Les risques liés à l'exposition professionnelle aux pesticides sont de plus en plus documentés et les demandes d'indemnisation sont en hausse régulière (1,2). Mais en France, d'après la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d'environnement (cnDAspe), la prévention de ces risques est au point mort (a)(3).
Prévention en panne
En 2016, l'Agence nationale (française) de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) recommandait dans l'agriculture, notamment : une réduction de l'usage des pesticides, un suivi des expositions, le renforcement des connaissances et l'amélioration des mesures et des équipements de protection (6). Constatant le peu de progrès en matière de réduction des risques liés aux pesticides, la branche agriculture-agroalimentaire du syndicat CFDT a saisi en 2022 la cnDAspe pour qu'elle examine les obstacles en jeu (3).
Le rapport d'un groupe d'experts basé sur une synthèse des données ainsi que des auditions des parties prenantes en France et en Europe ont conduit la cnDAspe à émettre des recommandations aux pouvoirs publics, notamment de ne pas faire reposer la prévention des risques sur les seuls équipements de protection individuelle, tout en rappelant que la meilleure prévention est la réduction de l'usage des pesticides. Surtout, la Commission appelle à « prendre impérativement en compte les données produites par la science », pour une évaluation indépendante des risques, y compris dans le cadre de l'autorisation préalable à la mise sur le marché des pesticides. Cette évaluation repose jusqu'ici principalement sur les données fournies par les industriels (3).
Ces recommandations non contraignantes convaincront-elles les pouvoirs publics de prioriser la santé publique plutôt que certains intérêts économiques à court terme ?
Notes
a- La Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d'environnement (www.alerte-sante-environnement-deontologie.fr) est une commission gouvernementale consultative chargée, dans les domaines de la santé publique et de l'environnement, d'émettre des recommandations et d'accompagner les organismes publics d'expertise scientifique et technique dans l'amélioration de leurs pratiques.