En France, beaucoup de soignants partagent avec une partie notable de la société des stéréotypes vis-à-vis des personnes avec un excès de poids. Ces dernières sont souvent rendues seules responsables de leur situation et de ses conséquences néfastes pour leur santé, en lien avec un « manque de volonté », sans prendre en compte les facteurs socio-économiques d'obésité. Certains soignants s'autorisent ainsi à augmenter l'anxiété de ces patients sur leur santé, à les sermonner et à leur parler sans cesse de leur poids et de la nécessité de maigrir avant tout.
Pourtant de très nombreuses études, depuis des dizaines d'années, montrent que la stigmatisation par des soignants des personnes en situation d'obésité nuit à leur santé physique et mentale et les éloigne des soins. La priorité donnée par certains soignants au poids de ces patients occulte d'autres causes à leurs problèmes de santé, exposant alors à des erreurs de diagnostic et de soins.
Dans une enquête qualitative menée en France en 2021 auprès de 104 personnes avec un excès de poids, environ neuf sur dix ont déclaré avoir été victimes, lors de consultations médicales, de stigmatisation ou de discrimination en raison de leur poids (grossophobie). Elles ont décrit des comportements paternalistes et moralisateurs, une dévalorisation associée à une culpabilisation, des moqueries, du mépris. Beaucoup ont exprimé une colère, une indignation, une tristesse, une honte ou une culpabilité. Elles ont aussi exprimé leur découragement, une aggravation de leur anxiété ou d'une dépression, et dénoncé des erreurs ou retards de diagnostic à cause de la focalisation de soignants sur leur poids. Cela a conduit certaines femmes à arrêter tout suivi médical.
Maltraitées, puis mal soignées…
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er juillet 2023
• Texte complet :
"Commencez par perdre du poids !" Rev Prescrire 2023 ; 43 (477) : 538. Accès libre.
