Les soignants sont régulièrement assaillis par des “nouveautés” thérapeutiques. La plupart ne sont que des nouveautés commerciales. Malgré tout, les soignants ont intérêt à prêter attention à ce qui peut constituer un réel progrès, sans parti pris. Parfois la nouveauté apporte vraiment quelque chose à certains patients.
L’analyse attentive des données d’évaluation initiale permet en général de situer la place d’une nouveauté thérapeutique par rapport à ce qui existe déjà.
Le “Rayon des Nouveautés” de Prescrire est conçu pour aider les abonnés à faire le tri dans le domaine du médicament. Sa lecture, même rapide, en diagonale, permet un gain de temps, précieux pour ceux qui en consacrent beaucoup à l’écoute des patients. Avec la garantie que le jugement émis par Prescrire repose sur l’indépendance de son équipe, sur des exigences de qualité et d’utilité des soins pour les patients.
Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi régulièrement reconsidérer ses choix avec “plus de recul”. Car on sait finalement assez peu de choses lors de l’évaluation initiale d’un nouveau médicament. Surtout en termes d’effets indésirables, souvent inconnus ou initialement sous-estimés. Mais parfois aussi en termes d’effets bénéfiques plus ou moins inattendus.
Avec le recul, certaines statines sont devenues les hypocholestérolémiants de référence.
Avec le recul, la balance bénéfices-risques défavorable des glitazones s’est confirmée. Et celle de l’association dextropropoxyphène + paracétamol (Di-Antalvic° ou autre) est apparue de plus en plus défavorable.
Avec le recul, les effets indésirables cardiovasculaires des anti-inflammatoires non stéroïdiens se sont avérés plus préoccupants que leurs effets indésirables digestifs. Et les époétines se sont révélées facteur de surmortalité.
Les exemples pourraient être multipliés.
Le Rayon des Nouveautés comporte plusieurs fois par an des analyses “avec plus de recul”. Et les autres rubriques de Prescrire apportent aussi, chaque mois, de quoi prendre du recul sur toutes sortes de nouveautés et d’habitudes.
La mise en perspective, la remise en cause, l’esprit critique, sont des facteurs de progrès.
Dans le domaine des soins aussi, mieux vaut se méfier des idées trop arrêtées. Prendre du recul est source d’élan. Pour créer du mouvement, pour rester vivant.
©Prescrire 2012
Tiré de : Rev Prescrire 2010 ; 30 (319) : 321.
Rev Prescrire 2012 ; 32 (343):324. (pdf, accès libre)
