Revue Prescrire, article en une, Prix des médicaments : la folle envolée Partie 1 décembre 2004
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Prix des médicaments : la folle envolée
Des prix trop élevés
 
Les firmes pharmaceutiques justifient souvent le prix de vente élevé de leurs médicaments par les coûts de recherche et développement "colossaux" qu'elles auraient à supporter.
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Supplément spécial - décembre 2004


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L'argument du coût élevé de la recherche permet aux firmes de jouer sur plusieurs tableaux en même temps : justifier économiquement le prix de vente élevé des nouveaux médicaments ; culpabiliser les autorités chargées du médicament, dont les demandes sont supposées rendre plus difficile et long, et donc coûteux, le développement des médicaments ; faire un chantage à l'abandon de la recherche, en cas de prix insuffisant des médicaments.

Les pouvoirs publics ont largement abandonné aux firmes pharmaceutiques la responsabilité de la recherche et développement des médicaments. Ils sont donc assez mal placés pour résister au chantage à l'abandon de celle-ci.

Et pourtant, le rapport entre coût de la recherche et prix de vente des médicaments peut être facilement analysé à partir de trois critères : le coût réel de recherche et développement ; le progrès réel pour les patients que représentent les nouveaux médicaments ; les besoins réels couverts et non couverts par la recherche et développement financés par les firmes.

Quel coût ?
Le premier critère pertinent pour les professionnels de santé et les patients est de savoir si le prix de vente des médicaments permet aux firmes de recouper leurs frais de recherche et développement, sans bénéfice excessif mettant en danger l'accessibilité financière de ces médicaments pour les patients qui en ont besoin.
Cet impératif de "rentabilité raisonnable" suppose une transparence sur le coût réel de recherche et développement, dont les firmes affirment aujourd'hui qu'il est un motif essentiel à l'envolée des prix.

Le coût de la recherche pharmaceutique
1992 : déjà, la bataille de chiffres faisait rage, et les estimations les plus diverses avaient cours.
Rev Prescrire 1992 ; 12 ( 123) : 545-546.

La biotechnologie ne coûte pas cher
1993 : le coût de recherche et développement (R&D) des médicaments produits par biotechniques est estimé à la moitié du coût de la moyenne des médicaments.
Rev Prescrire 1995 ; 15 ( 148) : 142.

Coût de recherche et développement du médicament : la grande illusion
Le coût de recherche et développement le plus souvent cité (802 millions de dollars par médicament) est largement surestimé.
Rev Prescrire 2003 ; 23 (244) : 782-787.
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Coût de la recherche et développement du médicament : l'opacité persiste
L'auteur de l'étude américaine qui a estimé le coût de recherche et développement d'un nouveau médicament à 802 millions de dollars conteste l'analyse de la revue Prescrire
Rev Prescrire 2004 ; 24 (248) : 235.
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Quel progrès ?
Le second critère pertinent pour les professionnels de santé et les patients pour juger du prix de vente des médicaments est leur apport thérapeutique. Il semble utile et juste en effet que le prix de vente des médicaments soit indexé, d'une manière ou d'une autre, sur leur apport thérapeutique relatif, au moins pendant une phase de leur cycle de vie.
Une telle indexation du prix de vente sur l'intérêt thérapeutique peut agir comme une incitation pour les firmes à poursuivre les voies les plus ambitieuses de la recherche, et non pas la quête du énième "me too" d'un marché déjà bien fourni mais toujours profitable.
Une telle indexation peut permettre aussi le financement des essais cliniques comparatifs de grande ampleur et à long terme, qui sont nécessaires dans la plupart des cas pour démontrer la place relative des différents médicaments dans une stratégie thérapeutique optimale.
Là aussi, force est de constater que le prix de vente des médicaments peut être aujourd'hui très élevé, sans que la preuve de l'intérêt thérapeutique des médicaments, notamment l'intérêt comparatif, ait été apportée.

Défi
1986 : les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC), trois fois plus chers que les diurétiques, les remplacent au hit-parade de l'hypertension artérielle légère, sans démonstration d'une meilleure balance bénéfices-risques.
Rev Prescrire 1987 ; 7 (65) : 205.

Attention aux prix !
1990 : le prix des nouvelles fluoroquinolones est dix fois supérieur à celui d'antibiotiques plus anciens. Leur prescription de première intention dans des infections banales est un non-sens médical et économique.
Rev Prescrire 1990 ; 10 (102) : 497.

Opacité
1995 : comment impliquer les professionnels de santé et les patients dans une maîtrise des dépenses de santé, sans transparence sur la fixation du prix des médicaments ?
Rev Prescrire 1995 ; 15 (156) : 721.

Dépenses
2000 : une politique du bon usage des médicaments passe par la démonstration de l'utilité des nouveaux médicaments et le financement d'études comparatives.
Rev Prescrire 2000 ; 20 (210) : 641.

Assez de blabla !
2003 : rien ne justifie le prix de vente élevé de nouveaux médicaments tels les coxibs, sans démonstration d'un progrès thérapeutique.
Rev Prescrire 2003 ; 23 (240) : 401.
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Bluffs en tous genres
Un ancien médicament n'est pas forcément dépassé, un nouveau pas nécessairement un progrès. Il n'y a aucune raison que les nouveaux médicaments soient systématiquement plus chers que les anciens.
Rev Prescrire 2003 ; 23 (244) : 721.
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Quels besoins ?
Le problème du prix de vente des médicaments tient aujourd'hui au fait que les pouvoirs publics ont abandonné pratiquement totalement aux firmes pharmaceutiques la responsabilité de financer la recherche et développement en matière de médicaments. Ce choix de société implique que les firmes choisissent les domaines de recherche et développement les plus rentables, fixent des prix de vente très élevés aux médicaments (elles sont en position de force, les brevets leur conférant un monopole), et abandonnent sur le bord de la route des pans entiers de recherche et les populations qui pourraient en bénéficier.

Financer la recherche

1994 : on ne sait toujours pas si les antiarythmiques tuent plus de malades qu'ils n'en sauvent. Les pouvoirs publics français ou européens devraient financer les essais nécessaires pour répondre à ce type de questions.
Rev Prescrire 1994 ; 14 (144) : 531.

Presque plus de recherche pour les maladies "négligées"
Certaines maladies fréquentes qui touchent spécifiquement les populations des pays démunis n'ont pas de traitement, faute de recherche et développement (R&D) de la part des firmes pharmaceutiques.
Rev Prescrire 2002 ; 22 (229) : 457-458.
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© La revue Prescrire 1er décembre 2004