Parfois, il est difficile de savoir si un nouveau médicament antitumoral apporte un progrès pour mieux soigner les patients, car son évaluation a reposé uniquement sur des critères intermédiaires, non cliniques.
C'est le cas par exemple avec le trastuzumab déruxtécan (Enhertu°), autorisé dans certains cancers du sein non opérables ou métastasés (lire aussi "trastuzumab déruxtécan (Enhertu°) et cancer du sein HER-2 positif métastasé, après plusieurs échecs"). Mi-2022, l'évaluation de ce médicament dans cette situation repose surtout sur un essai non comparatif, avec pour critère principal d'évaluation le taux de réponse dite objective. En fait, il s'est agi de déterminer la proportion de patientes dont la taille de la tumeur semblait avoir régressé à l'imagerie.
Une régression apparente de la taille d'une tumeur est-elle vraiment un critère "objectif" ? Pas sûr. Car même quand les évaluateurs sont indépendants du promoteur de l'essai, estimer l'évolution d'une image comporte une part d'appréciation personnelle, donc subjective.
Et qu'est-ce qu'une "réponse complète" ? Cela évoque une tumeur qui a totalement disparu. Comment en être si sûr ? Dans ce numéro même (lire "daratumumab sous-cutané (Darzalex°) + pomalidomide + dexaméthasone dans certains myélomes multiples"), on voit, chez certains patients atteints de myélome multiple, un médicament qui a allongé le délai d'aggravation de la maladie "objectivée" par des résultats biologiques et d'imagerie, mais sans pour autant réduire la mortalité.
Derrière des termes optimistes couramment employés pour qualifier certains critères d'évaluation se cache une réalité bien plus nuancée et plus difficile à appréhender. Mieux vaut le savoir et éviter que la seule magie des mots suscite involontairement des espoirs infondés, pour les patients, leur entourage et les soignants.
