Atermoiements

Certains médicaments arrivent sur le marché sous une présentation et une forme qui compliquent la préparation des doses ou l'administration. Cela rend difficile ou risquée leur utilisation par certains patients. Ainsi, l'utilisation du collyre de cénégermine (Oxervate°) requiert de nombreuses manipulations et tout un matériel (lire aussi "cénégermine collyre (Oxervate°) et kératite neurotrophique" et dans l'Application Prescrire).

Proposer un médicament sous une forme, un dosage et une présentation à la fois sûrs et commodes devrait être la norme. Pourtant, il faut parfois des années avant que ce ne soit le cas. Par exemple, le dosage à 80 mg d'adalimumab (Humira°), qui réduit un peu le nombre d'injections en début de traitement, n'arrive que 10 ans après l'autorisation d'une posologie élevée (lire aussi "adalimumab (Humira°) 80 mg"). La nitisinone (Orfadin°), autorisée en 2005 dans une maladie rare qui touche notamment les enfants, est commercialisée seulement depuis 2017 sous une forme buvable adaptée aux enfants (lire dans le n° 410 p. 900). Le rivaroxaban (Xarelto°), un anticoagulant, autorisé depuis 2011 dans les thromboses veineuses profondes et les embolies pulmonaires, est disponible seulement depuis 2018 en boîte contenant deux dosages de comprimés, censés être adaptés à l'augmentation progressive des doses lors du premier mois de traitement (lire dans le n° 421 p. 825).

Pas sûr que ces atermoiements pour améliorer la praticité et réduire les risques d'erreur soient dus à des difficultés industrielles, ces améliorations techniques n'ayant rien de révolutionnaire. On constate plutôt que beaucoup de ces nouveautés apparaissent à l'approche de l'ouverture du marché aux copies, et démarquent les spécialités princeps des autres. Dommage pour les patients que les agences du médicament n'exigent pas d'emblée des médicaments à la fois sûrs et commodes.

RAY1_Sign_Gaspard