La meilleure option de traitement dans une situation clinique donnée est celle qui convient le mieux, faisant la meilleure balance entre l'efficacité et les risques, pour la plupart des patients. Pour la plupart, mais pas pour tous. Car parfois une particularité modifie cette balance au point d'orienter vers un autre traitement mieux adapté. Un exemple classique est celui du patient qui a une angine aiguë et qui a pour particularité d'être allergique aux bêtalactamines : quand un antibiotique paraît justifié, la spiramycine ou l'azithromycine, des macrolides, sont de meilleurs choix qu'une bêtalactamine telle que l'amoxicilline.
Une allergie à une substance n'est qu'une des nombreuses particularités rencontrées chez tel ou tel patient. Par exemple, chez un homme asthmatique qui souffre de migraine, le choix du traitement préventif des maux de tête se porte sur l'amitriptyline et non sur le propranolol. Chez une femme enceinte qui a une colique néphrétique, le choix médicamenteux se porte sur la morphine et non sur l'ibuprofène ou le naproxène. Des particularités telles que la grossesse ou l'allaitement, ou encore l'âge des patients, sont en général prises en compte dans les choix thérapeutiques. Mais d'autres, moins fréquentes, risquent d'être négligées. C'est le cas par exemple de certaines caractéristiques génétiques telles qu'un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase, une enzyme : chez un homme qui a cette particularité, il est prudent d'écarter, entre autres, la nitrofurantoïne, pourtant utilisée en premier choix dans certaines infections urinaires masculines.
Les particularités des patients peuvent aussi influencer des démarches diagnostiques. Certaines sont connues de la plupart des soignants. Par exemple, la présence d'un corps étranger métallique dans ou près d'un oeil contre-indique la pratique d'une imagerie par résonance magnétique (IRM) en raison notamment des risques de déplacement du corps étranger. La prise de metformine est à interrompre avant et pendant 2 jours après la réalisation d'un scanner avec injection de produit de contraste iodé pour éviter une acidose lactique. D'autres particularités interfèrent avec des résultats d'examens diagnostiques et exposent à des erreurs de prise en charge. C'est le cas par exemple de la mesure de la saturation en oxygène avec un oxymètre de pouls (SpO2) chez des personnes qui ont la peau foncée (lire “Saturation en oxygène et oxymètre de pouls” ci-dessous).
Connaître les principes généraux de traitement ou de diagnostic est un préalable indispensable aux décisions de soins. Prendre en compte les particularités de chaque patient l'est tout autant.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er août 2023
• Textes complets :
"Particularités" Rev Prescrire 2023 ; 43 (478) : 561. Accès libre.
"Saturation en oxygène et oxymètre de pouls. Risque de surestimation quand la peau est foncée" Rev Prescrire 2023 ; 43 (478) : 613. Réservé aux abonnés.
