Ville-hôpital : mieux communiquer dans l'intérêt des patients

Ville-hôpital : mieux communiquer dans l'intérêt des patients

Les patients atteints de cancer font souvent des allers-retours entre leur domicile et l'hôpital. La qualité des soins qu'ils reçoivent dépend entre autres de la communication entre médecins généralistes et équipes hospitalières. Comment les médecins généralistes perçoivent-ils cette communication ?

Un manque flagrant d'information

Une enquête menée auprès d'environ 1 200 médecins généralistes tirés au sort dans trois régions françaises a examiné la qualité de communication entre médecins généralistes et médecins spécialistes hospitaliers au sujet de patients atteints de cancer (1).

Plus de 70 % des médecins généralistes interrogés estimaient avoir un rôle "important" ou "très important" à jouer dans le suivi des patients atteints de cancer (1).

Néanmoins, seulement 10 % des médecins généralistes interrogés ont déclaré participer aux réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) censées regrouper les professionnels de santé impliqués dans les soins à un patient atteint de cancer. Environ la moitié des médecins n'étaient pas en possession d'un compte rendu de cette réunion quand ils ont revu le patient dans les suites de l'annonce d'un diagnostic de cancer (1).

Les médecins généralistes manquent d'information sur ce qui a été dit au patient : 36 % n'ont "jamais" ou ont seulement "parfois" une information sur ce qui a été dit au patient concernant le diagnostic, et 68 % sur le pronostic. 75 % ne sont "jamais" ou sont seulement "parfois" sollicités par l'équipe hospitalière sur la faisabilité d'un retour à domicile (1).

Moins d'un médecin généraliste sur cinq dit recevoir systématiquement une information sur les effets indésirables à surveiller concernant les traitements prescrits par les collègues hospitaliers. Pourtant, près des deux tiers des patients s'adressent à leur médecin généraliste pour demander des explications sur leur traitement. La moitié des médecins déclarent ne pas disposer des informations nécessaires pour répondre (1).

Déficit de communication au détriment des patients

Interrogés sur leur conduite face à une suspicion d'aplasie fébrile 10 jours après une séance de chimiothérapie, deux tiers des médecins généralistes déclarent contacter l'oncologue hospitalier ou s'adresser au service d'oncologie en vue d'une hospitalisation. Ils sont peu (6 %) à adresser le patient directement aux urgences, attitude déconseillée car à haut risque infectieux pour le patient. En revanche le week-end, faute d'interlocuteur, ils sont 22 % à ne pas avoir d'autre solution que cette réponse inadaptée (1).

Outre la gestion des effets indésirables des traitements, les difficultés rencontrées par les médecins généralistes interrogés concernent notamment les soins justifiés par les séquelles des traitements et l'accompagnement des patients en fin de vie (1).

Les auteurs de l'enquête imputent ces difficultés, au moins en partie, à un défaut de communication entre médecins généralistes et équipes hospitalières. Une chose est sûre : quand les différents médecins impliqués dans les soins à un même patient ne se concertent pas, c'est souvent au détriment du patient.

©Prescrire

Extraits de la veille documentaire Prescrire

1- Rey D et coll. "Suivi des patients atteints de cancer : les généralistes favorables à des échanges renforcés avec l'hôpital", Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, Études et résultats octobre 2017 ; (1034) : 8 pages.