L'eskétamine par voie nasale (Spravato°), autorisée dans certaines dépressions dites résistantes, est dangereuse (lire aussi "eskétamine (Spravato°) et dépression dite résistante").
Dans les essais ayant évalué l'instauration d'un traitement par eskétamine par voie nasale, un syndrome de dissociation a été observé chez 60 % à 79 % des patients. Le "sniff" d'eskétamine est alors vite suivi d'hallucinations, de confusions, de distorsions du temps et de l'espace, d'altérations sensorielles (sons plus bruyants, couleurs plus lumineuses), de sensations d'être en dehors de son propre corps, entre autres. L'eskétamine a aussi des effets sédatifs, allant de la somnolence légère à la perte de conscience avec dépression respiratoire. Elle expose à des poussées hypertensives. Ce sont des effets connus de la kétamine, dont l'utilisation détournée a conduit à la classer comme stupéfiant.
D'où beaucoup de précautions à prendre : administration du médicament seulement à l'hôpital, avec un soignant qui surveille pendant au moins 2 heures l'apparition d'un syndrome de dissociation et de troubles de la conscience, mesure la pression artérielle, et le cas échéant rassure le patient, le met en position latérale de sécurité, etc. On espère que pendant ce temps-là les autres patients du service n'ont besoin de rien…
Tout ça pour quoi ? Dans le dossier d'autorisation de mise sur le marché (AMM), l'efficacité à court terme est limitée à des frémissements de scores d'intérêt incertain. L'essai évaluant le risque de rechute est biaisé.
Les décideurs qui ont accordé l'AMM ont-ils vraiment pesé toutes les conséquences du détournement des ressources du système de soins au profit de la firme qui vend ce médicament stupéfiant ?
