Trop souvent, faute d'une efficacité clinique plus marquante, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments d'un cancer est obtenue seulement sur la base d'un allongement du délai avant "aggravation" du cancer. Toujours ça de gagné pour les patients ? En fait pas si sûr.
Cette "aggravation" est en général définie par des modifications paracliniques qu'on estime être de mauvais pronostic. Mais, quel est le progrès pour le patient si le laps de temps qui lui reste à vivre est inchangé, si la durée ou l'intensité des symptômes liés au cancer n'est pas réduite, si les effets indésirables altèrent fortement sa qualité de vie ? La réponse varie selon les cas.
Avec le nivolumab (Opdivo°, lire aussi "nivolumab (Opdivo°) et cancer bronchique métastasé ou inopérable"), un immunostimulant, le progrès semble concret pour les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules métastasé ou inopérable : selon deux essais (non aveugles), leur durée de vie est allongée de 3 mois environ, avec moins d'effets indésirables graves qu'avec le docétaxel (Taxotère° ou autre), une autre option de 2e ligne. L'efficacité est modeste mais notable, dans une situation où peu de progrès ont été obtenus au cours des 20 dernières années.
Pour autant, une augmentation de la durée de vie n'est pas toujours un progrès concret. Ainsi, un essai a montré une augmentation de quelques semaines de la durée de vie de patients atteints de cancer colorectal métastasé avec le ramucirumab (Cyramza°, lire aussi "ramucirumab (Cyramza°) et cancer colorectal métastasé"), un anti-VEGF, par rapport à un placebo. Mais vu l'ampleur des nombreux effets indésirables et l'absence de comparaison à d'autres anti-VEGF, un progrès reste à démontrer.
Vivre un peu plus mais aussi un peu mieux, concrètement, tel est l'enjeu.
