Les enfants et les jeunes sont relativement épargnés par la maladie covid-19. Mais pas par les moyens de lutte contre l'épidémie, qui ont parfois des conséquences délétères, notamment sur leur santé mentale et leurs conditions de vie.
Enfants : des troubles psychiques, surtout dans les familles en difficulté
Une enquête en ligne a été réalisée en France auprès de parents d'enfants âgés de 8 ans ou 9 ans pendant les mois d'avril et mai 2020, au cours du premier confinement (a)(1). Elle a montré qu'une majorité des enfants ne semblent pas avoir souffert particulièrement du confinement, près d'un quart d'entre eux ayant même connu une amélioration de leurs relations familiales. En revanche, un enfant sur 6 a connu une détérioration de sa situation, particulièrement quand ses parents étaient séparés, avaient des revenus bas, ou un petit logement (1).
Ces enfants ont souffert notamment de troubles du sommeil (22 %) et de troubles émotionnels (13 %) tels qu'anxiété, difficulté à se concentrer, impulsivité (1). Le confinement a aggravé les inégalités chez les enfants, comme il l'a fait chez les adultes (1,2).
Des jeunes en souffrance
Plus d'un étudiant sur 10 a déclaré avoir eu des idées suicidaires, et un sur quatre être très anxieux ou en détresse, selon une enquête (sur un échantillon non représentatif) réalisée via un questionnaire en ligne en avril et mai 2020 auprès d'environ 70 000 étudiants (3). Un sondage réalisé en juin 2020 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatif des jeunes de 18 ans à 25 ans a brossé un tableau similaire (4). Depuis l'automne 2020, les universités ont de nouveau été fermées. Des étudiants ont été isolés, loin de leur famille et de leurs amis, et cela dans des conditions économiques dégradées pour ceux qui dépendaient de "petits boulots", dans la restauration par exemple (2).
Appelés à se responsabiliser… et à culpabiliser
Les jeunes ont dû faire face à des discours parfois culpabilisants quant à leur rôle dans la transmission de l'infection, notamment aux personnes âgées. La visibilité médiatique de jeunes qui feraient "n'importe quoi" a été forte pendant l'été. Pourtant certains experts les avaient incités « à se contaminer entre eux » (5).
À un stade de l'épidémie où la prévention passe surtout par des modifications de comportement, distanciation et port du masque, "l'appel à la responsabilité" des jeunes a parfois basculé dans l'accusation d'indifférence et d'égoïsme, face aux difficultés réelles de certains d'entre eux à respecter strictement les consignes.
Un grand nombre de jeunes souffrent des effets de la lutte anti-covid-19. Ils auront aussi à supporter les conséquences des confinements, avec une situation économique et d'emploi dégradée et des dettes collectives à rembourser. Il n'est vraiment pas nécessaire de les accabler en plus avec leur supposée insouciance.
Notes
a- Enquête dont les résultats sont représentatifs des enfants nés en France en 2011, réalisée en ligne auprès d'environ 5 000 parents (réf. 1).