La stigmatisation des personnes en situation de surpoids et d'obésité est courante dans de nombreux pays (1,2). Dans le système de soins français aussi (2,3).
Une stigmatisation fréquente, et nocive pour les soins
Beaucoup de soignants partagent avec une partie notable de la société des stéréotypes vis-à-vis des personnes en situation d'obésité (1,3). Ces dernières sont souvent rendues seules responsables de leur situation et de ses conséquences néfastes pour leur santé, en lien avec un « manque de volonté », sans prendre en compte les facteurs socio-économiques d'obésité (1,2,4). Certains soignants s'autorisent ainsi à augmenter l'anxiété de ces patients sur leur santé, à les sermonner et à leur parler sans cesse de leur poids et de la nécessité de maigrir avant tout (1,3,4).
Pourtant de très nombreuses études, depuis des dizaines d'années, montrent que la stigmatisation par des soignants des personnes en situation d'obésité nuit à leur santé physique et mentale et les éloigne des soins. La priorité donnée par certains soignants au poids de ces patients occulte d'autres causes à leurs problèmes de santé, exposant alors à des erreurs de diagnostic et de soins (3).
Des patients malmenés
Dans une enquête qualitative menée en France en 2021 auprès de 104 personnes en situation de surpoids, environ neuf sur dix ont déclaré avoir été victimes de stigmatisation ou de discrimination en raison de leur poids (grossophobie) lors de consultations médicales. Elles ont décrit des comportements paternalistes et moralisateurs, et aussi une dévalorisation associée à une culpabilisation, des moqueries, du mépris. Beaucoup ont exprimé une colère, une indignation, une tristesse, une honte ou une culpabilité. Elles ont aussi fait part de leur découragement, d'une aggravation de leur anxiété ou d'une dépression, et dénoncé des erreurs ou retards de diagnostic à cause de la focalisation de soignants sur leur poids. Cela a conduit certaines femmes à changer de médecin voire à arrêter tout suivi médical (2).