Revue Prescrire, article en une, Prix des médicaments : la folle envolée éditorial décembre 2004
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Prix des médicaments : la folle envolée
Les pieds sur terre
 
Il est légitime que les soignants réfléchissent aux coûts des médicaments et des autres moyens thérapeutiques. Et il faut le faire sans complexe, sans peur de se perdre dans les chiffres, sans se laisser intimider par le jargon économique.
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C'est sur le terrain de l'intérêt des malades, de la qualité des soins à donner, de la pertinence des moyens mis en œuvre, qu'il faut ramener l'économie de santé et le prix des choses. Et sur ce terrain, les soignants ont beaucoup à dire, dans leur langage, en gardant les pieds sur terre.

Mieux vaut prévenir que guérir : une part importante de l'énergie humaine et des moyens financiers collectifs de nos sociétés doit être consacrée à la prévention primaire (alimentaire, comportementale, infectieuse, toxicologique, accidentelle), à son évaluation, à sa mise en œuvre. Ce n'est pas le cas actuellement.

Mieux vaut être bien portant que faux malade : la population et les soignants doivent garder clairement à l'esprit les vrais enjeux de santé, l'évolution naturelle des maladies, les limites des bénéfices attendus, les risques possibles de toute action présentée comme "thérapeutique". La balance bénéfices-risques des dépistages systématiques et des incitations à tout traiter doit être au cœur de la réflexion.

Mieux vaut un tiens que deux tu l'auras : mieux vaut un outil efficient bien maîtrisé, qu'un mirage fût-il "technologique".

En 50 ans, une accumulation considérable de nouveautés techniques, médicamenteuses, radiologiques, chirurgicales, ont transformé les moyens diagnostiques et thérapeutiques à la disposition des soignants ; ces moyens sont loin d'être aujourd'hui correctement évalués et utilisés, ce qui engendre une véritable épidémie iatrogène. Investir dans la formation rigoureuse des professionnels, dans la cohérence des circuits de soins, dans l'évaluation des stratégies diagnostiques et thérapeutiques, et dans la prévention des erreurs s'impose dorénavant.

Dans ce contexte, vivent les vrais progrès thérapeutiques correspondant à de réels besoins. Ils peuvent être petits ou grands, s'adresser au grand nombre ou à un groupe restreint de patients, consister en des effets bénéfiques espérés, en des effets indésirables diminués, en des modalités d'utilisation plus sûres ou plus simples, ou en une plus grande régularité d'approvisionnement. Dans tous les cas : vivent les coûts humains et financiers qui permettent d'obtenir ces progrès.

Mais assez de "tromperie sur la marchandise", et de ressources budgétaires détournées de leur objectif d'amélioration de l'état de santé des populations. La plupart des nouveaux médicaments n'apportent actuellement aucun progrès thérapeutique tangible pour les malades. Et pourtant, ils font l'objet de dépenses de plus en plus délirantes.

Stoppons cette folie. Et redonnons à la santé une politique globale, fondée sur une allocation des ressources centrée sur les vrais besoins de la collectivité.

© La revue Prescrire 1er décembre 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (256 suppl.) : 881.