Contraste

En situation de soins palliatifs, pour obtenir une sédation profonde et continue visant à apaiser les patients, le midazolam est la benzodiazépine de référence, en raison de ses effets hypnotiques et de ses propriétés pharmacologiques, en particulier sa bonne biodisponibilité par diverses voies d'administration. Elle a aussi l'avantage d'avoir une courte demi-vie d'élimination plasmatique. Tout cela est connu depuis belle lurette. Et pourtant, il a fallu attendre 2021 pour que le midazolam soit autorisé dans cette situation en France, après des années d'utilisation hors autorisation. Réservé d'abord à un usage hospitalier, il a fallu attendre encore 2022 pour que ce médicament utile soit disponible en officine, alors des dizaines de milliers de patients seraient concernés chaque année par un accompagnement palliatif (lire aussi "Midazolam injectable : en officine, pour la sédation en fin de vie").

Quel contraste avec le flux de "nouveautés" inutiles et parfois dangereuses qui arrivent rapidement et sans obstacles en officine ! Quelques exemples dans ce numéro : des sticks de paracétamol arôme caramel (Dolipraneliquiz°) dosés jusqu'à 1 g, à prendre sans eau, source de surdoses accidentelles ; une teinture d'opium (Dropizal°), antique "soupe" de divers constituants du pavot, autorisée dans les diarrhées sévères.

Certes, l'accès au midazolam n'était pas le seul frein à la mise en place d'une sédation profonde et continue à domicile. Rendre plus largement accessible une fin de vie digne à domicile demande des réflexions éthiques, diverses actions pratiques et une réelle volonté politique. Pourtant force est de constater, en comparaison, la facilité de commercialiser certaines spécialités pharmaceutiques plus dangereuses qu'utiles.

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