En 2007, la firme AstraZeneca avait estimé que la Caisse d'assurance maladie de l'Aude avait outrepassé son rôle et ses droits en diffusant aux médecins généralistes de sa circonscription une information sur la rosuvastatine (Crestor°) qui dépassait la simple reproduction des informations réglementaires.
La Caisse incitait à utiliser la rosuvastatine seulement en deuxième ligne, vu l'absence d'efficacité prouvée en termes de réduction d'accidents vasculaires cérébraux et d'infarctus du myocarde, et l'incertitude autour des effets indésirables rénaux.
La firme a utilisé de nombreux arguments, et a notamment tenté de faire valoir que l'incitation à limiter les prescriptions de rosuvastatine à la deuxième ligne était contraire au libellé de l'autorisation de mise sur le marché.
En rejetant définitivement en 2010 le pourvoi d'AstraZeneca, la Cour de cassation a estimé que la caisse d'assurance maladie n'avait pas commis de faute, et que rien ne s'opposait dans la réglementation à ce qu'elle diffuse aux professionnels de santé "des informations à caractère médical sur la prescription de certaines spécialités pharmaceutiques".
La Caisse de l'Aude ne s'est pas laissée intimider par une firme puissante et tenace. Les autres caisses d'assurance maladie savent maintenant qu'elles peuvent suivre cet exemple, à condition de fonder l'information sur des données fiables et indépendantes issues de l'évaluation clinique.
Une bonne nouvelle pour les soignants et les patients.
©Prescrire 1er février 2011
"Lobbies : affronter l’intimidation (suite)" Rev Prescrire 2011 ; 31 (328) : 133. (pdf, accès libre)