Les effets indésirables des médicaments qui arrivent sur le marché sont souvent mal connus. C'est notamment la conséquence d'une évaluation visant avant tout à démontrer une efficacité éventuelle, et menée généralement sur un faible nombre de patients très sélectionnés. Il est par conséquent prudent de considérer qu'un médicament récent expose, a priori, au moins aux effets indésirables des médicaments du même groupe pharmacologique. Ce n'est pas une démarche pessimiste, mais un raisonnement pour "d'abord ne pas nuire", qui tient compte des connaissances accumulées avec des médicaments plus anciens. Ainsi, l'obinutuzumab (Gazyvaro°, un anticorps monoclonal anti-CD20) expose, a priori, au moins aux effets indésirables du rituximab (Mabthera° ou autre), un autre anticorps monoclonal anti-CD20 avec lequel le recul d'utilisation est plus long (lire aussi "obinutuzumab (Gazyvaro°) et lymphome folliculaire en première ligne"). Et ce, jusqu'à preuve du contraire.
À l'inverse, est-il raisonnable de considérer, sans évaluation spécifique, qu'un médicament est une solution satisfaisante dans une situation clinique, au motif qu'un médicament du même groupe pharmacologique a une efficacité déjà démontrée dans cette situation clinique ? Non, car sans évaluation, on ne sait pas dans quelle mesure il y aurait ou non une perte de chance pour le patient utilisant le médicament non évalué. D'où notre perplexité devant l'autorisation de mise sur le marché de la triptoréline (Décapeptyl LP°, un agoniste de la Gn-RH) dans certains cancers de la prostate localisés, cette autorisation reposant surtout sur l'évaluation d'un autre agoniste de la Gn-RH, la goséréline (Zoladex°) (lire aussi "triptoréline (Décapeptyl LP°) et certains cancers localisés de la prostate"). Côté efficacité, en l'absence de données comparatives probantes, un nouveau médicament est à considérer, a priori, comme moins efficace que les autres de son groupe pharmacologique. Et pas moins dangereux. Jusqu'à preuve du contraire.
