Dans son numéro de mai, la revue Prescrire publie le témoignage d'un chercheur canadien qui a étudié la question de la publicité grand public pour des médicaments sur prescription, tout particulièrement aux États-Unis, où elle est pratiquée à grande échelle depuis 1997. L'expérience de ce pays mérite réflexion en Europe et en France.
Un mois après l'attentat du 11 septembre 2001, une publicité proclamait aux États-Unis que "des millions de personnes souffrent d'inquiétude chronique" et proposait comme solution un antidépresseur, la paroxétine. L'anti-inflammatoire non stéroïdien rofécoxib a été retiré du marché mondial en 2004, à cause d'effets indésirables cardiovasculaires graves pourtant connus dès 2000. Il a été estimé que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont eu un accident cardiovasculaire dû à ce médicament aux États-Unis, où ce médicament disposait d'un budget publicitaire grand public supérieur à celui de Coca cola ! Beaucoup de publicités pour des médicaments incluent des offres gratuites ou des baisses de prix comme pour n'importe quelle marchandise. Une publicité a ainsi offert un essai gratuit de sept jours pour zolpidem, alors que ce médicament est susceptible de créer une dépendance !
Le public a besoin d'une information fiable, comparative et indépendante sur les problèmes de santé et tous les traitements disponibles, y compris le choix de ne pas traiter. Cela ne peut pas venir de la publicité, qui vise à vendre un produit.
©Prescrire 1er mai 2006
LIBRE "La publicité directe au public pour les médicaments : une pilule pour chaque maladie ou une maladie pour chaque pilule ?" Rev Prescrire 2006 ; 26 (272) : 391-393. Télécharger (pdf, 105 Ko).