- Une étude des données de l'assurance maladie obligatoire française menée par le Centre régional de pharmacovigilance et le Centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance de Clermont-Ferrand a conduit à estimer que les prescriptions d'anti-inflammatoires non stéroïdiens à partir du 6e mois de grossesse concernent environ 5 000 à 6 000 femmes par an en France, hors automédication (1).
- Les effets indésirables des AINS sont solidement établis dans la deuxième moitié de la grossesse. Ils exposent les nouveau-nés à des hypertensions artérielles pulmonaires avec fermeture prématurée du canal artériel et à des insuffisances rénales avec oligoamnios.
- Les données disponibles sur les risques liés aux AINS administrés dans la première moitié de la grossesse sont moins étoffées.
- Cependant, au cours du premier trimestre de grossesse, du fait de leurs propriétés pharmacologiques, les AINS exposent peut-être à un risque accru d'avortements spontanés. Quelques doutes existent quant à des malformations cardiaques. Selon une étude de chercheurs de l'Inserm publiée en mars 2017, l'ibuprofène expose à des perturbations du système hormonal dans le testicule fœtal humain (2).
- Aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse, les AINS, dont l'aspirine à dose anti-inflammatoire antalgique, y compris en application locale ou par voie orale sur de courtes durées, exposent à des insuffisances rénales fœtales parfois irréversibles, des fermetures prématurées du canal artériel et des hypertensions artérielles pulmonaires persistantes du nouveau-né. Des entérocolites nécrosantes et des hémorragies intracrâniennes et digestives ont été rapportées chez des enfants exposés in utero à certains AINS. Ils exposent aussi à des hémorragies chez la femme enceinte et l'enfant à naître (1).
- Le message diffusé par l'Agence du médicament est utile mais incomplet et source de confusion. Limiter la contre-indication à partir du 6e mois pour la plupart des AINS laisse des femmes enceintes et leurs enfants à naître exposés à des dangers évitables.
- Comme le rappelle l'Agence elle-même, « Ilest important de préciser que des alternatives médicamenteuses et non médicamenteuses existent, quel que soit le terme de la grossesse » (3).
- Il est vraisemblable que le nombre de femmes et d'enfants exposés baisserait si le message des autorités sanitaires devenait plus simple et beaucoup plus fortement affirmé et répété : "JAMAIS D'AINS PENDANT LA GROSSESSE".
©Prescrire 13 mars 2017
Références :
1- Prescrire Rédaction "Encore des bébés à naître exposés à des AINS" Rev Prescrire 2016 ; 36 (397) : 827-828. > Pdf, réservé aux abonnés
2- "Attention à la prise d'ibuprofène pendant la grossesse" Inserm, communiqué 9 mars 2017 : 3 pages
3- Agence nationale de sécurité du médicament "Rappel : Jamais d'AINS à partir du début du 6ème mois de grossesse - Point d'Information" 26 janvier 2017. Site ansm.sante.fr : 1 page.