En situation

Un médicament est un outil pour soigner parmi d'autres, ni bon ni mauvais en lui-même. Dans certaines circonstances, sa balance bénéfices-risques le rend utile voire indispensable. Dans d'autres situations, il n'apporte pas de progrès, car un autre traitement est au moins aussi utile et mieux évalué. Parfois, dans un autre contexte, il est à éviter, exposant à trop de risques en contrepartie des bénéfices qu'il est raisonnable d'espérer.

Ainsi, dans ce numéro, deux avis de la Rédaction très différents concernant le pertuzumab (Perjeta°) (lire aussi "pertuzumab (Perjeta°) avant la chirurgie d'un cancer du sein"et "pertuzumab (Perjeta°) et cancers du sein métastasés"). Celui-ci apporte quelque chose pour le traitement des cancers du sein métastasés avec surexpression des récepteurs HER-2 ; mais au contraire, avant la chirurgie d'un cancer du sein, il entraîne un surcroît d'effets indésirables graves, sans contrepartie avérée en termes d'efficacité.

Cités au Palmarès Prescrire 2016 (lire aussi "Les Palmarès Prescrire 2016"), le nivolumab (Opdivo°) et le tramétinib (Mekinist°) ne sont pas en soi de "bons" médicaments. Leur intérêt ne doit pas être dissocié des situations dans lesquelles leur balance bénéfices-risques s'est avérée plus favorable que les autres traitements. Avec le nivolumab, des mélanomes métastasés ou inopérables et des cancers bronchiques non à petites cellules métastasés ou inopérables. Avec le tramétinib, des mélanomes métastasés ou inopérables, mais seulement quand la tumeur comporte une mutation BRAF V600 et en association avec le dabrafénib (Tafinlar°). Sans prédire ce que serait leur balance bénéfices-risques dans d'autres cancers ou à d'autres stades de la maladie.

L'intérêt d'un outil se juge en situation pratique. Il en est de même pour les médicaments.

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