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Isotrétinoïne : trop de grossesses encore exposées

Malgré différentes mesures, des enfants continuent d'être exposés à l'isotrétinoïne au cours de la grossesse et sont atteints de malformations graves et/ou de troubles neuropsychiques.

L'isotrétinoïne est utilisée dans l'acné, en application sur la peau ou par voie orale. Rétinoïde dérivé de la vitamine A, elle est fortement tératogène : un quart des enfants dont la mère a été exposée durant la grossesse sont atteints de malformations diverses (atteintes crâniofaciales, cardiaques et du système nerveux). Des troubles du développement neuropsychique sont aussi observés depuis les années 1990 chez des enfants ayant été exposés in utero à l'isotrétinoïne, sans malformation visible à la naissance. Ce risque est signalé dans les informations officielles aux États-Unis d'Amérique depuis 2010. Début 2021, l'Agence française du médicament (ANSM) a alerté sur ce risque. Malgré un programme de prévention (carnet-patiente, prescription initiale restreinte aux dermatologues, tests de grossesse obligatoires, etc.), le nombre de grossesses exposées à l'isotrétinoïne ne diminue pas en France : environ 175 par an. L'ANSM recommande donc, depuis mi-2021, de prescrire d'une part l'isotrétinoïne par voie orale (Procuta° ou autre) en deux temps pour laisser un temps de réflexion au patient, et d'autre part une contraception d'urgence et des préservatifs masculins remboursables aux patientes sous contraceptif oral.

L'isotrétinoïne expose par ailleurs femmes et hommes qui en prennent à des effets indésirables psychiques, avec un risque suicidaire surtout pendant les premiers mois de traitement et les premiers mois suivant l'arrêt du traitement. L'ANSM recommande un suivi mensuel pour surveillance des risques.

Prescrire ajoute qu'une contraception d'urgence est justifiée aussi en cas d'expulsion d'un dispositif intra-utérin et de rapport sexuel dans les quelques jours précédant l'expulsion, et qu'il est prudent de prolonger le suivi au moins le mois suivant l'arrêt de l'isotrétinoïne.

Prescrire propose d'appliquer toutes ces mesures aussi à l'isotrétinoïne en application locale et aux autres rétinoïdes oraux : l'acitrétine (Soriatane°), l'alitrétinoïne (Toctino° ou autre), le bexarotène (Targretin°) et la trétinoïne (Vesanoid°).

Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er décembre 2021

• Textes complets :

"Trop de grossesses exposées à l'isotrétinoïne orale : recommandation de prescrire en deux temps" Rev Prescrire 2021 ; 41 (458) : 902. Réservé aux abonnés.

"Isotrétinoïne : troubles du développement neuropsychique parfois sans malformation visible à la naissance" Rev Prescrire 2021 ; 41 (458) : 909. Réservé aux abonnés.

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