Technosécurisation

Pour soulager des douleurs postopératoires, un appareil déclenché "à la demande" permet d'administrer un opioïde sous la langue, de vérifier le rythme des prises, de verrouiller l'accès au médicament. Outil utile ou gadget ? Quand en postopératoire, on opte pour une analgésie contrôlée, on vise une efficacité optimale, en adaptant la quantité et le rythme des prises en fonction à la fois de la douleur ressentie et des effets indésirables éprouvés. Or une partie de ces avantages sont perdus avec le dispositif de sufentanil sublingual (Zalviso°), car la dose administrée et la période "réfractaire" minimale entre les doses sont fixes. Il n'y a pas d'autre adaptation possible que d'allonger l'intervalle entre les prises. Pas d'adaptation de la dose au poids du patient, ni à l'intensité douloureuse, ni aux effets indésirables (lire aussi "sufentanil sublingual (Zalviso°) et analgésie postopératoire").

Dommage, dans ce cas, la sécurisation des prises se fait au détriment de l'adaptation du traitement au patient.

Et les solutions techniques simples, au point face au risque de surdose ou d'exposition accidentelle, ne sont déjà pas mises en œuvre : de très nombreux médicaments sur le marché sont encore en flacons-vracs ; des médicaments buvables sont munis de dispositifs doseurs inadaptés ; des médicaments anticancéreux oraux sont sous plaquettes non sécurisées facilement accessibles aux enfants.

C'est aux autorités sanitaires d'imposer un haut niveau de qualité et de sécurité des conditionnements des médicaments. Et d'inciter aux améliorations, plus ou moins complexes. Par exemple, à trouver un moyen pour prévenir les prises quotidiennes, par erreur, parfois mortelles, du dosage hebdomadaire de méthotrexate tout en préservant l'autonomie des patients aux mains malades.

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