effectives, sans valorisation aux yeux des citoyens. Et un constat : vouloir contrôler n'est pas encourager

Les enfants en annexe

L'épilepsie frappe à tout âge, en particulier les enfants. On s'attend donc à ce qu'un nouveau médicament visant à prévenir les crises d'épilepsie soit largement étudié chez des enfants

Savoir faire

Réaliser un geste technique est pour les soignants une question de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. Savoir dans quel but et comment. Savoir ce qui est à faire avant, pendant le geste, puis après. Savoir aussi prévenir les erreurs et limiter les effets indésirables liés à ce geste

Concurrence expéditive

Le développement parallèle du nivolumab (Opdivo°) et du pembrolizumab (Keytruda°), deux anticorps monoclonaux immunostimulants anti-PCD-1, nourrit une course aux autorisations de mise sur le marché (AMM) entre deux firmes concurrentes

Études post-AMM : détournement à grande échelle

Depuis des années, les agences du médicament ont tendance à réduire l'évaluation clinique des médicaments avant autorisation de mise sur le marché (AMM), en affirmant que l'évaluation peut être complétée après AMM (1). L'expérience de l'Allemagne montre qu'il s'agit là d'une allégation trompeuse (2)

Prologue. Sommaire

Rose ou bleu, rond ou ovale, sécable ou non, liquide ou solide, le médicament est souhaité, craint, vénéré, critiqué, utilisé, abandonné, choisi, gobé, prescrit, dispensé, administré, refusé. Nous y avons tous affaire, en tant que patients, en tant que proches d'un patient, en tant que soignants. Objet dont les propriétés pharmacologiques sont à l'origine d'effets cliniques, bénéfiques et indésirables, il est plus complexe qu'il n'y paraît, empreint de représentations personnelles et culturelles. C'est aussi, collectivement, un objet social, aux dimensions politiques et économiques

À portée de main

Le médicament se faufile partout, parfois insidieusement, sans qu'on y prenne garde. Dans la poche, toujours à portée de main. Mal de tête, vite un antalgique orodispersible… Un antidépresseur pour tenir bon au travail… ou parce qu'on est devenu dépendant. Prise de médicament à visée récréative. Médicament suggéré par l'école pour aider un enfant turbulent à tenir en place et augmenter ses performances scolaires. Médicament préféré, par facilité, à des actions diététiques ou à l'activité physique, par exemple chez les patients diabétiques de type 2. Et dans bien d'autres situations encore (voir dans ce numéro le dossier spécial "Médicamentation de la société : l'affaire de tous")

Savoir refuser

Le médicament fait partie de notre quotidien. Chacun est un acteur de son utilisation. En participant à sa prescription, à sa dispensation, à son administration. En le recommandant. En choisissant de le prendre ou de le donner à autrui (lire aussi le dossier spécial "Médicamentation de la société : l'affaire de tous")

De la mère à l'enfant

La plupart des médicaments passent de la mère à l'enfant pendant la grossesse, et au cours de l'allaitement maternel. Les médicaments pris par la mère exposent alors l'enfant à leurs effets pharmacologiques. Ce lien particulier rend complexe le choix du traitement, motive parfois une surveillance médicale particulière. Il est à prendre en compte dans la balance bénéfices-risques du traitement maternel

Évaluation virtuelle

L'évaluation d'un nouveau médicament suit un processus établi au fil des décennies et des désastres sanitaires : études précliniques, notamment animales, puis premiers essais chez des volontaires sains (phase I), puis phase expérimentale par des essais non comparatifs et de premiers essais comparatifs chez quelques patients (phase II) ; enfin recherche d'une confirmation des hypothèses par des essais comparatifs versus traitement de référence ou placebo (phase III)

Soins dangereux ou inutiles : un gâchis humain et économique

Pour que les patients bénéficient au mieux des apports de la médecine, un des enjeux est d'utiliser à bon escient ses moyens, ni trop peu, ni trop, et d'éliminer les soins dangereux ou inutiles. Ce constat, partagé par de plus en plus de soignants, est fait aussi par des économistes

Médecine personnalisée

Empêcher la déshydratation des personnes âgées, et conduire leur réhydratation par voie orale en cas de déshydratation modérée, est un exemple de traitement particulièrement personnalisé (lire aussi "Déshydratation modérée des personnes âgées"). Dans cette situation fréquente, la mise en œuvre de soins attentifs et adaptés à la personne est indispensable pour éviter une évolution mortelle. En cas de déshydratation modérée, la réhydratation orale est le principal traitement, et souvent le seul nécessaire. Il arrive cependant qu'elle soit oubliée ou peu explicite dans la prescription

Faciliter le quotidien

La praticité d'un nouveau médicament est parfois une source de progrès pour les patients : nouvelle forme pharmaceutique ou nouveau dispositif doseur facilitant l'administration, nouveau dosage permettant de diminuer les prises, etc

Facs et conflits d'intérêts : peuvent mieux faire

Des études ont montré que beaucoup d'étudiants futurs soignants, comme leurs aînés, se croient à l'abri de l'influence du marketing des firmes (1). Cette erreur d'appréciation montre l'intérêt de former les futurs soignants à déjouer les techniques de marketing des firmes, et à se protéger de leur influence (1). Cette protection passe aussi par une politique de prévention et de gestion des conflits d'intérêts dans les facultés et les lieux de stage

Sur pièces

En 2017, quelles sont les preuves de l'efficacité des statines pour prévenir un accident cardiovasculaire chez des patients qui en ont déjà eu un ? Pour quels patients ? Avec quels risques ? À ces questions primordiales, la synthèse Prescrire sur les statines en prévention cardiovasculaire secondaire apporte des éléments de réponse et les accompagne de propositions concrètes pour la pratique (lire aussi "Statine en prévention cardiovasculaire secondaire")

Cheval de Troie

Chez les patients atteints de leucémie lymphoïde chronique et qui n'ont pas encore reçu de traitement pour cette leucémie, le traitement de référence varie largement selon la forme de la maladie, des caractéristiques tumorales et l'état du patient : le choix va de l'absence de tout médicament à des combinaisons d'antitumoraux de plusieurs types

Pesticides agricoles : la santé au travail négligée

En France, plus d'un million de travailleurs en milieu agricole sont plus ou moins exposés aux pesticides, avec des conséquences néfastes sur leur santé : certaines sont suspectées mais d'autres sont avérées, telles que cancers, maladies neurologiques, troubles de la reproduction et du développement, etc. (1à4)

Médicamentation

Aujourd'hui le médicament fait partie du quotidien. Son usage commence souvent avant même la naissance, et dure tout au long de la vie. Et le médicament nous concerne tous : professionnels de santé, patients, parents, etc

Mortels

La mortalité est un critère d'évaluation particulièrement déterminant. Mais, lors d'un essai, après quel délai mesurer la mortalité ? À très long terme, tout le monde meurt… À trop court terme, l'évolution naturelle de certaines maladies rend peu probable l'observation de morts, avec des résultats ininterprétables. Mais il n'y a pas que la maladie qui tue. Parfois c'est le médicament. Et quand un médicament parvient sur le marché, il n'en sort pas avant des années (lire aussi "Retraits de médicaments du marché pour effets indésirables : nombreux mais souvent tardifs")

Éviter en pratique les erreurs liées aux vaccinations

L'évaluation clinique des mesures destinées à éviter les erreurs liées aux vaccinations est indigente. Dans ce contexte, les propositions qui suivent tiennent compte des différents risques d'erreurs et de leurs facteurs de survenue, des recommandations d'organismes mobilisés sur la question, et d'une "check-list" proposée par des médecins généralistes en France (complétée par une "check-list" spécifique du vaccin BCG) (a)(1à9)

Faire face aux conflits d'intérêts

Les conflits d'intérêts sont-ils une fatalité chez les soignants ? Le directoire de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a chargé un groupe de travail de faire des propositions pour limiter les risques que les liens des soignants avec les firmes font peser sur les trois activités des centres hospitaliers universitaires : le soin, l'enseignement et la recherche (1)

Peu… et beaucoup à la fois

Adhérer à l'Association Mieux Prescrire (AMP) qui édite Prescrire ? Pour quoi faire ? Après tout, il n'y a aucun besoin d'adhérer à cette association pour s'abonner à Prescrire, financée par les abonnés, sans publicité ni subvention

Apprentis sorciers

La ménopause est une étape physiologique de la vie des femmes, mais elle est parfois accompagnée de symptômes gênants. À la fin du 20e siècle, constatant que ces manifestations coïncidaient avec la chute de la production d'estrogènes, il a paru séduisant de proposer la supplémentation en estrogènes. Des estrogènes ont ainsi été prescrits aux femmes autour de la ménopause, à large échelle et pendant des années, de façon imprudente

Médicaments de maladies rares : une dérive risquée pour les patients

Les maladies rares entraînent parfois les familles dans des situations dramatiques et désespérées. Ces familles sont défendues par les associations avec souvent beaucoup de passion et de détermination. Au risque parfois de mettre leur cause en danger

Non merci

Quelques petits amuse-gueules ou un petit buffet à l'occasion d'une rencontre entre consœurs et confrères à propos des relations ville-hôpital ? à l'occasion d'une réunion de service, d'une séance de formation ou d'une réunion de l'équipe de la maison de santé ou de l'officine ?

En situation

Un médicament est un outil pour soigner parmi d'autres, ni bon ni mauvais en lui-même. Dans certaines circonstances, sa balance bénéfices-risques le rend utile voire indispensable. Dans d'autres situations, il n'apporte pas de progrès, car un autre traitement est au moins aussi utile et mieux évalué. Parfois, dans un autre contexte, il est à éviter, exposant à trop de risques en contrepartie des bénéfices qu'il est raisonnable d'espérer

Édito. Obésité : les lobbys font la loi

En France, en 2016, dans le cadre de la prévention de l'obésité, la loi dite de "modernisation de notre système de santé" a introduit une très timide recommandation, en précisant que la mention des informations nutritionnelles obligatoires sur les étiquettes des aliments industriels « peut être accompagnée d'une présentation ou d'une expression complémentaire au moyen de graphiques ou de symboles » (1). C'est déjà beaucoup trop pour les lobbys agroalimentaires

Oui à un fonds pour toutes les victimes de médicaments

Les médicaments Mediator° (benfluorex) et Dépakine° (acide valproïque) sont associés à des désastres de santé publique, avec des procès en série, une intense couverture médiatique et des réactions politiques spectaculaires

C'est possible !

Depuis une dizaine d'années, Prescrire analyse régulièrement divers documents élaborés par la Haute autorité de santé (HAS) française : guides de pratique clinique, recommandations en santé publique, fiches de pratique clinique, etc. Par ce travail, Prescrire cherche à aider ses abonnés à trier ces documents, pour ne tenir compte que de ceux qui sont élaborés de façon fiable et qui aident à mieux soigner

Pas si "pro"

On nomme promédicament une substance, apparemment non active, qui est transformée après son entrée dans le corps du patient en un médicament actif. Si possible à proximité du site visé. Avec l'avantage, peut-être, d'exposer à moins d'effets indésirables

Innovons

"Innover", "innovation", "innovant", des mots souvent galvaudés au point de perdre beaucoup de sens. Dans les faits, il s'agit au mieux de nouveautés, quand il ne s'agit pas tout simplement de nouveaux habillages de choses déjà connues. C'est le cas dans le domaine du médicament comme dans d'autres secteurs industriels et commerciaux

Technosécurisation

Pour soulager des douleurs postopératoires, un appareil déclenché "à la demande" permet d'administrer un opioïde sous la langue, de vérifier le rythme des prises, de verrouiller l'accès au médicament. Outil utile ou gadget ? Quand en postopératoire, on opte pour une analgésie contrôlée, on vise une efficacité optimale, en adaptant la quantité et le rythme des prises en fonction à la fois de la douleur ressentie et des effets indésirables éprouvés. Or une partie de ces avantages sont perdus avec le dispositif de sufentanil sublingual (Zalviso°), car la dose administrée et la période "réfractaire" minimale entre les doses sont fixes. Il n'y a pas d'autre adaptation possible que d'allonger l'intervalle entre les prises. Pas d'adaptation de la dose au poids du patient, ni à l'intensité douloureuse, ni aux effets indésirables (lire aussi "sufentanil sublingual (Zalviso°) et analgésie postopératoire")

"AMM fractionnées" : le flop de l'EMA

L'Agence européenne du médicament (EMA) a lancé son projet-pilote controversé d'"AMM fractionnées" ("adaptive pathways") en 2014. Il s'agit d'un projet de nouveau processus, menant à des autorisations de mise sur le marché (AMM) accélérées des médicaments, sur la base de résultats obtenus sur des critères intermédiaires d'évaluation lors d'essais cliniques de phase II, qui sont des essais cliniques exploratoires souvent sur un petit nombre de patients. L'évaluation étant complétée après AMM avec des données obtenues "en vie réelle" (1,2)

Pharmacien soignant

Un pharmacien : « Bonjour docteur, nous pouvons désormais suivre les patients prenant un AVK [antivitamine K], au cours d'entretiens rémunérés. Bien sûr en complémentarité avec vous pour que ce soit efficace. Qu'attendez-vous de nous ? »

Concret

Trop souvent, faute d'une efficacité clinique plus marquante, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments d'un cancer est obtenue seulement sur la base d'un allongement du délai avant "aggravation" du cancer. Toujours ça de gagné pour les patients ? En fait pas si sûr

Neuroleptiques : trop banalisés

En France comme dans d'autres pays, la consommation des neuroleptiques (alias antipsychotiques) est en forte augmentation depuis la mise sur le marché des neuroleptiques dits de seconde génération (ou "atypiques") à partir des années 1980 : amisulpride, aripiprazole, clozapine, olanzapine, quétiapine, rispéridone (1). Cette augmentation est-elle médicalement justifiée ?

Anticiper

La route tue. De moins en moins. Environ 4 000 personnes en France en 2015

Brexit

La sortie annoncée du Royaume-Uni de l'Union européenne implique que l'Agence européenne du médicament (EMA) quitte Londres

Les patients veulent être entendus

Les patients demandent à être davantage consultés et entendus dans les décisions qui concernent leur santé, du choix des soins individuels aux décisions des autorités de santé

Au service de la lecture

À la demande de nombreux lecteurs, et après plusieurs mois de réflexion et de tests divers, voici la maquette améliorée de votre revue Prescrire. La mise en pages a été largement rénovée. Pour en faciliter l'abord, augmenter le confort de sa lecture, sur le papier comme sur diverses tailles d'écrans. Pour aider à s'approprier son contenu. Pour donner davantage envie de la lire. Une maquette plus équilibrée, plus lumineuse, avec comme défi d'apporter autant d'information chaque année. De la couleur au service de la lecture, afin d'accompagner le choix entre une lecture approfondie et une lecture rapide

Persévérance

Depuis des dizaines d'années, on sait que pour obtenir des données de haut niveau de preuves d'évaluation clinique d'un traitement, il vaut mieux effectuer des essais comparatifs randomisés en double aveugle

Pesticides : des coûts très sous-estimés

L'usage des pesticides est considéré par certains comme une nécessité, avec des bénéfices allégués en termes économiques et alimentaires. Mais les coûts réels des pesticides sont-ils bien connus et pris en compte dans les calculs et les réflexions sur leur intérêt global ?