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Pénuries de médicaments : dès 2001 la revue Prescrire a alerté sur la multiplication des pénuries et mis en cause la responsabilité des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé

Pénuries de médicaments : dès 2001 la revue Prescrire a alerté sur la multiplication des pénuries et mis en cause la responsabilité des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé

Pénuries de médicaments : dès 2001 la revue Prescrire a alerté sur la multiplication des pénuries et mis en cause la responsabilité des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé

Reprise d'un texte publié dans Prescrire en 2001

Depuis plus d’un an, des lecteurs pharmaciens nous écrivent pour signaler des ruptures de stocks de plus en plus fréquentes, parfois de longue durée. D’autres le font dans des revues d’actualité professionnelle (1). Les informations préventives ou explicatives des firmes sont rares. Et, trop souvent, quand les pharmaciens interrogent les firmes, les réponses sur la durée de la rupture et sur ses raisons sont on ne peut plus floues. L’impression générale est que certaines firmes ne se soucient plus de l’approvisionnement régulier en spécialités.

On peut se faire une idée de l’étendue du problème en analysant les listes de "Manquants fabricants", ou les listes de "Produits en rupture dans les laboratoires" diffusées par les grossistes répartiteurs (2,3). Ainsi, la liste diffusée le 16 mars 2001 par l’OCP-Région parisienne signale 42 spécialités manquantes (sans compter les produits non médicamenteux et accessoires). Celle diffusée le 30 mars 2001 par la CERP signale 70 spécialités en rupture.

Les motifs, indiqués de manière très concise sur ces listes, sont variés : "problème de fabrication", "capacités de production insuffisantes", "indéterminé", "difficulté d’approvisionnement", "retard production", "problème atelier", "problème planning fabrication", "modification formule + fabricant", "rupture de stock", "mise en conformité usine", etc. Les durées de rupture annoncées sont de quelques semaines ou mois, mais on se heurte souvent à la mention "durée indéterminée".

Les spécialités concernées vont aussi bien d’Asmabec Clickhaler° (béclométasone) à Topsyne° pommade (fluocinonide) en passant par Risordan LP° (dinitrate d’isosorbide), Dogmatil° solution buvable (sulpiride), Neurontin° 100 mg (gabapentine) ou Primpéran° solution buvable (métoclopramide), etc. S’y ajoutent les signalements spontanés de lecteurs qui témoignent de ruptures de stocks en spécialités aussi promues que Zophren° lyocs (ondansétron) ou Mopral° (oméprazole). S’y ajoutent encore les ruptures signalées par des centrales d’achat hospitalières (Profénid° IV (kétoprofène), Rovamycine° IV (spiramycine) ou Prodafalgan° (propacétamol) (4)) ou des firmes, avec ou sans explication. Et par-dessus tout, signalées par tout le monde et depuis plus d’un an, on note les ruptures de stocks de vaccins du groupe Aventis Pasteur Mérieux MSD, en particulier actuellement Imovax Polio°, TPolio°, DTPolio°, Revaxis°, Vaxicoq° (2,3) .

Voilà qui commence à faire beaucoup ! Si tout professionnel est prêt à comprendre qu’il existe des contraintes industrielles, des incidents techniques, des modifications de composition nécessaires, il n’est pas prêt à accepter n’importe quoi et sans explication. Les patients ne doivent pas subir les conséquences des restructurations industrielles, des stratégies commerciales, des atermoiements sur des questions de rentabilité, voire de la pénurie organisée pour promouvoir des "nouveautés plus chères". La santé publique, et c’est bien d’elle qu’il s’agit lorsque, par exemple, des vaccins manquent, ne doit pas passer après le "business" international et la satisfaction des actionnaires.

Les autorités françaises chargées du médicament et de la santé publique, AFSSAPS et DGS notamment, ne paraissent pas se préoccuper sérieusement des ruptures de stocks (a). Elles devraient au moins contraindre les firmes à informer correctement les professionnels de santé. C’est à croire qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion sanitaire français.

©Prescrire


a- L’AFSSAPS devenue ANSM (Agence nationale du médicament et des produits de santé), s’est seulement préoccupée de trouver des solutions lors de quelques ruptures de stocks en médicaments difficilement remplaçables (rifabutine ou hydrocortisone par exemple (réf . 5)).

Sources

1- "Ce que vous pensez de la fréquence accrue des ruptures de stock" Le Moniteur des Pharmacies 2000 ; (2376) : 6.

2- OCP-Région parisienne "Info produits Manquants fabricants" 16 mars 2001 : 2 pages

3- CERP Rouen "Liste de produits en rupture dans les laboratoires" 30 mars 2001 : 2 pages

4- Centrale d’Achats de l’Hospitalisation Privée Lettre aux adhérents, 29 novembre 2000 : 1page

5- Prescrire Rédaction "Rifabutine : rupture de fabrication" Rev Prescrire 2000 ; 20(205) : 275 + "Rifabutine : le dépannage s’organise" (206) : 355 + "Hydrocortisone injectable : une marque relaye une autre" (211) : 750

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