Des études ont montré que beaucoup d'étudiants futurs soignants, comme leurs aînés, se croient à l'abri de l'influence du marketing des firmes (1). Cette erreur d'appréciation montre l'intérêt de former les futurs soignants à déjouer les techniques de marketing des firmes, et à se protéger de leur influence (1). Cette protection passe aussi par une politique de prévention et de gestion des conflits d'intérêts dans les facultés et les lieux de stage.
Aux États-Unis d'Amérique, l'Association des étudiants en médecine étatsuniens (AMSA) a établi un classement annuel des facultés de médecine selon les mesures mises en place en termes de prévention et de formation aux conflits d'intérêts avec les firmes pharmaceutiques (2).
En 2017, cette démarche a un prolongement bienvenu en France (3).
Un premier classement en France
L'association Formindep s'est inspirée de la démarche de l'AMSA et d'une expérience similaire au Canada. Elle a établi un premier classement des facultés de médecine françaises, avec le soutien de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) (3).
Les auteurs de l'étude ont recherché, sur les sites internet des facultés, par des demandes auprès des doyens, et par des contacts au sein des facultés, toute information mentionnant les mesures de prévention et de formation mises en place pour éviter ou limiter l'influence des firmes pharmaceutiques. Treize critères ont été établis, dont les pratiques de cadeaux, les divers liens entre les enseignants et les firmes, l'accueil des représentants de commerce des firmes, le financement par les firmes d'activités ou de locaux, etc. Trois notes étaient attribuées pour chaque critère, de 0 (aucune mesure prise) à 2 ; les notes globales des facultés pouvaient donc s'échelonner entre 0 et 26 (3).
On part de très bas
Au total, 9 facultés de médecine seulement sur 37 (24 %) proposent quelques initiatives en matière de prévention ou de gestion des conflits d'intérêts avec les firmes. Les facultés qui ont obtenu le plus de points sont : Lyon Est (5 points seulement sur 26), Angers (4 points), Aix-Marseille, Lyon Sud, Paris 5, Paris 7, Rennes 1, Strasbourg et Toulouse Purpan (1 point) (a)(3).
Les auteurs de l'étude espèrent une nette amélioration lors du prochain classement en France, comme cela a été observé aux États-Unis à la suite de l'initiative de l'AMSA (3).
C'est à la faculté que les étudiants prennent les bonnes habitudes et acquièrent des savoirs fondamentaux nécessaires à l'exercice de leur profession de soignant. Ou ne les prennent pas… Un beau challenge pour les facultés françaises !
Notes
a- Le centre hospitalier universitaire et les facultés de médecine de Toulouse ont annoncé le 23 mars 2017 la mise en œuvre de mesures de prévention des conflits d'intérêts (réf. 4).