Soins médicamenteux aux personnes âgées : des progrès à faire

Fin janvier 2018, Prescrire a répondu à une consultation de l'Agence européenne du médicament (EMA) relative au développement de médicaments pour les personnes âgées (1).

Des facteurs de risque particuliers aux personnes âgées : polymédicamentation, etc.

En 2016, les personnes âgées de plus de 65 ans représentaient un quart de la population française (2). Les personnes âgées consomment généralement plusieurs médicaments, et elles ont des caractéristiques spécifiques, notamment : vieillissement de l'organisme se traduisant éventuellement par des insuffisances rénale et/ou hépatique, comorbidité, fragilité, isolement, perte d'autonomie et dépendance (2).

Améliorer la sécurité des soins médicamenteux des plus âgés

Dans sa contribution, Prescrire a présenté un inventaire de pistes d'amélioration, dont voici un aperçu.

  • Inclure davantage de patients âgés dans les essais cliniques, y compris des patients avec des comorbidités, afin de mieux cerner le profil d'effets indésirables des médicaments et donc leur balance bénéfices-risques chez les patients âgés.

  • Rendre disponibles les médicaments dans des conditionnements qui garantissent la sécurité des soins : étiquetage clair avec les mentions de dénomination commune internationale (DCI) et de dosage bien visibles, y compris lorsqu'ils sont déconditionnés ; conditionnements sous forme d'unidoses (plaquettes unitaires pour les comprimés et gélules, sachets, etc.).

  • Conduire des tests spécifiquement chez les patients âgés, entre autres : lisibilité des notices et de l'étiquetage des boîtes, plaquettes, flacons ; maniement des conditionnements pour l'utilisation de dispositifs doseurs des formes buvables, de flacons de collyres ; ouverture des boîtes, flacons ou plaquettes avec film sécurisé (a).

  • Évaluer et développer les formes pharmaceutiques mieux adaptées aux patients ayant des difficultés de déglutition, voire permettant des adaptations faciles de doses (formes orales qui préviennent les risques de fausse route, par exemple des comprimés orodispersibles, etc.).

  • Fournir des dosages faibles adaptés aux posologies chez les personnes âgées afin d'éviter d'avoir à ouvrir des gélules, ou à couper ou broyer des comprimés qui ne sont pas prévus pour cela. À défaut, compléter la notice afin de donner les informations nécessaires aux manipulations permettant l'adaptation des doses requises (2).

En somme

À chaque étape du développement d'un médicament, de son élaboration à son utilisation et à sa surveillance post-commercialisation, il s'agit de davantage anticiper les besoins des personnes âgées et d'étudier systématiquement les modalités d'une adaptation correcte des doses, souvent nécessaire (2).

©Prescrire

Notes

a- Des solutions pratiques existent. Par exemple, fournir dans la boîte un petit stylet permettant de percer un film sécurisé d'une plaquette et d'en extraire le comprimé ou la gélule (réf. 2).

Extraits de la veille documentaire Prescrire

1- EMA "Reflection paper on the pharmaceutical development of medicines for use in the older population - draft" 18 mai 2017. Site www.ema.europa.eu consulté le 12 juin 2018 : 19 pages.

2- Prescrire Editorial Staff "Prescrire's contribution to the public consultation on the EMA's Reflection paper on the pharmaceutical development of medicines for use in the older population" 30 janvier 2018 : 9 pages.