Le diéthylstilbestrol (DES) a été utilisé des années 1950 à la fin des années 1970 dans le but de prévenir des avortements spontanés. Son inefficacité dans cette indication a été montrée dès 1953. Dès 1971, le lien était établi entre le DES et un risque augmenté de cancer du vagin chez les femmes dont les mères avaient pris du DES pendant la grossesse. Pourtant, le DES a été utilisé par des femmes enceintes jusqu'en 1981 en France, où 160 000 personnes auraient été exposées in utero.
La liste des effets indésirables de l'exposition au DES ne cesse de s'étoffer au fil du temps. Outre les effets indésirables sur l'appareil génital des "filles et fils DES", des effets indésirables psychiques semblent aussi être imputables au DES chez les "descendants DES".
Plusieurs études et essais montrent une plus grande fréquence de troubles psychiques chez les personnes exposées au DES in utero, notamment épisodes dépressifs majeurs et troubles du comportement alimentaire.
Ainsi, voici un médicament qui a été utilisé longtemps après que les études aient montré son inefficacité, et qui est resté utilisé alors même que des effets indésirables graves étaient connus. Trente ans après l’arrêt de son emploi chez les femmes enceintes, il continue à provoquer des effets indésirables graves.
Le désastre du DES met en relief l'ensemble des responsabilités : firmes, agences du médicament, soignants. Comme l'affaire Mediator°, comme l'affaire Vioxx°, etc. Il attire notamment l'attention sur deux points : la nécessité d'une évaluation exigeante des médicaments avant et après commercialisation ; l'importance de la plus grande prudence quant à la prescription d'un médicament à une femme enceinte ou susceptible de l'être.
©Prescrire 1er juillet 2011
"Troubles psychiques après exposition in utero au DES " Rev Prescrire 2011 ; 31 (333) : 513-516. (pdf, réservé aux abonnés)