En France, les personnes sans titre de séjour peuvent être expulsées du territoire. Avant d'être expulsées, certaines de ces personnes sont en rétention administrative dans des centres.
Une étude a porté de septembre 2008 à septembre 2009 sur la santé de 1 700 personnes retenues au Centre de rétention de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avec pour objectif d'évaluer la santé des personnes retenues.
Au cours de la rétention, les personnes ont exprimé de multiples troubles de santé, le plus souvent des troubles du sommeil (24 %), des céphalées (24 %), des douleurs abdominales (13 %).
Durant la période de l'étude, 14 personnes ont entamé une grève de la faim, 84 (environ 5 %) ont été transférées en urgence dans une structure hospitalière psychiatrique ou médicochirurgicale, 18 personnes ont été libérées pour raison de santé et autorisées à ce titre à rester en France. 87 personnes ont été adressées en consultation de psychologie.
Seulement 37 % des personnes détenues s'estimaient en bonne santé, versus plus de 75 % dans la population générale d'âge similaire.
Une autre enquête réalisée dans le même centre par l'association Cimade a relevé des conditions matérielles dégradantes : surpopulation ; espaces confinés ; espaces de promenades réduits et grillagés ; et autres caractéristiques du milieu carcéral pénitentiaire. La Cimade a déploré le manque de réactivité du service médical du centre face aux besoins de santé spécifiques de cette situation de rétention.
La situation d'exilé, la perte du pays d'origine, de l'identité culturelle, sociale et familiale, un sentiment de culpabilité et l'appréhension de subir une expulsion engendrent des traumatismes psychologiques fréquents et profonds.
En somme, l'état de santé, souvent précaire, des personnes étrangères sans titre de séjour, est aggravé par les conditions de rétention.
©Prescrire 1er juin 2013
"Santé précaire des personnes étrangères placées en rétention administrative" Rev Prescrire 2013 ; 33 (356) : 464. (pdf, réservé aux abonnés)