L’affaire Mediator° a utilement attiré l’attention en France sur les médicaments, leur utilisation, et leur encadrement. Le rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) sur Mediator° a précisément montré les graves faiblesses du système et indiqué de nombreuses pistes de réforme. La presse grand public s’est emparée d’un sujet sur lequel elle avait été souvent peu présente. Les patients se posent soudain des questions auxquelles ils n’avaient pas l’habitude d’être confrontés ; etc.
Prescrire a joué un rôle important dans l’identification des risques du Mediator° et sur les réformes générales à entreprendre pour rebâtir l’indispensable confiance des patients. Après l’affaire Mediator°, cette confiance ne pourra plus être aveugle.
Les patients ont besoin de garanties sur le contrôle effectif du marché pharmaceutique par des agences compétentes proposant des décisions transparentes et protégées de conflits d’intérêts. Les patients ont besoin de soignants bien formés en pharmacologie et en thérapeutique, à l’université puis au cours de l’exercice, de manière fiable et indépendante. Les patients ont besoin de firmes pharmaceutiques qui restent à leur place, bien concentrées sur leur participation à la recherche et sur la production de médicaments de qualité répondant aux besoins de santé avec une bonne balance bénéfices-risques.
Tout le monde doit avoir l’esprit critique sur les médicaments. Pas pour les rejeter tous au nom d’une défiance systématique et parfois néfaste, mais au contraire pour faire les meilleurs choix possibles : entre prévention et traitement, entre abstention thérapeutique raisonnable et traitement, entre médicaments et traitements non médicamenteux, entre différents médicaments disponibles.
©Prescrire 1er février 2011